Discours de clôture de M. Bacre Ndiaye, Directeur de la Division du Conseil des Droits de l'Homme et des Procédures Spéciales
03 novembre 2011
Madame la Ministre,
Monsieur le Ministre,
Excellences,
Mesdames et messieurs
Nous voici au soir de nos travaux. Deux jours durant, nous avons mis en commun nos exigences et nos attentes quant à la mise en œuvre des recommandations du premier cycle finissant de l’EPU.
Si ces deux jours se sont passés vite c’est qu’ils se sont déroulés dans le cadre d’une organisation sans faille et dans une atmosphère cordiale, amicale, si caractéristique de l’hospitalité tunisienne dans laquelle nous avons baigné les cinq sens éblouis.
L’usage commun de la langue française a sans nul doute facilité des échanges constructifs approfondis marqués du sceau de la franchise et tournés vers l’avenir entre les 155 délégués gouvernementaux ou représentants d’ONG ou d’institutions nationales des droits de l’homme réunis à Tunis.
Quels enseignements en tirer avant de nous séparer ?
Tout d’abord il ne faut pas que le nombre apparemment pléthorique de recommandations émanant de l’EPU nous fasse peur.
Ces recommandations ne viennent pas du néant mais des priorités fixées et défis reconnus par les pays examinés. Elles émanent aussi des organes de traités et des procédures spéciales. Certaines sont des suggestions venues d’organisations de la société civile.
Toutes peuvent être regroupées dans un nombre réduit de rubriques. Ces rubriques pourraient et devraient le cas échéant constituer la base de plans nationaux d’action.
Ces plans doivent refléter l’élan national inclusif que chacun de nous s’est engagé à impulser pour que les droits reconnus dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme soient à la portée de tous, au bénéfice de tous sur un pied d’égalité et dans la solidarité. Si seulement l’existence de tels plans pouvait se généraliser et leur mise en œuvre effectuée, ce petit pas favorisé par l’EPU serait un pas de géant pour la jouissance des droits de l’homme par les plus défavorisés, les plus démunis, les plus exposés.
L’index des droits de l’homme en préparation par notre bureau mais déjà disponible dans de nombreux pays et dans certaines régions telles que celle couverte pas notre bureau de Bangkok ou encore au niveau de l’ONG, UPR-Info sera un outil précieux pour une application intégrée des recommandations issues de l’EPU comme des autres mécanismes des droits de l’homme.
Ainsi une palette d’objectifs et d’actions concrètes pourra être offerte à l’initiative nationale, gouvernementale et non gouvernementale à l’action des agences du système des Nations Unies chacune en fonction de son mandat.
Les coopérations régionales et internationales pourront facilement insérer leur appui dans une perspective déjà claire et solidement fondée en droit comme en légitimité.
Cette coopération ne peut pas se substituer à cette appropriation nationale mais seulement lui prêter main forte.
Des efforts sont donc à faire pour populariser les recommandations de l’EPU et assurer la continuation, voire le renforcement des efforts qui ont commencé depuis la présentation du rapport national jusqu’aux recommandations.
Les efforts ainsi accomplis pourront facilement nourrir les bilans périodiques qui pourront être présentés au Conseil des droits de l’homme.
Encore une fois le mérite singulier de l’EPU est d’avoir effacé la frontière entre les pays qui ne font que donner et d’autres qui ne font que recevoir en permettant « le rendez-vous du donné et du recevoir » que le poète Senghor appelait de ses vœux du temps de mon enfance.
Les échanges de bonnes pratiques, de bonnes suggestions peuvent se faire sans frontières.
C’est l’occasion d’appeler tous les pays, petits et grands, à soutenir les fonds dédiés à l’EPU au sein du HCDH pour nous permettre de jouer notre rôle et de soutenir la participation des moins favorisés.
Inscrire dans le budget national ce plan d’action pour les droits de l’homme est l’une de ces pratiques indispensables si l’on veut que l’EPU aboutisse à des changements réels dans la jouissance des droits de l’homme.
Faire de la mise en œuvre de l’EPU un étalon de la coopération internationale nous rapprochera de l’objectif déjà affirmé dans l’article 28 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme à savoir que chacun puisse bénéficier d’un « ordre social et international » ou les droits reconnus dans la Déclaration Universelle pourront être réalisés.
Enfin le deuxième cycle, vous l’avez souvent répété durant nos travaux, ce n’est pas seulement la mise en œuvre des recommandations du premier cycle.
En effet les recommandations non acceptées sont indicatives de l’évolution à considérer, de débats à mener, de résolutions à prendre.
En outre dans un monde en pleine mutation ou des milliers de citoyens se sont levés pour clamer leur indignation en réclamant leurs droits dans 500 villes du monde , les évènements nouveaux, la prise en compte des aspirations nouvelles et de l’élan des peuples vers plus de dignité , de démocratie, de justice et d’égalité devront être une préoccupation centrale de deuxième cycle de l’EPU.
Ce n’est pas au pays ou l’esprit souffle dans un parfum de jasmin depuis qu’il a libéré son génie, que l’on me démentira.
Je vous remercie de votre attention.