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Sri Lanka : les mesures prises en réponse aux manifestations liées à la crise économique sont préoccupantes

Arrière

05 avril 2022
Prononcé par: Porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme : Liz Throssell

Des personnes brandissent des pancartes et des banderoles lors d’une manifestation contre la crise économique actuelle à Colombo, Sri Lanka, le 2 avril 2022 © Pradeep Dambarage/NurPhoto

Nous suivons très attentivement l’évolution de la situation à Sri Lanka, où les autorités ont annoncé il y a quelques jours l’instaurant de l’état d’urgence et d’autres restrictions en réponse aux manifestations de masse contre la pire crise économique que connaît le pays depuis des décennies.

L’exaspération de la population s’est accrue au cours des derniers mois et des manifestations largement pacifiques ont eu lieu dans tout le pays. La situation s’est aggravée ces deux dernières semaines en raison de pénuries soudaines de carburant, de gaz à usage domestique et de certains produits alimentaires essentiels, ainsi que de coupures de courant. Cette situation a entraîné de nouvelles protestations de la part de Sri-lankais désespérés par l’augmentation du coût de la vie et les difficultés à se procurer des produits de base.

À la suite d’une manifestation devant la résidence du Président le 31 mars, le Gouvernement a déclaré l’état d’urgence le 1er avril et a annoncé un couvre-feu de 36 heures à partir de 18 h le 2 avril, ainsi que le blocage de l’accès aux médias sociaux pour environ 15 heures le 3 avril. Certaines sources font également état de violences policières excessives et injustifiées à l’encontre des manifestants.

Nous craignons que de telles mesures visent à empêcher ou à décourager les populations d’exprimer légitimement leurs griefs par des manifestations pacifiques et qu’elles entravent l’échange de points de vue sur des questions d’intérêt public. Nous rappelons aux autorités sri-lankaises que les mesures liées à l’état d’urgence doivent être conformes au droit international des droits de l’homme, qu’elles doivent être proportionnelles et prises uniquement dans la stricte mesure où la situation l’exige, et qu’elles ne doivent pas être utilisées pour étouffer la dissidence ou entraver les manifestations pacifiques.

Le HCDH continuera à surveiller de près l’évolution de la situation. Comme l’a fait remarquer la Haute-Commissaire dans son récent rapport adressé au Conseil des droits de l’homme en février dernier, la dérive vers la militarisation et l’affaiblissement des mécanismes de vérification et de contrepoids institutionnels à Sri Lanka ont affecté la capacité de l’État à lutter efficacement contre la crise économique et à garantir la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels de tous les habitants du pays. La Haute-Commissaire a par ailleurs déjà exprimé son inquiétude quant au fait que la réponse du Gouvernement face aux critiques et à la dissidence affaiblit l’espace civique, et nous réitérons cette inquiétude aujourd’hui.

Nous exhortons le Gouvernement, les partis politiques et la société civile à s’engager dans un dialogue immédiat, inclusif et significatif afin de trouver une solution aux défis économiques et politiques urgents auxquels le pays est confronté et d’éviter une nouvelle polarisation de la situation.

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