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Burundi : Un nouveau Gouvernement, mais pas de progrès en vue en matière de droits de l’homme
17 septembre 2020
Genève (le 17 septembre 2020) – À l’issue des élections présidentielle, législatives et communales de 2020 qui ont mis un terme aux quinze années de présidence de Pierre Nkurunziza, une nouvelle ère sous la présidence d’Évariste Ndayishimiye a vu le jour. Les réorientations politiques, les nominations et les déclarations publiques du nouveau Gouvernement s’avèrent plus préoccupantes et alarmantes, que prometteuses.
« Nous avons suivi les événements de très près pour voir si le nouveau Gouvernement se détournerait de la voie destructrice empruntée depuis 2015. Nous avons fait des propositions très concrètes lors de notre dernier compte rendu au Conseil des droits de l’homme en juillet. Mais à ce jour, nous constatons peu de changements positifs depuis l’entrée en fonction du Président Ndayishimiye », a affirmé aujourd’hui (17 septembre) Doudou Diène, président de la Commission d’enquête de l’ONU sur le Burundi, lors de la publication du quatrième rapport au siège des Nations unies à Genève. « L’espace démocratique reste très restreint, l’impunité persiste et rien n’indique que le niveau des violations des droits de l’homme ait diminué sous le nouveau Gouvernement. » Au contraire, il a ajouté que « certaines personnes soumises à des sanctions internationales pour leur responsabilité présumée dans des violations des droits de l’homme en 2015 ont plutôt été nommées à des postes de responsabilité dans l’administration de Ndayishimiye ».
Le rapport de la Commission fait état de graves violations des droits de l’homme commises dans le contexte des élections de 2020, y compris des exécutions sommaires, des détentions et arrestations arbitraires, des tortures et des violences sexuelles. Vu les enjeux des différents scrutins, l’objectif était d’empêcher le principal parti d’opposition du Burundi, le CNL (Conseil national de la liberté), d’obtenir des sièges. A cette fin, les autorités ont ciblé les membres et les partisans du CNL, mais aussi muselé les observateurs indépendants, y compris des journalistes et des représentants de la société civile, tout en imposant un contrôle strict sur la population.
Cette année, la Commission s’est penchée de manière approfondie sur la question des violences sexuelles contre les hommes au Burundi. La Commission a constaté qu’il s’agit d’un outil couramment utilisé pour collecter des renseignements, souvent infligé pendant que les victimes sont en détention au Service national des renseignement. La douleur physique infligée est aggravée par les séquelles psychologiques liées à la stigmatisation, ou à la peur de celle-ci car la stigmatisation touche à des tabous culturels profondément ancrés dans la société burundaise.
Avec plus de la moitié de la population burundaise qui est âgée de moins de 18 ans, les enquêteurs se sont également penchés sur les graves violations des droits de l’homme commises sur les enfants et les adolescents. Dans certains cas, des enfants et des adolescents ont été particulièrement ciblés, par exemple lors de leur recrutement forcé au sein des Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti au pouvoir. Dans d’autres cas, ils ont été blessés lors d’attaques sur les membres de la famille, qui étaient les cibles réelles. « Nous craignons fortement les conséquences de la crise de 2015 sur l’avenir du Burundi, ne serait-ce qu’en raison de son impact à long terme sur les enfants », a déclaré la commissaire Lucy Asuagbor.
La mise à jour de l’analyse des facteurs de risque d’une nouvelle détérioration de la situation des droits de l’homme a révélé que les huit facteurs de risque communs sont toujours présents au Burundi même après la tenue des élections de 2020. La présence de ces facteurs est appuyée notamment par de nombreux et récents incidents de sécurité ; par la toute-puissance persistante des Imbonerakure dans la sphère publique, qui dans de nombreuses zones rurales agissent de facto comme des agents des forces de sécurité ; ainsi que par la prolifération des discours de haine pendant le processus électoral, y compris les discours de haine à dimension ethnique, qui restent un outil auquel les autorités pourraient recourir chaque fois que cela s’avérera politiquement opportun.
En s’acquittant d’un nouveau volet de son mandat, à savoir faire rapport sur les « fondements économiques de l’État », la Commission a constaté de nombreuses malversations économiques affectant la réalisation des droits de l’homme. Les effets en sont profonds dans un contexte où 74% de la population vit dans une pauvreté à caractère multiple. Élaborant sur les implications pour les partenaires du Burundi, la commissaire Françoise Hampson a déclaré : « Selon nos conclusions, le niveau de corruption semble si répandu que chaque organisation, entreprise ou individu apportant des fonds au Burundi devrait faire preuve d’une extrême prudence ».
En se penchant sur la situation générale, Diène a déclaré que « la passation de pouvoir offre une opportunité de réengagement envers l’ONU et la communauté internationale et de s’engager dans une voie de changement basée sur le respect des droits de l’homme, des libertés fondamentales, des principes démocratiques et de l’État de droit ». Il a ajouté : « Nous espérons sincèrement que le nouveau Gouvernement prendra des mesures concrètes pour atténuer les facteurs de risque, surtout en permettant à la société civile, aux médias et à l’opposition de jouer pleinement leur rôle qui est essentiel dans une société démocratique. Cependant, si ce rôle ne peut être joué qu’au péril de la vie ou de la liberté, la communauté internationale se doit de continuer à être fortement préoccupée ».
Au cours des quatre dernières années, la Commission d’enquête sur le Burundi a été le seul mécanisme international indépendant à documenter, à suivre la situation et à faire rapport sur les violations des droits de l’homme au Burundi. Le rapport d’aujourd’hui est basé sur plus de 1 500 témoignages recueillis depuis le début de ses travaux, dont plus de 300 lors du mandat actuel, malgré les contraintes liées à la pandémie de COVID-19 qui ont entraîné l’annulation de certaines missions sur le terrain.
Le rapport final de la Commission doit être présenté au Conseil des droits de l’homme le 23 septembre 2020.
FIN
Photos sont disponibles ici :
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Vidéos sont disponibles ici : (shotlist inclut)
https://vimeo.com/458165273/b2b45aa62a
Les Infographies sont disponibles ici :
https://www.ohchr.org/en/hr-bodies/hrc/co-i-burundi/co-i-burundi
Contact médiatique : (Genève) Sandra Miller, Commission d’enquête des Nations Unies sur le Burundi + 41 22 917 3426 / miller1@un.org
Pour plus d’informations sur le travail de la Commission d’enquête sur le Burundi, veuillez consulter :
https://www.ohchr.org/en/hr-bodies/hrc/co-i-burundi/co-i-burundi
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