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Communiqués de presse Procédures spéciales

Le Myanmar doit permettre la libre circulation de l’information et aider à protéger le droit à la santé durant la crise de la COVID-19, déclare Yanghee Lee, Rapporteuse spéciale de l’ONU

09 avril 2020

GENÈVE (9 avril 2020) – L'experte indépendante chargée de suivre la situation des droits de l'homme au Myanmar a condamné la répression des droits à la liberté d'expression et à l'accès à l'information. Cette répression, qui est liée au conflit armé actuel, risque de nuire aux efforts de lutte contre la pandémie de COVID-19 dans le pays.

« Je rejoins l'appel du Secrétaire général des Nations Unies à un cessez-le-feu mondial en cette période cruciale et je demande à toutes les parties aux conflits au Myanmar de déclarer immédiatement un cessez-le-feu total, afin de faciliter la lutte contre la COVID-19 », a déclaré Yanghee Lee, Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme au Myanmar.

Le 23 mars dernier, le Gouvernement du Myanmar a qualifié l'armée d'Arakan, qui combat les forces militaires dans les États rakhine et chin, d'organisation terroriste. Lorsque les organes de presse Naranjara, Voice of Myanmar et Khit Thit ont plus tard publié des interviews avec un porte-parole de l'armée d'Arakan, les éditeurs Khaing Myat Kyaw, Thar Lun Zaung Het et Nay Myo Lin ont été mis en examen au titre de la loi antiterroriste de 2014. Nay Myo Lin a été arrêté et comparaît en justice aujourd'hui, et Khaing Myat Kyaw et Thar Lun Zaung Het ont pris la fuite.

« Je condamne les accusations de terrorisme qui ont été portées contre Khaing Myat Kyaw, Thar Lun Zaung Het et Nay Myo Lin pour avoir fait leur travail de journaliste », a déclaré l'experte. « Ces journalistes enquêtaient sur l'escalade des conflits armés dans l'État rakhine, où le Gouvernement a imposé un blocage des services d'accès mobile à Internet. Leur travail était donc du plus haut intérêt public et devrait être protégé. »

Par ailleurs, le Ministère des transports et des communications a récemment ordonné à tous les fournisseurs de services Internet au Myanmar le blocage de 221 sites Web, y compris ceux d'agences de presse situées dans les États où vivent des minorités ethniques. Cette décision s'ajoute au blocage des services d'accès Internet mobile imposé dans neuf communes des États rakhine et chin depuis l'année dernière. 

« La censure des médias à l'heure actuelle est déplorable. Le droit d'accès à l'information est vital au Myanmar durant la situation d'urgence face à la COVID-19, y compris dans les États comptant des minorités ethniques. En outre, le droit de rechercher, recevoir et diffuser des informations concernant des questions de santé fait partie intégrante du droit à la santé », a rappelé Mme Lee.

« J'encourage le Gouvernement à veiller à ce que tout le monde au Myanmar puisse exercer ses droits à la liberté d'expression et à l'accès à l'information. Les accusations à l'encontre de ces journalistes doivent être abandonnées, l'ordre de censure doit être retiré, et les services d'accès mobile à Internet doivent être restaurés dans l'ensemble des États rakhine et chin. »

L'experte a également exprimé son inquiétude au sujet des déclarations répétées du Gouvernement selon lesquelles les personnes diffusant de « fausses informations » seraient poursuivies en justice, notamment dans le cadre d'un projet modifié de loi sur la prévention et le contrôle des maladies transmissibles.

« Contrairement à d'autres pays qui libèrent des détenus pour protéger les populations carcérales du virus, le Myanmar continue de procéder à des arrestations pour des délits non violents liés à des actes légitimes. Les autorités du pays ne doivent pas se servir de la situation de crise pour sévir contre les défenseurs des droits de l'homme, les journalistes, les travailleurs de la santé et toute autre personne fournissant des informations perçues comme critiques ou exposant les violations des droits de l'homme, y compris celles qui peuvent se produire lors des mesures d'urgence prises contre la COVID-19. »

Yanghee Lee a ajouté qu'il était essentiel pour tous les habitants du Myanmar de pouvoir obtenir une assistance, ce qui est désormais compromis en raison des restrictions imposées sur l'accès humanitaire dans les zones de conflit, y compris dans les camps de déplacés, où des centaines de milliers de personnes appartenant à des minorités ethniques vivent dans la promiscuité et sont vulnérables au virus.

« Le gouvernement doit lever les restrictions humanitaires pour s'assurer que l'aide disponible parvienne à tous ceux qui en ont besoin, sans discrimination », a-t-elle conclu.

FIN