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Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Mozambique : Michelle Bachelet est consternée par l'escalade du conflit dans la province de Cabo Delgado

13 novembre 2020

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GENÈVE (13 novembre 2020) - La Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a appelé ce vendredi tous les acteurs à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans la province de Cabo Delgado, au nord-est du Mozambique, alors que des rapports font état d'une situation des droits de l'homme de plus en plus alarmante.

Les attaques menées par des groupes armés, notamment le meurtre de civils et les affrontements violents avec les forces de sécurité à différents endroits au nord de la province de Cabo Delgado, se sont multipliées ces dernières semaines. Des dizaines de personnes seraient mortes et des centaines auraient été forcées de fuir leurs maisons et de chercher refuge dans les zones du sud. Plus de 350 000 personnes ont été déplacées en raison de la violence au cours des trois dernières années. Depuis le 16 octobre seulement, plus de 14 000 personnes ont fui par la mer et sont arrivées à Pemba, le chef-lieu de la province. Au moins un bateau a chaviré, ce qui aurait fait une quarantaine de morts, dont des enfants.

Des milliers d’autres personnes, notamment les plus vulnérables, seraient prises au piège dans les zones de conflit, beaucoup se cachant dans les bosquets pendant des jours. Les conflits et les déplacements ont également exacerbé l'insécurité alimentaire. Les services publics, notamment les écoles et les établissements de santé, ont été détruits ou fermés dans les districts les plus touchés. Certaines zones ont été privées de toute aide humanitaire pendant plus de six mois, de nombreux districts du nord ayant été isolés de fait du reste de la province.

« La situation est désespérée à la fois pour ceux qui sont piégés dans les zones touchées par le conflit, avec à peine de quoi survivre, et pour ceux qui sont déplacés à travers la province et au-delà », a déclaré Mme Bachelet, la Haute-Commissaire. « Ceux qui sont restés sur place ont été privés des produits de première nécessité et risquent d'être tués, abusés sexuellement, kidnappés ou recrutés de force par des groupes armés. Ceux qui fuient, risquent leur vie ». 

« Il est primordial que les autorités de l'État assurent la protection des civils à l'intérieur et à l'extérieur des zones touchées par le conflit et que les agences humanitaires se voient garantir un accès sécurisé et sans entrave afin de pouvoir fournir assistance et protection vitales », a-t-elle ajouté. « Cela est particulièrement crucial compte tenu du risque de choléra et de la propagation de la pandémie de COVID-19 ». Cabo Delgado est l'une des régions les plus touchées par la COVID-19 dans le pays.

Depuis 2017, des éléments et groupes armés ont commis de graves violations des droits de l'homme et, plus récemment, du droit international humanitaire, notamment des meurtres et des mutilations, des pillages, des destructions de maisons et d’infrastructures publiques et religieuses, des enlèvements et des abus commis sur des filles et des femmes, ainsi que l’éventuel recrutement forcé d'enfants. Au cours des deux dernières semaines, une série d'attaques a eu lieu dans plusieurs villages, et les témoignages indiquent que plusieurs maisons et infrastructures publiques ont été brûlées et des dizaines de personnes tuées, mentionnant entre autres des décapitations de femmes, d'enfants et d'hommes, ainsi que des enlèvements. En raison des difficultés d'accès aux zones touchées, il est extrêmement difficile de vérifier ces rapports.

Il y a également eu des rapports faisant état de violations des droits de l'homme commises par les forces de sécurité mozambicaines ces dernières années, dont des exécutions extrajudiciaires, des mauvais traitements, des recours abusifs à la force, des détentions arbitraires, notamment de journalistes, et des restrictions illégales à la liberté de mouvement.

« Les personnes vivant dans ces régions dont les droits ont été violés ont droit à une protection et à des réparations », a déclaré Mme Bachelet. « Toutes les violations et abus présumés du droit international relatif aux droits de l'homme et du droit international humanitaire commis par les groupes armés et les forces de sécurité doivent faire l'objet d'une enquête approfondie, indépendante et transparente par les autorités compétentes. Les responsables doivent être tenus de rendre des comptes », a déclaré Mme Bachelet.

Toutes les parties au conflit doivent respecter strictement les obligations qui leur incombent en vertu du droit international, et l'État doit veiller à ce que toutes les forces sous son contrôle, y compris les entreprises militaires privées, respectent ces obligations, a souligné la Haute-Commissaire.

« Je salue les récentes déclarations des autorités qui se sont engagées à respecter le droit international et leurs efforts pour mobiliser l'aide humanitaire afin de venir en aide aux personnes déplacées et aux communautés d'accueil », a-t-elle déclaré. « Mon Bureau reste déterminé à soutenir le gouvernement et le peuple du Mozambique dans ces efforts ».

FIN

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