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Communiqués de presse Procédures spéciales

Les États doivent prendre des mesures contre les manifestations de xénophobie liées à la COVID-19, indique une experte des Nations Unies

23 mars 2020

Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale le 21 mars 2020

GENÈVE (23 mars 2020) – Les gouvernements doivent s'assurer que leur réponse à la pandémie de COVID-19 n'encourage pas la xénophobie et la discrimination raciale, et doivent éradiquer la xénophobie dans toutes les politiques et tous les messages d'État, a déclaré E. Tendayi Achiume, Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur le racisme, à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale.

« Les crises telles que la pandémie de coronavirus nous rappellent que nous sommes tous connectés et que notre bien-être est interdépendant.

Il est consternant d'entendre des représentants de l'État – notamment le président des États-Unis – adopter d'autres noms pour désigner la maladie à coronavirus COVID-19. Au lieu d'utiliser la dénomination du virus reconnue à l'échelle internationale, ces personnes ont adopté des noms contenant des informations géographiques et faisant généralement référence à son apparition en Chine.

Cet usage calculé d'une référence géographique pour désigner ce virus reflète et encourage le racisme et la xénophobie. Dans ce cas, il sert à isoler et à stigmatiser les personnes qui sont ou qui sont perçues comme étant d'origine chinoise ou est-asiatique.

Un tel discours irresponsable et discriminatoire de la part de l'État n'est pas un problème mineur. Comme l'a fait remarquer l'Organisation mondiale de la Santé en 2015 : "la dénomination des maladies a une importance réelle pour les personnes directement touchées. [...] [Certains] noms de maladies [déclenchent] des réactions brutales à l'encontre des membres de certaines communautés ethniques ou religieuses. [...] Cela peut avoir de graves conséquences sur la vie des gens et sur leurs moyens d'existence."

Ces conséquences sont déjà devenues une réalité. Au cours des deux derniers mois, des personnes d'origine chinoise ou est-asiatique avérée ou supposée ont fait l'objet d'attaques racistes et xénophobes en lien avec le virus. Ces attaques prennent diverses formes, dont des insultes haineuses, le refus de certains services et des actes brutaux de violence.

Les manifestations de racisme et de xénophobie en ligne liées à la COVID-19 prennent notamment la forme de harcèlement, de discours de haine, de la prolifération des stéréotypes discriminatoires et de théories du complot. Il n'est pas surprenant de voir que les dirigeants tentant d'attribuer la COVID-19 à certains groupes nationaux ou ethniques sont les mêmes dirigeants populistes nationalistes qui ont mis les discours racistes et xénophobes au cœur de leurs programmes politiques.

Les réponses politiques face à la pandémie de COVID-19 qui stigmatisent, excluent, et rendent certaines populations plus vulnérables à la violence sont inexcusables, inadmissibles et contraires aux obligations des États en matière de droit international des droits de l'homme.

Par ailleurs, les discours et les politiques attisant la peur et diminuant l'égalité de tous sont contre-productifs. Pour traiter et combattre efficacement la propagation de la COVID-19, les gens doivent avoir accès à des conseils de santé fiables et des soins de santé suffisants sans crainte de discrimination.

À l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, les États devraient réaffirmer nos obligations communes pour réaliser l'égalité pour tous et reconnaître que notre travail n'est pas fini. Alors que les États du monde entier mènent des efforts concertés pour mettre fin à cette pandémie, j'exhorte tous les acteurs à s'assurer que leur travail contribue à un concept global de santé et de bien-être, sans racisme ni xénophobie. »

FIN

M me E. Tendayi Achiume (Zambie) a été nommée Rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l'intolérance qui y est associée en septembre 2017 par le Conseil des droits de l'homme. Mme Achiume est professeure adjointe de droit à la faculté de droit de Los Angeles, qui fait partie de l'Université de Californie. Elle est également associée de recherche au Centre africain pour la migration et la société à l'Université de Witwatersrand en Afrique du Sud.

Les Rapporteurs spéciaux relèvent de ce qu'on appelle les procédures spéciales  du Conseil des droits de l'homme. Le terme « procédures spéciales », qui désigne le plus grand corps d'experts indépendants au sein du système onusien des droits de l'homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d'enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l'homme afin de traiter de la situation spécifique d'un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n'appartiennent pas au personnel de l'ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et exercent leurs fonctions à titre individuel.

Pour plus d'informations et pour toute demande de la part des médias, veuillez contacter Kellie Kognimba (kognimba@ohchr.org  / +41 79 290 9816), Minkyong Kim (mkim@ohchr.org  / +41 76 327 6350), Netsanet Tesfay (spbconsultant11@ohchr.org ) ou écrire à racism@ohchr.org .

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