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Communiqués de presse Conseil des droits de l’homme

Le Conseil des droits de l’homme se penche sur les droits des femmes et les changements climatiques

28 juin 2019

Conseil des droits de l'homme
APRES-MI 

28 juin 2019

Le Conseil des droits de l’homme a tenu, en fin d’après-midi, une réunion-débat intitulée : « Les droits des femmes et les changements climatiques: action climatique, pratiques optimales et enseignements à retenir ».

Introduite par la Haute-Commissaire aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet, et par Mme Hilda C. Heine, Présidente de la République des Îles Marshall, la réunion-débat a compté avec la participation des panélistes suivants : Mme Mary Robinson, professeure de justice climatique au Trinity College de Dublin, présidence des Elders, ancienne Présidente de la République d’Irlande et également ancienne Haute-Commissaire aux droits de l'homme ; Mme Nazhat Shameem Khan, Représentante permanente des Fidji auprès de l’Office des Nations Unies à Genève ; M. Martin Oelz, Spécialiste principal sur l’égalité et la non-discrimination au Bureau international du Travail (OIT) ; et Mme Nahla Haidar, membre du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes.

Mme Bachelet a relevé que plus de 17 millions de personnes ont été déplacées de force, en 2018, par suite des effets du changement climatique, et que ces déplacements forcés sont porteurs de risques particuliers pour les femmes, notamment le risque d’être victimes de violences sexuelles et de la traite des êtres humains. Mme Heine a, quant à elle, décrit les difficultés auxquelles sont pays avait été confronté en 2015 et 2016 après une période de sécheresse extrême. Après avoir décrit les mesures prises par le Gouvernement de son pays pour faire face à cette situation, la Présidente des Îles Marshall a affirmé que si son pays a pu faire face aux effets du changement climatique, les autres États doivent aussi y parvenir.

De nombreuses délégations* ont pris part à cette réunion-débat. 

Le Conseil des droits de l’homme reprendra ses travaux lundi matin, 1er juillet, à 10 heures. Il achèvera son débat interactif entamé aujourd’hui avec le Rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté et avec la Rapporteuse spéciale sur les droits de l’homme des personnes déplacées dans leur propre pays. Il sera ensuite saisi de rapports préparés à son intention par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme et par le Secrétaire général des Nations Unies au titre de la promotion et de la protection des droits de l’homme.

Réunion-débat sur les droits des femmes et les changements climatiques

Déclarations liminaires

MME MICHELLE BACHELET, Haute-Commissaire aux droits de l’homme, a relevé que plus de 17 millions de personnes ont été déplacées de force, en 2018, par suite des effets du changement climatique. Ces déplacements forcés sont porteurs de risques particuliers pour les femmes, notamment le risque d’être victimes de violences sexuelles et de la traite des êtres humains, a-t-elle souligné. Au chapitre des solutions, Mme Bachelet a cité des initiatives africaines de gestion communautaire des ressources hydriques menacées par le changement climatique, animées par des femmes. La Haute-Commissaire a plaidé pour un accès égal des femmes aux ressources financières qui leur permettraient de renforcer leur participation dans la production agricole, avec à la clé la possibilité de contribuer de manière décisive à la sécurité alimentaire.

MME HILDA C. HEINE, Présidente de la République des Îles Marshall, dans un message diffusé par vidéotransmission, a décrit les difficultés auxquelles son pays avait été confronté en 2015 et 2016 après une période de sécheresse extrême. La malnutrition a progressé chez les enfants, de même que chez les femmes vivant dans les îles extérieures de l’archipel, la nourriture et l’eau étant devenues si rares qu’il a fallu consentir des efforts considérables pour aider les familles à survivre, a-t-elle précisé. La production artisanale locale, source de revenus importants pour les femmes, a aussi chuté. De tels effets se reproduiront à moins que les États n’agissent, a mis en garde Mme Heine. Après avoir décrit les mesures prises par le Gouvernement de son pays pour faire face à cette situation, la Présidente des Îles Marshall a déclaré que si son pays a pu faire face aux effets du changement climatique, les autres États doivent aussi y parvenir.

Exposés des panélistes

MME MARY ROBINSON, Professeure en justice climatique au Trinity College de Dublin, présidente des Elders et ancienne Présidente de l'Irlande, a expliqué que les femmes ont un rôle positif à jouer dans la conception et la planification des politiques en matière de climat. Il faut soutenir cette participation des femmes aux mesures prises face aux changements climatiques, en soulignant que les femmes sont plus vulnérables à ces changements. Les femmes et les enfants sont 14 fois plus susceptibles de mourir que les hommes lors de catastrophes climatiques, a souligné Mme Robinson. L’inclusion des femmes dans des postes à responsabilité a permis d’améliorer les résultats dans le domaine des politiques climatiques, a-t-elle en outre fait valoir. La présence des femmes à elle seule ne suffit pas à atteindre l’égalité ; l’environnement doit être propice à l’égalité entre les hommes et les femmes. Les femmes au pouvoir prennent très au sérieux le changement climatique, a fait observer Mme Robinson. 

MME NAZHAT SHAMEEM KHAN, Représentante permanente des Fidji auprès des Nations Unies à Genève, a expliqué qu’il fallait que les États membres acceptent de reconnaître que les femmes sont touchées de manière disproportionnée par les changements climatiques, en établissant des plans d’action spécifiques à leur intention.  Il faut en outre que chaque État cible et forme des femmes aux négociations sur le climat, comme cela est notamment le cas en Australie – pays qui a mis en place un programme de formation pour que des femmes des communautés puissent participer activement à ces négociations.

M. MARTIN OELZ, Spécialiste principal sur l’égalité et la non-discrimination au Bureau international du Travail, a déclaré que les risques que le changement climatique fait peser sur le travail décent sont notamment les pertes économiques, les dommages à la santé et à la productivité et l’émigration forcée de travailleurs. Dans des secteurs marqués par le travail informel, notamment dans l’agriculture, les vulnérabilités des travailleuses sont décuplées par les effets du climat, s’agissant notamment de la perte d’accès aux ressources. De tels risques ont un impact particulier sur de nombreuses femmes rurales vivant en Asie du Sud-Est et en Afrique subsaharienne qui dépendent, pour gagner leur vie, de la stabilité de l’environnement. À titre de solutions, M. Oelz a notamment recommandé l’adoption d’approches de la lutte contre le changement climatique répondant aux besoins particuliers des femmes, ou encore la reconnaissance explicite du fait que les femmes sont des intervenantes fondamentales dans ce domaine.

MME Nahla Haidar, membre du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), a rappelé que le Comité avait adopté la première recommandation générale jamais adoptée par un organe de traité sur la réduction des risques de catastrophe et le changement climatique. Cet instrument donne des directives aux gouvernements, a-t-elle souligné. Les femmes et les filles ne sont pas intrinsèquement plus vulnérables aux changements climatiques ; la vulnérabilité est construite socialement, économiquement et culturellement à travers la distribution du pouvoir, de la richesse et des ressources, a expliqué l’experte. La recommandation générale adoptée par le Comité sur ces questions permet aux États de disposer d’exemples de mesures concrètes à prendre dans ce domaine. Elle permet aussi d’échanger les bonnes pratiques et d’évaluer l’application du principe d’égalité dans le contexte des changements climatiques. 

Aperçu du débat

Les changements climatiques sont particulièrement nuisibles pour les femmes, qui sont par ailleurs davantage exposées au risque de violation des droits humains, a-t-il en outre été souligné.

Une délégation a fait observer que les petits États insulaires en développement sont en première ligne de la lutte contre les effets multidimensionnels du changement climatique, qui nuisent fortement à leur tissu social, culturel et économique.  Pour obtenir la pleine participation des femmes et des filles à la lutte contre le changement climatique, les petits États insulaires en développement demandent l’aide et la coopération de la communauté internationale afin de renforcer la capacité de résistance et d’adaptation des femmes et des filles, de même que leur capacité à accéder à l’alimentation, au logement, aux soins de santé, au travail décent et au logement, entre autres.

D’autres délégations ont elles aussi insisté pour que les femmes soient aidées à participer à part entière à la lutte contre le changement climatique, pour garantir le succès de cette lutte.

Plusieurs délégations ont souligné que les femmes dépendent davantage des espaces naturels et de l’agriculture pour vivre, ce qui les rend vulnérables de manière disproportionnée aux changements climatiques. La dégradation de l’environnement altère la jouissance des droits de l’homme, notamment en Afrique, a insisté une délégation.

Un groupe de pays a plaidé pour que les femmes ne soient pas seulement les victimes du changement climatique mais deviennent plutôt les actrices du changement. Elles doivent avoir une égalité d’accès aux processus de décisions dans ce domaine, a-t-il été rappelé.

Une organisation non gouvernementale (ONG) a fait observer que des instruments internationaux existent aujourd’hui pour lutter efficacement contre les changements climatiques, citant notamment les Objectifs de développement durable et l’Accord de Paris ; mais le problème réside dans leur mise en œuvre, a-t-elle souligné. 

Remarques de conclusion

MME ROBINSON a expliqué que des mesures pratiques peuvent être prises pour promouvoir la participation des femmes et des filles s’agissant des questions liées au changement climatique. Il faut renforcer les capacités des femmes et des filles. La jeunesse, également, veut se faire entendre sur les changements climatiques.  Il faut donc qu’il y ait une dimension intergénérationnelle et une sexo-sensiblité dans les négociations sur le climat, a expliqué Mme Robinson.

MME KHAN a déclaré qu’il ne fallait pas verser dans les stéréotypes en affirmant que toutes les femmes vivent les mêmes réalités ; cela renvoie à la nécessité de faire preuve de sexo-sensibilité. Il faut que les femmes soient visibles et entendues sur un pied d’égalité avec les hommes. Il faut encourager plus particulièrement les jeunes femmes à s’exprimer sur leur avenir. Les femmes autochtones doivent aussi pouvoir intervenir et il faut des exemples concrets de bonnes pratiques et une expertise face au changement climatique.

M. OELZ a indiqué que la Convention n°169 de l'OIT relative aux peuples indigènes et tribaux contient des obligations pour les États en matière d'égalité entre les sexes et de consultation et de participation. Le droit de consultation est un droit fondamental pour les peuples autochtones et il faut investir davantage d'efforts et de ressources pour mettre en place des mécanismes de consultation dans ce contexte, a insisté M. Oelz.

MME Haidar a conclu en appelant les États à examiner les mécanismes et les instruments mentionnés par de nombreux intervenants lors du dialogue, tels que les Accords de Sendai ou de Paris. En outre, il faut faire plus pour exploiter les connaissances collectives des États, par exemple par le biais du groupe Geneva Pledge (for Human Rights in Climate Action). Mais avant tout, il faut que les États prennent des mesures pour réduire leurs émissions (de CO2), a rappelé l’experte.
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*Délégations ayant participé à la Réunion-débat sur les droits des femmes et les changements climatiques: Nauru (au nom d'un groupe de pays); Îles Marshall (au nom d'un groupe de pays); Fidji (au nom d'un groupe de pays); Croatie (au nom d'un groupe de pays); Canada (au nom d'un groupe de pays francophones); Union européenne; Trinité-et-Tobago (au nom de CARICOM); Estonie (au nom d'un groupe de pays); Thaïlande (au nom de ASEAN); Angola (au nom du Groupe africain); Costa Rica (au nom d'un groupe de pays); Irlande; Botswana; Danemark; Dominique; Viet Nam; Equateur; Venezuela; Bangladesh; Bolivie; Vanuatu; Madagascar; ONU Femmes; Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights (au nom également de Franciscains International; FIAN International e.V.; Mouvement international ATD Quart Monde; et International Women's Rights Action Watch Asia Pacific); Institut International de l’Écologie Industrielle et de l’Économie Verte; Franciscain International (au nom également de Brahma Kumaris World Spiritual University; Dominicains pour justice et paix - Ordre des frères prêcheurs; et la Fédération luthérienne mondiale); Conectas Direitos Humanos; et le Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies.

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Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
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