Notes de conférence de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme
Haïti : la violence en bande organisée provoque des morts et des blessés
18 août 2023
Prononcé par
Porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme : Ravina Shamdasani
Lieu
Genève
Les informations en provenance d’Haïti cette semaine ont souligné l’extrême brutalité des violences infligées à la population et leur impact sur les droits de l’homme.
Dans la nuit du 14 au 15 août, un représentant municipal local, sa femme et leur enfant ont été abattus dans leur maison du quartier de Décayette de Port-au-Prince par des membres présumés d’une bande organisée. L’homme a apparemment été pris pour cible en représailles du soutien qu’il aurait apporté à un groupe d’autodéfense local créé pour faire face aux gangs. Quelques heures plus tôt, le 14 août, cinq hommes et deux femmes d’une même famille ont été brûlés vifs dans l’incendie de leur maison dans le quartier de Carrefour-Feuilles par le gang de Grand Ravine. Ces personnes auraient également été prises pour cible en raison de leur soutien à un groupe d’autodéfense.
Ces quartiers, ainsi que celui de Savanne Pistache, étaient ciblés par le gang de Grand Ravine depuis le 25 juillet. Les violences se sont intensifiées entre le 11 et le 15 août, les membres de bandes organisées ayant tué ou blessé environ 28 personnes et pillé ou incendié au moins 50 habitations. Deux policiers associés aux groupes d’autodéfense ont également été tués.
Des unités de police spécialisées ont finalement été déployées le 15 août et ont forcé le gang à quitter les environs immédiats. La situation reste toutefois extrêmement instable, la police s’étant retirée par la suite et des membres de bandes organisées opérant encore dans les zones environnantes.
Quelque 5 000 personnes ont fui ces quartiers depuis le week-end dernier et se sont réfugiées dans des abris improvisés ou ayant trouvé refuge dans des communautés d’accueil, souvent dans des conditions difficiles et toujours vulnérables aux attaques.
D’autres quartiers de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, comme Tabarre et Croix des Bouquets, ont également connu des pics de violence au cours des dernières semaines, les gangs rivalisant pour s’installer dans de nouvelles zones tout en consolidant leur contrôle sur les zones déjà sous leur emprise.
Entre le 1er janvier et le 15 août de cette année, au moins 2 439 personnes ont été tuées et 902 autres blessées. En outre, 951 personnes ont été enlevées.
En réponse à la violence en bande organisée et à l’insécurité omniprésente, les mouvements de « justice populaire » ou les groupes d’autodéfense se sont multipliés, entraînant eux aussi des actes de violence. Entre le 24 avril et la mi-août, plus de 350 personnes ont été lynchées par des habitants et des groupes d’autodéfense. Parmi les personnes tuées figurent 310 membres présumés de gangs, 46 membres du public et un policier.
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Volker Türk, qui s’est rendu en Haïti en février dernier, demande que des mesures urgentes soient prises pour répondre à l’appel du Secrétaire général des Nations Unies en faveur d’une force multinationale extérieure aux Nations Unies pour aider la police haïtienne à faire face à la grave situation en matière de sécurité et à rétablir l’état de droit, dans le strict respect des normes internationales relatives aux droits de l’homme. Les droits humains du peuple haïtien doivent être protégés et ses souffrances apaisées.
FIN
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