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Communiqués de presse Commission des droits de l'homme

LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME ACHÈVE SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU SUR UN APPEL À L'AIDE HUMANITAIRE EN FAVEUR DE L'IRAQ

20 mars 2003



Commission des droits de l'homme
59ème session
20 mars 2003
Après-midi




La République démocratique du Congo fait part
de ses craintes concernant un redéploiement
des forces étrangères sur son territoire



La Commission des droits de l'homme a achevé, cet après-midi, son débat de haut niveau en entendant deux appels vibrants de la Directrice de l'Organisation mondiale de la santé et de la Ministre des affaires étrangères de la Suède afin que la communauté internationale réponde rapidement à la tragédie humanitaire en Iraq. Elle a également entendu les Ministres des droits de l'homme du Burkina Faso, de la République démocratique du Congo et du Burundi et le Ministre de l'administration publique du Botswana qui ont consacré l'essentiel de leur intervention à la situation dans leurs pays respectifs.
Mme Gro Harlem Brundtland, Directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a lancé un vibrant appel en faveur des Iraquiens les plus vulnérables - les personnes âgées, les femmes, les enfants et les personnes handicapées. La communauté internationale se doit de tout mettre en œuvre pour atténuer les conséquences de ce désastre humanitaire, a-t-elle déclaré. Par ailleurs, elle s'est indignée qu'alors même que la notion de dignité humaine est universellement reconnue, quelque 11 millions d'enfants meurent chaque année de causes prévisibles et que seuls 10% des fonds de la recherche médicale soient consacrés à des maladies qui touchent 90% de la population mondiale. Le monde a les moyens de combler ce fossé, s'est-elle exclamée. Il a les moyens de dépenser les 15 milliards de dollars nécessaires pour enrayer la pandémie du VIH/sida et quelques milliards supplémentaires pour venir à bout du paludisme et de la tuberculose.
En écho à l'appel de l'OMS, Mme Ylva Anna Maria Lindh, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a jugé urgent que la communauté internationale aborde la question de la sécurité dans le nord de l'Iraq, de l'aide humanitaire et du rôle des Nations Unies à l'issue du conflit. Elle a vivement déploré le déclenchement de la guerre en Iraq, qui affaiblit aussi bien l'ONU que la stabilité internationale. Une offensive militaire sans mandat des Nations Unies ne semble pas la bonne méthode pour rétablir la démocratie en Iraq, a-t-elle estimé.
Traitant pour sa part les événements qui secouent la Côte d'Ivoire voisine, Mme Monique Ilboudo, Ministre de la promotion des droits humains du Burkina Faso, a fait savoir que depuis le 19 septembre dernier, le Burkina Faso a accueilli plus de 150 000 «rapatriés» de Côte d'Ivoire, souvent dépouillés de tous leurs biens, et dont beaucoup n'avaient jamais mis les pieds au Burkina Faso. Devant ces graves violations des droits et libertés des ressortissants étrangers, elle a suggéré que la Commission des droits de l'homme se penche sur cette question.
Le Ministre des droits de l'homme de la République démocratique du Congo, M. Alphonse Ntumba Luaba, a attiré l'attention sur le fait que la carte des massacres correspond pratiquement avec les limites des territoires occupés. Il a déploré que les accords signés en 2002 avec l'Ouganda et le Rwanda ne soient pas respectés et que l'on assiste à un redéploiement des forces étrangères, craignant en Ituri une répétition macabre de Kisangani. À la suite de l'intervention du Ministre rwandais ce matin, M. Luaba, exerçant le droit de réponse, a accusé ce pays d'intentions belliqueuses et a répondu que la République démocratique du Congo saurait prendre ses responsabilités si le besoin s'en faisait sentir.
M. Alphonse Barancira, Ministre des droits de l'homme et des réformes institutionnelles du Burundi, a fait savoir que son Gouvernement a déjà signé un accord de cessez-le-feu avec trois groupes rebelles, même s'il n'est pas encore effectif du fait des difficultés liées à mise en place de la commission mixte de cessez-le-feu, au déploiement de la mission africaine et de l'équipe d'observateurs. Il a appelé la communauté internationale à aider le Burundi dans son application des mesures d'accompagnement de l'accord de cessez-le-feu de décembre 2002, soulignant qu'en dépit de la détermination du gouvernement à mener à bon port le processus de paix, la poursuite du conflit reste le principal obstacle à la réalisation des droits fondamentaux.
Abordant la question des populations Basarwa et San, M. Daniel Keatametse Kwelagobe, Ministre des affaires présidentielles et de l'administration publique du Botswana, a assuré que le gouvernement de son pays a engagé d'importantes ressources afin d'assurer qu'ils ne restent pas en marge du développement économique et social du pays. Il a dénoncé les efforts de manipulation déployés par certaines organisations non gouvernementales étrangères qui cherchent à entraver la promotion des Basarwa et dont le véritable objectif est de voir les Basarwa - qualifiés de manière inacceptable de «bushmen» - continuer à vivre dans le bush pour être source de spectacle et d'amusement pour les touristes.
Les représentants des pays suivants ont exercé un droit de réponse : Rwanda, Zimbabwe, République démocratique du Congo et Iraq.
La Commission se réunira demain, vendredi 21 mars à partir de 10 heures, en salle XVII du bâtiment E du Palais des Nations, pour commencer l'examen des questions de fond de son ordre du jour à commencer par le rapport du Haut Commissaire aux droits de l'homme et le suivi de la Conférence mondiale sur les droits de l'homme.

Déclarations
M. GRO HARLEM BRUNDTLAND, Directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a lancé un appel en faveur des iraquiens les plus vulnérables - les personnes âgées, les femmes, les enfants et les personnes handicapées. Les infrastructures de l'Iraq sont déjà dévastées et le droit à l'eau potable et à des soins de santé ne sont pas respectés. La communauté internationale se doit de tout mettre en œuvre pour atténuer les conséquences de ce désastre humanitaire. Faisant écho au Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, Mme Brundtland a demandé aux États de répondre généreusement à cet appel.
Mme Brundtland a regretté que, jusqu'à présent, le droit à la santé ait trop souvent été négligé et a fait valoir que l'OMS insiste pour que le droit à la santé figure au cœur du développement. Dans ce contexte, elle s'est félicitée de ce que le Sommet du Millénaire se soit donné pour objectifs, entre autres, de réduire la mortalité infantile, d'améliorer la santé maternelle, de lutter contre le VIH/sida et le paludisme, d'améliorer l'accès à l'eau potable, et de faciliter l'accès aux médicaments. À cet égard, elle a fait part des conclusions de la commission sur la macroéconomie et la santé qui a fourni, pour la première fois, une évaluation précise des ressources nécessaires pour la réalisation de ces objectifs. Il s'agit d'un investissement annuel de 66 milliards de dollars d'ici à 2007, dont la moitié devra être prise en charge par les pays en développement. L'autre moitié doit être fournie par les pays développés, a-t-elle rappelé, insistant sur la nécessité de développer des partenariats. La commission a également démontré que ces investissements permettront de réaliser des gains considérables en matière de développement économique. Elle a estimé que l'amélioration de la santé compterait parmi les facteurs de développement en Afrique, comme cela a été observé en Asie orientale depuis quatre décennies.
La Directrice générale de l'OMS a attiré l'attention sur le lien entre pauvreté et mauvaise santé, soulignant ainsi la nécessité d'identifier les groupes les plus vulnérables et de les engager comme partenaires du changement. Elle a expliqué, notamment, que la discrimination dont souffrent les femmes a de lourdes conséquences sur leur santé. Dans ce contexte, elle a enjoint les États à abolir toute pratique discriminatoire, ce qui aura des répercussions positives sur la santé de la population tout entière. Elle s'est indignée qu'alors même que la notion de dignité humaine est universellement reconnue, quelque 11 millions d'enfants meurent chaque année de causes prévisibles et du fait que seuls 10 % des fonds de la recherche médicale soient consacrés à des maladies qui touchent 90% de la population mondiale. Le monde a les moyens de combler ce fossé, s'est-elle exclamée. Il a les moyens de dépenser les 15 milliards de dollars nécessaires pour enrayer la pandémie du VIH/sida et quelques milliards supplémentaires pour venir à bout du paludisme et de la tuberculose. En dernier lieu, elle a mis la communauté internationale en garde contre les dangers du tabagisme et a expliqué aux Gouvernements que la Convention pour le contrôle du tabagisme leur donnera les moyens de réguler les activités de l'industrie du tabac qui tue la moitié de ses clients. C'est une question urgente, a-t-elle poursuivi, car dans les vingt prochaines années, la plupart des victimes du tabac se trouveront dans les pays en développement, grevant d'autant leurs efforts pour mettre en place des systèmes viables de soins de santé.
MME MONIQUE ILBOUDO, Ministre de la promotion des droits humains du Burkina Faso, a souligné que cette session de la Commission se déroule dans un contexte international difficile. De nombreuses crises secouent le monde et constituent des terreaux fertiles pour des manquements graves aux droits élémentaires de la personne humaine, a-t-elle précisé. Le Burkina Faso, nouvellement élu membre de la Commission, se trouve engagé depuis plus d'une décennie dans l'œuvre de construction d'un État de droit qui implique la soumission de l'ensemble des institutions à la loi, la séparation des pouvoirs, la promotion et la protection des droits humains et des libertés fondamentales, ainsi que l'égalité devant la loi des citoyens, a affirmé Mme Ilboudo. Pour marquer son réel engagement en faveur de la promotion et de la protection des droits humains, le Burkina Faso est en train de mettre en œuvre, avec des partenaires, un plan de réforme de la justice. Un plan d'action et d'orientation pour la promotion et la protection des droits humains a été adopté en décembre 2001 et est actuellement mis en œuvre, a poursuivi la Ministre. Une commission nationale des droits humains a été mise en place en concertation avec les acteurs non gouvernementaux de défense des droits humains, a-t-elle précisé.
«Cette quête de démocratie véritable au niveau interne doit nécessairement s'accompagner d'une démocratisation des relations internationales», a poursuivi Mme Ilboudo. La justice au niveau mondial doit être un droit pour tous, et particulièrement pour les plus démunis, a-t-elle affirmé. «Cela passe par un engagement moral et un appel à la modification radicale des comportements et mentalités à l'échelon national et international», a-t-elle fait observer. Elle a indiqué que les événements qui secouent la Côte d'Ivoire voisine depuis le 19 septembre attristent son pays. «Leurs conséquences sur les populations civiles, particulièrement les ressortissants étrangers, nous accablent», a-t-elle déclaré. Elle a rappelé que son pays, le Burkina Faso, vit depuis toujours des conditions matérielles et climatiques difficiles. C'est pourquoi il a connu très tôt le phénomène de l'émigration, et qu'un grand nombre de Burkinabè se sont retrouvés en Côte d'Ivoire, contribuant, par la force de sa main-d'œuvre, à jeter les bases de ce qu'il est convenu d'appeler le «miracle économique ivoirien». Les premiers dirigeants des deux pays l'avaient si bien compris qu'il fut question, en 1965, de l'établissement de la double nationalité, option qui ne fut jamais formalisée. À partir des années 1990, la crise économique va entraîner un contexte nouveau où les Burkinabè, parmi d'autres étrangers, vont servir de bouc émissaire et vont, du jour au lendemain, être la proie d'agressions physiques, de spoliations et d'exactions de toutes natures. Depuis le 19 septembre dernier, le Burkina Faso a reçu plus de 150 000 rapatriés de Côte d'Ivoire - des hommes, mais surtout des femmes et des enfants, souvent dépouillés de tous leurs biens, et dont beaucoup n'avaient jamais mis les pieds au Burkina Faso. «Cette situation de graves violations des droits et libertés des ressortissants étrangers, notamment burkinabè, en Côte d'Ivoire, aujourd'hui dénoncée par de nombreux rapports dont celui du Haut Commissariat aux droits de l'homme, ne peut nous laisser indifférents». «C'est pourquoi il nous paraît indiqué que la Commission des droits de l'homme se penche également sur cette question», a souligné Mme Ilboudo.
La Ministre burkinabè a par ailleurs souligné que lutter contre la pauvreté, c'est lutter pour l'effectivité du droit d'accès à la santé; c'est dénoncer la non-assistance à ces millions de personnes atteintes par le virus du sida, en danger de mort; c'est dénoncer la non-assistance à ces communautés, à ces pays en péril. «Je voudrais en conséquence, en guise de conclusion, fonder d'immenses espoirs sur la capacité de l'humanité à construire un monde meilleur, un monde plus juste», a conclu Mme Ilboudo.
M. ALPHONSE NTUMBA LUABA, Ministre des Droits Humains de la République démocratique du Congo, a remercié M. Sérgio Vieira de Mello, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, pour sa récente visite dans le pays du 12 au 15 janvier 2003, témoignant ainsi de sa solidarité à l'endroit de l'ensemble du peuple congolais meurtri et déchiré par les affres et atrocités d'une guerre d'agression maquillée d'une rébellion, mais aussi d'un gage de son engagement. Le Haut Commissaire a constaté que toutes les parties au conflit continuent de commettre, dans l'impunité, de graves violations des droits de l'homme. Mais cette situation est plus préoccupante à l'Est, dans les zones sous occupation, a précisé le Ministre. Il a fait observer à cet égard que la Rapporteuse spéciale note, dans le territoire contrôlé par le Gouvernement, une évolution positive dans le domaine de la protection des droits de l'homme et constate des violations massives des droits de l'homme dans les territoires contrôlés par les rebelles, surtout à l'est du pays.
Le Gouvernement de la République démocratique du Congo a déployé beaucoup d'efforts pour asseoir l'État de droit sur les ruines et les pesanteurs d'une dictature vieille de plusieurs décennies. a déclaré que le Ministre. Au titre de la normalisation de la vie démocratique figurent le renforcement de l'État de droit, la bonne gouvernance, la consolidation de la garantie des droits de l'homme ainsi que la réalisation de la sécurité juridique et judiciaire des citoyens et des étrangers. Le Gouvernement s'est résolument engagé dans le processus de pacification et de réunification du pays et des lueurs d'espoir se profilent à l'horizon, s'est félicité le Ministre. Soulignant que la guerre a toujours constitué une mauvaise chose pour les droits de l'homme, le Ministre a fait valoir que, parallèlement à la démarche interne du dialogue national, le Gouvernement a conclu des accords avec le Rwanda et l'Ouganda comportant une cessation des hostilités, le retrait des troupes étrangères, la pacification de l'Ituri et la sécurisation mutuelle. Malheureusement, ces accords ne sont pas scrupuleusement respectés et on assiste ici et là à un déploiement des forces étrangères. Des craintes réelles persistent à propos d'un éventuel affrontement entre les troupes ougandaises et rwandaises en Ituri. Le Ministre a noté que le Rwanda n'a pas abandonné son langage belliciste. Il a rappelé que le Rapport du groupe d'experts de l'ONU sur l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres formes de richesse donne la véritable cause de la guerre imposée à la République démocratique du Congo: simple pillage des ressources.
M. Luaba a déclaré que les habitants du Congo n'aspirent qu'à la paix pour reconstruire le pays ravagé par bientôt cinq ans de guerre et amorcer une coopération régionale fructueuse avec l'ensemble de ses voisins, dans le cadre de l'Union africaine. Déjà, de grandes réformes ont été engagées par le Gouvernement. Ainsi, le pays compte actuellement plus de 200 partis et une quinzaine de regroupements politiques, les organisations non gouvernementales de défense des droits de l'homme se créent et fonctionnent normalement. La République démocratique du Congo est fière d'affirmer qu'il n'y a ni activiste des droits de l'homme, ni journaliste en prison. Le Ministre a par ailleurs attiré l'attention sur les mesures de formation dans le domaine des droits de l'homme à l'intention des magistrats, avocats, forces de sécurité. L'enseignement des droits de l'homme a été intégré dans les cours d'éducation civique. Avec la levée du moratoire sur la peine capitale pour lutter contre la hausse de la criminalité, tout un débat de société s'est engagé sur le maintien ou la suppression de la peine capitale. Qu'on en parle et qu'on discute constitue déjà une bonne chose et le début de tout un processus, a fait valoir le Ministre. Les efforts entrepris dès 1999 par le Gouvernement dans le domaine de la démobilisation des enfants soldats sont poursuivis, à la suite de la phase pilote de démobilisation - réinsertion de 300 enfants soldats à Kinshasa. Pour toutes ces raisons, le Gouvernement congolais invite l'ensemble de la communauté internationale à l'accompagner dans ses efforts de sauvegarde de la dignité humaine, et de lutte contre l'impunité, concernant essentiellement les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le crime de génocide.
MME YLVA ANNA MARIA LINDH, Ministre des affaires étrangères de Suède, a déploré le déclenchement de la guerre en Iraq, ce qui affaiblit aussi bien l'ONU que la stabilité internationale. Elle a expliqué qu'elle n'était pas naïve en ce qui concerne la nature du régime iraquien qui avait utilisé des armes chimiques contre l'Iran et sa propre population kurde. Toutefois, a-t-elle estimé, une offensive militaire sans mandat des Nations Unies ne semble pas la bonne méthode pour rétablir la démocratie en Iraq. Elle a jugé urgent que la communauté internationale aborde la question de la sécurité dans le nord de l'Iraq, de l'aide humanitaire et du rôle des Nations Unies dans l'après conflit. Reconnaissant que, dans ce contexte, tous les États craignent une résurgence du terrorisme, elle a insisté sur le fait que la lutte contre le terrorisme ne devait, en aucun cas, justifier des violations des droits de l'homme. Le droit international humanitaire s'applique également en temps de crise, a-t-elle insisté. Elle a également attiré l'attention sur la situation au Moyen Orient. Si Israël a le droit de se défendre contre les attentats suicide, cela ne lui donne pas le droit de commettre des violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire dans les territoires occupés. Elle a estimé qu'une solution durable au conflit devrait nécessairement s'accompagner d'un retrait des colonies de peuplement et de la cohabitation pacifique avec un État palestinien. De la même manière, a-t-elle poursuivi, la Fédération de Russie ne doit pas prendre prétexte de la lutte contre le terrorisme pour justifier ses violations des droits de l'homme en Tchétchénie.
Envisageant la situation dans les Balkans, Mme Lindh s'est félicitée des progrès qu'elle a observés depuis ses dernières visites, il y a deux ans. Toutefois, elle a noté que les minorités ethniques continuaient d'être en butte à de nombreux problèmes. Déplorant l'assassinat du Premier Ministre serbe, Zoran Djindjic, elle s'est néanmoins déclarée convaincue que la Serbie-et-Monténégro continuera à progresser dans la voie de la démocratie. S'agissant de la situation en Afrique, elle a rendu compte de la conférence qui a réuni en Suède, en août 2002, des représentants de l'ONU, de l'Union européenne et des organisations régionales africaines. Elle a affirmé son appui au processus engagé dans le cadre du nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique. La Ministre suédoise a également attiré l'attention sur la situation des droits de l'homme au Bélarus où la population n'a toujours pas accès à la démocratie. Elle a regretté l'évolution de la situation au Zimbabwe où des parlementaires ont été arrêtés ces derniers mois. Prenant note des certains progrès en Chine, elle a jugé inacceptable la situation des droits de l'homme des Tibétains. Elle a en outre dénoncé la poursuite de la torture en Iran malgré diverses tentatives pour y mettre fin et s'est inquiétée de la situation des femmes dans ce pays, condamnant vigoureusement la pratique de la lapidation.
En dernier lieu, Mme Lindh a invité la communauté internationale à continuer d'œuvrer contre la peine de mort et s'est déclarée préoccupée par le fait que la Chine, l'Arabie saoudite, les États Unis, l'Iran et l'Iraq continuent d'y recourir fréquemment. Elle a également fait part de son inquiétude à l'annonce que certains gouvernements, tels celui de la République démocratique du Congo, entendent rétablir la peine capitale. En conclusion, elle a appuyé la suggestion du Haut Commissaire aux droits de l'homme d'élaborer des directives concernant la composition de la Commission des droits de l'homme. Par exemple, afin de pouvoir être élus, les États devraient coopérer pleinement avec ses mécanismes.
M. ALPHONSE BARANCIRA, Ministre des droits de l'homme, de la réforme constitutionnelle et des relations avec l'Assemblée nationale du Burundi, a déclaré que le choix du Haut Commissaire d'effectuer une visite dans les trois pays d'Afrique centrale qui souffrent des guerres civiles est, pour le Burundi, une indication qu'il fait de la promotion et de la protection des droits de l'homme en Afrique, une de ses priorités. Le Ministre a fait valoir que beaucoup de réformes prévues par l'Accord d'Arusha ont été accomplies. D'autres sont en train d'être mises en application. Il s'agit notamment de la mise sur pied d'une commission vérité et réconciliation, de l'Observatoire national pour la prévention et l'éradication du génocide, des crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, de la réorganisation des corps de défense et de sécurité, de la réorganisation du système judiciaire, des réformes administratives. Aussi, le Gouvernement a déjà signé un accord de cessez-le-feu avec trois groupes rebelles même s'il n'est pas encore effectif au vu des problèmes rencontrés dans la mise en place de tous les mécanismes prévus de gestion du cessez-le-feu, à savoir la mise en place de la Commission mixte de cessez-le-feu, le déploiement de la Mission africaine, la mise en place de l'équipe d'observateurs.
M. Barancira a souligné que la communauté internationale devrait aider le Burundi pour que les mesures d'accompagnement de l'Accord du cessez-le-feu du 2 décembre 2002 soient vite mises en application. Tant que le Burundi sera en guerre, les droits de l'homme continueront à être bafoués, à commencer par le droit à la vie puisque le conflit continue toujours à emporter des vies humaines. Le Gouvernement du Burundi a mené des activités variées, dans le domaine des droits de l'homme, notamment la vulgarisation des textes législatifs et juridiques relatifs aux droits de l'homme, la vulgarisation des principes directeurs relatifs aux déplacements des personnes à l'intérieur de leur propre pays. Un programme post conflit dans le cadre du projet enfants soldats s'occupera essentiellement de la démobilisation, du désarmement et de la réinsertion socioprofessionnelle des enfants soldats. Plusieurs autres actions sont prévues dans la politique du Gouvernement en vue d'assurer la promotion et la protection des droits de l'homme.
Le Ministre burundais des droits de l'homme a réaffirmé que les droits de l'homme doivent demeurer au centre des préoccupations du gouvernement de son pays. L'appui des partenaires est incontournable pour réussir cette mission. Le Ministre a lancé un appel vibrant à l'endroit de la communauté internationale pour qu'elle fasse suite aux promesses données par les bailleurs de fonds à Genève et à Paris, respectivement en 2001 et 2002. En effet, pour remplir cette noble mission de garant de la concorde nationale, de la paix et des droits de l'homme, le Gouvernement du Burundi doit renforcer sa capacité d'action. Les forces de défense, l'administration territoriale, l'appareil judiciaire et toutes les autres institutions doivent être dotées de moyens matériels et humains adéquats et faire du respect des droits de l'homme leur préoccupation quotidienne. Néanmoins, tous ces efforts risquent d'être anéantis par la perpétuation de la guerre qui a entraîné la paupérisation généralisée de la population. Cette situation ne fait qu'empirer les conditions de vie des populations et compromet gravement la jouissance effective des droits de l'homme. Malgré tous les problèmes, le Gouvernement du Burundi continue à mener des actions en vue de réhabiliter le citoyen dans ses droits.
M. D. K. KWELAGOBE, Ministre des affaires présidentielles et de l'administration publique du Botswana, a déclaré que son pays croit fermement en des institutions démocratiques, en la primauté du droit, ainsi qu'en l'universalité et l'indivisibilité des droits de l'homme. Même avec un palmarès en matière de droits de l'homme aussi bon que le sien, le Botswana n'est, comme d'autres pays, par parfait, a-t-il néanmoins admis. Le Botswana est une société multiculturelle en évolution qui, de temps en temps et au gré des circonstances, doit se pencher à nouveau sur elle-même afin de voir s'il n'y a pas certains aspects de ses pratiques qui mériteraient d'être améliorés afin de rester en symbiose avec les valeurs internationales qui elles aussi évoluent constamment, a expliqué le Ministre.
M. Kwelagobe a par ailleurs rappelé que le Botswana est un pays malchanceux qui, du fait des effets dévastateurs du VIH/sida, possède une population sans cesse croissante d'orphelins. Les personnes qui vivent dans les régions reculées du pays constituent un autre groupe vulnérable, a-t-il poursuivi. Ces personnes comprennent les Basarwa ou les San, individus auxquels d'autres se réfèrent de manière inacceptable en les qualifiant de «bushmen», a-t-il précisé. Il a assuré que le Gouvernement de son pays a engagé d'importantes ressources afin d'assurer que ces personnes ne restent pas en marge du développement économique et social du pays. «Nous estimons que les Basarwa ont, comme tous les autres Bostwanais, le droit de vivre une vie décente et digne», a affirmé le Ministre. Il a dénoncé les efforts de manipulation déployés par certaines organisations non gouvernementales étrangères qui cherchent à entraver la promotion des Basarwa et dont le véritable objectif est de voir ces Basarwa continuer à vivre dans le bush et, associé à la faune locale, fournir une source de spectacle et d'amusement pour les touristes.
Alors que le monde est dans l'attente d'une confrontation majeure avec l'Iraq, le Ministre du Bostwana a indiqué qu'il joignait sa voix à celle de ceux qui ont dénoncé la nature destructrice de la guerre. En tant que pays hôte de près de quatre mille réfugiés venus de toute l'Afrique, le Botswana est particulièrement troublé par les situations de conflit, a-t-il ajouté. Puissent tous les pays parvenir à restaurer pleinement les conditions et normes adéquates en matière de droits de l'homme afin que plus personne n'ait à souffrir d'un exil malvenu, a-t-il souhaité.

Droit de réponse
Le Rwanda a réagi à la déclaration faite cet après-midi par le Ministre des droits de l'homme de la République démocratique du Congo en rappelant le Rwanda est un pays épris de paix. Il souligne que la solution aux problèmes de la région réside dans le respect strict des accords de Lusaka et de Pretoria qui obligent tous les pays à quitter la République démocratique du Congo, ce qu'a fait le Rwanda unilatéralement. Toute autre attitude ramènera l'insécurité dans la région, si ce n'est déjà fait. Le Rwanda prendra sans tarder les mesures qui s'imposent. Il en va de la sécurité du Rwanda et de son peuple.
Le Zimbabwe a rejeté la «déclaration hostile» prononcée contre le Zimbabwe par la Ministre des affaires étrangères de la Suède. La Suède met en place des organisations non gouvernementales et des groupes qui cherchent à rendre ingérable la situation au Zimbabwe. Le Zimbabwe ne tolère ni la torture ni les violations des droits de l'homme. Les membres du Parlement dont a parlé la Ministre suédoise ont été arrêtés pour avoir cherché à renverser le régime en place au Zimbabwe par des moyens non démocratiques. Peut-être la Suède n'est-elle pas prête à voir un pays africain puissant rendre son peuple autonome du point de vue économique.
La République démocratique du Congo a estimé que la Commission n'était pas l'enceinte appropriée pour proférer des menaces de guerre. Le représentant a rappelé au ministre rwandais qui est intervenu ce matin que les termes de l'Accord de Lusaka n'autorisait pas le soutien à un mouvement rebelle tel que le RCD-Goma qui cherche à déstabiliser le gouvernement en place, lui même reconnu par l'Accord de Lusaka. Il a dénoncé ces propos comme une tentative visant à rendre les accords de Pretoria lettre morte et a estimé que le Rwanda voulait se maintenir sur le territoire congolais pour continuer à se livrer au pillage de ses ressources. Le Rwanda s'est rapproché des mouvements rebelles tels que celui de M. Bemba qui s'est livré à des actes d'anthropophagie contre les pygmées et la communauté internationale doit exercer des pressions sur le Rwanda pour éviter que ne se reproduise ce qui s'est produit à Kisangani, à savoir des affrontements entre l'armée rwandaise et ougandaise. Cela étant, condamnant ces propos bellicistes, il a mis en garde le Rwanda sur le fait que son pays était lui aussi prêt à assumer ses responsabilités.
L'Iraq a répondu à la Ministre de la Suède que son pays avait offert une totale coopération avec les inspecteurs de l'ONU. S'agissant de ses propos concernant la «nature du régime iraquien», il a indiqué que les États-Unis avaient utilisé l'uranium appauvri contre l'Iraq et d'autres pays. Il a exprimé ses craintes concernant la suite des événements, rappelant que les écrans ont montré les hôpitaux iraquiens qui accueillaient les blessés. Ne serait-il pas juste et équitable de condamner l'Amérique qui attaque les peuples du monde contre la légalité internationale ? Il est clair que l'Iraq n'a pas d'armes de destruction massive mais possède en revanche du pétrole. Le représentant a demandé si la Commission ne devait pas enregistrer une condamnation des États-Unis, qui ont déclenché une guerre au mépris du droit international. Il a appelé les États à agir en accord avec les principes qu'ils proclament et à assurer la primauté du droit.



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