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Communiqués de presse Conseil des droits de l’homme

Human Rights Council holds panel discussion on discrimination and violence based on sexual orientation and gender identity

07 mars 2012

APRES-MIDI

7 mars 2012

Le Conseil des droits de l'homme a tenu, à la mi-journée, une réunion-débat sur les lois et pratiques discriminatoires ainsi que sur les actes de violence commis contre des personnes en raison de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre.

Les échanges, qui étaient animés par M. Abdul Minty, Représentant permanent de l'Afrique du Sud, ont été ouverts par la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Mme Navi Pillay. Les panélistes pour le débat d'aujourd'hui étaient Mme Irina Karla Bacci, Vice-Présidente du Conseil national pour les LGBT du Brésil; M. Laurence Helfer, Codirecteur du Center for International and Comparative Law de l'Université Duke aux États-Unis; Mme Hina Jilani, Présidente de la Commission des droits de l'homme du Pakistan et ancienne Représentante spéciale du Secrétaire général sur les droits des défenseurs des droits de l'homme; et M. Hans Ytterberg, Président du Comité d'experts du Conseil de l'Europe sur la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre.

Dans un message vidéo, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a salué cette séance historique du Conseil consacrée à la question sensible de la discrimination des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT). De par son mandat, il incombe à l'Organisation des Nations Unies de protéger les droits de tous les êtres humains, a rappelé le Secrétaire général.

Mme Pillay, se déclarant consciente des divergences de vue au sein du Conseil sur la question de l'orientation sexuelle et de l'identité de genre, a toutefois dit sa conviction que «personne ici ne tolère» les violences ciblant les personnes homosexuelles. Elle a attiré l'attention sur l'étude menée par le Haut-Commissariat, à la demande du Conseil, sur les «Lois et pratiques discriminatoires et actes de violence dont sont victimes des personnes en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre», qui rappelle les normes et obligations internationales, présente des cas de persécution et analyse les lois et pratiques discriminatoires qui concerneraient pas moins de 76 pays.

M. Helfer a souligné qu'un examen du corpus du droit international ne permet pas de trouver de clause autorisant les États à avaliser la violence exercée, par des acteurs étatiques ou non, sur les LGBT, pas plus que la discrimination à leur égard. M. Ytterberg a regretté que le libre choix de l'orientation sexuelle et de l'identité de genre soit régulièrement bafoué; ni les valeurs traditionnelles et coutumières, ni les règles de la culture dominante ne sauraient justifier la discrimination, l'hostilité ou la violence à l'égard de quiconque. Les droits des LGBT ne sont en effet pas «spécifiques»: ils s'inscrivent dans l'éventail du droit élémentaire de tout être humain au respect de la vie privée et d'exprimer sa propre personnalité. Mme Bacci a constaté qu'en dépit d'une ouverture certaine au Brésil, on enregistrait toujours des violations de droits des LGBT; il convient de changer les mentalités. Mme Jilani a ajouté que les gouvernements doivent appliquer les lois qu'ils ont eux-mêmes fait voter. La déclaration sur les droits des défenseurs des droits de l'homme prévoit aussi la protection des défenseurs des LGBT.

Le débat a fait apparaître un fossé entre deux visions s'agissant des questions relatives aux droits de l'homme et aux LGBT. Une majorité de délégations reconnaissent le fait que les minorités sexuelles doivent bénéficier des mêmes droits que le commun des mortels, tandis qu'une importante partie des membres et observateurs du Conseil jugent que des obstacles culturels ou religieux ne permettent pas d'accepter des normes qui n'ont rien d'universel. Les pays de l'Organisation de la coopération islamique sont ainsi opposés à la tenue d'un débat sur la question de l'orientation sexuelle au sein du Conseil, soulignant qu'il n'y a ni définition agréée ni aucune base dans le droit international. Le Groupe arabe a condamné la tenue de cette réunion-débat, considérant que son objet relevait strictement de la vie privée. De nombreuses délégations ont pour leur part mis en avant les mesures législatives prises pour lutter contre la discrimination à l'égard des LGBT.

Les délégations suivantes se sont exprimées lors de la réunion-débat: Pakistan (au nom de l'Organisation de la coopération islamique), Mauritanie (au nom du Groupe arabe), Sénégal (au nom du Groupe africain), Nigéria, Suède, Argentine (au nom du MERCOSUR), Cuba, Norvège , Irlande, France, Autriche, Suisse, Uruguay, Australie, Équateur, Honduras, Grèce, Thaïlande, Mexique, Finlande, France, Royaume-Uni, Nicaragua, Croatie, République de Corée, Estonie, Fédération de Russie, États-Unis, Portugal, l'Union européenne et le Conseil de l'Europe. Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et un représentant de la société civile allemande ont également pris la parole, de même que les organisations non gouvernementales suivantes: Equality & Human Rights Commission of Great Britain, Federatie van Nederlandse Verenigingen tot Integratie Van Homoseksualiteit - COC Nederland, International Lesbian and Gay Association - ILGA, Commission internationale des juristes (au nom également de Human Rights Watch et Amnesty International), Canadian HIV/AIDS Legal Nework.

À la reprise des travaux vers 15 heures, le Conseil doit entendre les conclusions du Rapporteur spécial sur les personnes déplacées dans le cadre du débat qui s'est tenu ce matin, avant de procéder à l'examen de rapports sur la violence contre les enfants et sur la vente d'enfants. Il devrait par la suite entamer sa discussion annuelle sur le droit au développement.

Réunion-débat sur la discrimination et les actes de violence contre des personnes en raison de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre

Déclarations liminaires

MME LAURA DUPUY LASSERRE, Présidente du Conseil, a rappelé que le Conseil avait décidé, en juin 2011, d'organiser cette réunion-débat pour avoir une discussion constructive et transparente sur les lois et pratiques discriminatoires ainsi que sur les actes de violence commis contre des personnes en raison de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre. Il avait aussi demandé à la Haut-Commissaire aux droits de l'homme de lui soumettre une étude qui la question (A/HRC/19/41, présenté le 5 mars dernier par la Haut-Commissaire adjointe).

Dans un message vidéo, M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a salué cette séance historique du Conseil consacrée à la question sensible de la discrimination des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT). De par son mandat, il incombe à l'Organisation des Nations Unies de protéger les droits de tous les êtres humains, a rappelé le Secrétaire général. Il s'agit parfois, dans ce contexte spécifique, d'une question de vie ou de mort: nombre de LGBT sont torturés, emprisonnés et tués. Le Secrétaire général s'est fermement opposé à la conditionnalité de l'assistance et privilégié, en revanche, des actions constructives, comme celles suggérées par la Haut-Commissaire dans son étude. Il faut combattre la violence contre les LGBT, dépénaliser les rapports sexuels consensuels entre personnes du même sexe, interdire la discrimination et éduquer le public. Il nous faudrait en outre des rapports réguliers de sorte à vérifier que des mesures sont prises pour lutter contre les violations dans ce domaine.

MME NAVI PILLAY, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, s'est déclarée consciente des divergences de vue sur la question de l'orientation et de l'identité sexuelles. Elle n'en a pas moins dénoncé les violences commises contre des homosexuels, se disant en outre convaincue que «personne ici ne tolère de telles violences». Mme Pillay a présenté son étude sur les «Lois et pratiques discriminatoires et actes de violence dont sont victimes des personnes en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre» (A/HRC/19/41 présenté le 5 mars dernier). L'étude rappelle les normes et obligations internationales, établit des cas de persécution, étudie des lois et pratiques discriminatoires. Beaucoup d'États ferment les yeux sur ces pratiques, a encore déploré Mme Pillay, avant d'inviter le Conseil à se pencher sur cette question. De plus, ces violations des droits de l'homme de personnes sur la base de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre se produisent partout dans le monde. Certains États disposent de dispositifs de protection mais, trop souvent, les acteurs sur le terrain, comme les forces de police, ne sont pas formés pour traiter ces questions. Parfois aussi, les victimes n'osent pas porter plainte. Lorsqu'il s'agit de violence systématique, le Conseil se doit de réagir, a ajouté Mme Pillay.

La Haut-Commissaire a déploré que 76 États maintiennent des lois interdisant les relations sexuelles entre personnes de même sexe. Ce sont des lois anachroniques et, dans certains cas, des reliques de lois coloniales: le Conseil a déjà souligné que ces lois contreviennent au droit international. Du point de vue de la Haut-Commissaire, le droit doit toujours l'emporter sur les traditions et la religion. Aucune opinion personnelle, aucun précepte culturel ou religieux ne doit priver un autre être humain de ses droits. Le chemin est difficile, mais l'histoire des Nations Unies est une histoire de progrès contre la discrimination, a-t-elle conclu.

M. ABDUL MINTY, Représentant permanent de l'Afrique du Sud et modérateur du débat, a indiqué que la préparation de la réunion-débat a impliqué de nombreuses parties prenantes, y compris des représentants de la société civile. Le débat portera sur les coutumes, pratiques et lois qui entravent la liberté en matière d'orientation sexuelle et d'identité de genre.

Panélistes

M. LAURENCE HELFER, Codirecteur du Centre de droit international et comparé, Duke University (États-Unis), a déclaré qu'un examen du corpus du droit international ne permet pas de trouver de clause autorisant les États à avaliser la violence exercée, par des acteurs étatiques ou non, sur des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres, non plus que la discrimination contre ces personnes. La stigmatisation des LGBT intervient aussi au sein des familles. Elle est souvent le résultat de coutumes très ancrées: les États-Unis n'ont décidé qu'en 2003 de renoncer à la pénalisation des relations homosexuelles. L'étude de la Haut-Commissaire recense pas moins de six traités internationaux, plusieurs procédures spéciales et autres organes relatifs aux droits de l'homme qui veillent au respect des droits des LGBT: on voit par là qu'il s'agit d'une préoccupation de longue date du système des Nations Unies.

M. HANS YTTERBERG, Président du Comité d'experts du Conseil de l'Europe sur la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre, a regretté que le libre choix de l'orientation sexuelle et l'identité de genre est régulièrement bafoué, y compris dans son pays, la Suède, dans toutes les circonstances de la vie, par l'État, en public et au sein même des familles des personnes concernées. Ni les valeurs traditionnelles et coutumières, ni les règles de la culture dominante ne sauraient justifier la discrimination, l'hostilité ou la violence à l'égard des LGBT. D'autre part, les droits des LGBT ne sont pas «spécifiques»: ils s'inscrivent au contraire dans l'éventail du droit élémentaire de tout être humain au respect de la vie privée et d'exprimer sa propre personnalité. Cependant, le droit à l'emploi et à l'éducation, en particulier, échappe à des millions de personnes LGBT dans le monde. M. Ytterberg a souligné l'obligation des États, dans le cadre du système international des droits de l'homme, de prévenir la discrimination et les attaques à l'encontre des LGBT. Ceux qui défendent les droits de ces personnes courent aussi un risque d'attaques, d'où la nécessité de les protéger également.

MME IRINA KARLA BACCI, Vice-Présidente du Conseil national des personnes LGBT (Brésil), a indiqué que 76 pays pénalisaient encore les relations consenties entre personnes du même sexe. Même dans le cas du Brésil, en dépit d'une ouverture certaine, on enregistre toujours des violations de droits des LGBT, a-t-elle déclaré, soulignant l'urgence de réformes législatives pour adapter les lois à la réalité. Il convient de changer les mentalités et la culture, non seulement dans l'espace public mais aussi dans l'espace privé. Aucune culture ne peut justifier la persistance de telles discriminations, a-t-elle conclu.

MME HINA JILANI, Présidente de la Commission des droits de l'homme du Pakistan, a souligné qu'une documentation très volumineuse témoignait de l'ampleur des discriminations commises sur la base de l'identité sexuelle. Les gouvernements doivent appliquer les lois qu'ils ont eux-mêmes fait voter à cet égard. La déclaration sur les droits des défenseurs des droits de l'homme prévoit aussi la protection des défenseurs des groupes LGBT.

Débat

Le Pakistan a rappelé l'opposition de l'Organisation de la coopération islamique au débat sur la question vague et biaisée de l'«orientation sexuelle», qui n'a ni définition agréée ni aucun fondement en droit international. La communauté internationale ne reconnaît que les droits énumérés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme. L'Organisation de la coopération islamique condamne les tentatives systématiques d'un groupe d'États d'introduire la notion d'orientation sexuelle au sein du système des droits de l'homme.

Le Groupe arabe, par la voix de la Mauritanie condamne la tenue de cette réunion-débat, considérant que son objet relève strictement de la vie privée. Le Groupe arabe considère que la résolution du Conseil sur cette question est une atteinte à la diversité culturelle et religieuse. Compte tenu des priorités et des problèmes actuels, le Groupe arabe se demande s'il convient vraiment de traiter cette question. Le Groupe arabe réaffirme son opposition catégorique à cette notion, lui opposant celle du respect de l'institution du mariage et de la famille.

Au nom du Groupe africain, le Sénégal a rappelé la décision prise en juillet 2010 à Kampala, lors du Sommet des chefs d'État de l'Union africaine, sur la nécessité d'œuvrer pour l'appropriation commune de l'ordre du jour international en matière des droits de l'homme. Il a souligné l'importance de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance. Le Nigéria a observé que la loi adoptée par son parlement en 2006 reflète la volonté et le souhait de la population nigériane en matière de respect des cultures et des religions. Le délégué a dit respecter la décision des États ayant autorisé le mariage entre personnes du même sexe et indiqué qu'il ne cherchera pas à les obliger à rendre licites les mariages polygames.

Pour la Suède, on ne peut ignorer des faits et des évidences qui sautent aux yeux: aucun État, ni le Conseil ne peuvent passer sous silence les exécutions arbitraires, sommaires ou extrajudiciaires, les crimes dits d'honneur, la torture ou les crimes haineux simplement parce que certains ne trouveraient «pas convenable» d'en parler.

L'Argentine, au nom du MERCOSUR, a salué le travail important et le rôle de l'Afrique du Sud sur cette discussion. De par leur diversité culturelle, sociale, politique et religieuse, les États membres du MERCOSUR ont des opinions variées sur la question: le débat est donc enrichissant. Cuba a affirmé que tout acte de discrimination est injuste et illégal. Il a appelé à un véritable dialogue sur cette question, sans aucun esprit de confrontation.

L'Union européenne a souligné, pour sa part, que la question n'est pas de traiter spécifiquement telle ou telle partie de la population, mais bien de résoudre une inégalité de fait due à des lois criminalisant l'orientation sexuelle. L'Union européenne a adopté une «boîte à outils» pour la protection des droits des LGBT et organisé des campagnes de sensibilisation sur la diversité et la lutte contre toutes les formes de discrimination.

Dans le même esprit, la Norvège a qualifié d'historique la tenue de cette réunion-débat et émis le vœu qu'un jour, toutes les délégations apprécieront l'effort consenti aujourd'hui. Personne ne cherche à introduire de nouveaux droits mais de défendre, comme il se doit, les droits communs à toute l'humanité. L'Irlande a elle aussi qualifié d'historique l'attitude du Conseil. Elle a rendu hommage à l'Afrique du Sud, qui a ouvert la voie pour ce dialogue, ainsi que toutes les organisations de la société civile. La France a également qualifié ce débat de développement historique. Elle a créé en 2010 avec les Pays-Bas et la Norvège un fonds afin de soutenir les actions des ONG engagées dans la lutte contre les violations des droits de l'homme des personnes LGBT.

L'Autriche a établi une comparaison avec la situation des femmes il y a plusieurs décennies: un long chemin a été parcouru par la communauté internationale, et il en ira de même en ce qui concerne les LGBT.

Une représentante de la société civile allemande a regretté que les 50 000 LGBT tués dans les camps de concentration nazis n'aient toujours pas fait l'objet d'une reconnaissance officielle ni bénéficié d'indemnisations après-guerre.

La Suisse a déploré l'ampleur des discriminations et de la violence contre les LGBT, même en Europe. «Notre compréhension des droits de l'homme requiert que ceux-ci s'appliquent à toutes et à tous, et ce sans discrimination.» La Suisse appelle au dialogue et regrette que certaines délégations aient choisi de ne pas participer à cette réunion-débat.

L'Uruguay a reconnu que le thème de ce débat était, sans aucun doute, un des plus délicats que le Conseil ait eu à connaître. Le représentant a demandé aux panélistes de quelle manière ils estimaient que le Conseil pourrait contribuer effectivement, dans une perspective des droits de l'homme, à identifier des voies d'action prenant en compte les différentes réalités et perceptions à ce sujet.

L'Australie a indiqué avoir adopté, en 2008, des réformes en vue de garantir les mêmes services et opportunités aux LGBT. Il est désormais possible de choisir le sexe mentionné dans les documents d'identité, notamment le passeport. Le représentant d'Israël a décrit les lois israéliennes reconnaissant l'égalité des droits des LGBT dans tous les domaines de la vie. L'Équateur a souligné que sa Constitution marque un jalon en ce qui concerne le droit à l'orientation sexuelle et à l'identité du genre. Les LGBT bénéficient actuellement des mêmes aides et prestations que les autres citoyens. Le Honduras a fait part de sa volonté de progresser dans le sens de la reconnaissance des droits des LGBT. Ainsi, le Gouvernement a reconnu la personnalité juridique à plusieurs organisations représentant cette communauté. La Grèce a indiqué que son gouvernement étudiait la possibilité de reconnaître les couples de même sexe. Pour la Thaïlande, le vote de lois favorables aux LGBT n'est pas suffisant en soi: ces textes, aussi progressistes soient-ils, doivent s'accompagner de campagnes d'information. La discrimination basée sur l'orientation sexuelle est interdite par la loi au Mexique, mais un sondage effectué auprès des homosexuels du pays fait pourtant ressortir que près de 95% d'entre eux s'estiment toujours victimes de discrimination.

La Finlande a souligné que les droits de l'homme ne pouvaient être niés sur la base de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre. Son représentant a expliqué que dans son pays le Médiateur de l'égalité avait la responsabilité de surveiller l'égalité de genre et de superviser la mise en œuvre de la protection des minorités de genre contre toute discrimination. En France, la motivation homophobe des crimes et délits est une circonstance aggravante dans le code pénal français. Le Royaume-Uni a rappelé l'expérience de son pays qui, le premier, il y a 45 ans, a pris l'initiative de dépénaliser l'homosexualité. Une telle dépénalisation est essentielle pour modifier les comportements culturels et sociétaux. Le Nicaragua a indiqué avoir dépénalisé l'homosexualité en 2008 et a instauré un procureur spécial pour la diversité sexuelle. La Croatie a mentionné elle aussi son nouveau code pénal qui prend en compte l'identité de genre dans la définition des crimes haineux depuis l'an dernier. Quant à la République de Corée, elle a introduit en 2007 des dispositions contre la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle dans le cadre de l'interdiction générale d'une liste d'actes discriminatoires y compris l'orientation sexuelle et l'identité de genre.

Pour l'Estonie, l'éradication de la discrimination visant les LGBT commence par le message que l'État véhicule par sa législation et ses politiques. Aux Pays-Bas, les programmes scolaires prévoient une sensibilisation des élèves aux réalités de la diversité sexuelle.

La Fédération de Russie a déclaré qu'il fallait respecter les cultures locales et ne pas créer de régime juridique particulier pour les LGBT. Le risque serait de fragmenter la loi en vertu des catégories concernées.

Equality & Human Rights Commission of Great Britain a attiré l'attention des États membres sur l'appel du Secrétaire général pour l'abrogation des lois discriminatoires. Le partage d'expériences est nécessaire pour surmonter les obstacles à la reconnaissance des droits des LGBT.

La Federatie van Nederlandse Verenigingen tot Integratie Van Homoseksualiteit - COC Nederland et l'International Lesbian and Gay Association - ILGA ont félicité l'Afrique du Sud pour l'initiative de ce débat. Elles ont regretté que, pendant longtemps, le Conseil ait ignoré les violations des droits des LGBT. Il n'y a ni dignité, ni honneur dans la torture, la persécution et la discrimination. La Commission internationale des juristes (au nom également de Human Rights Watch et Amnesty International) a souligné pour sa part que tout un chacun avait le droit de jouir de tous ses droits: «Nos droits sont les nôtres car nous sommes nous aussi des êtres humains», a déclaré la représentante.

Les États-Unis ont cité la Secrétaire d'État Hillary Clinton, qui affirmait que les droits de l'homme étaient universels au-delà des différences culturelles et religieuses: appartenir à la communauté LGBT ne vous rend pas moins humain. Et c'est la raison pour laquelle les droits des gays sont des droits de l'homme et les droits de l'homme sont les droits des gays», avait-elle dit en décembre dernier à Genève. Le Portugal pour sa part souligné que les rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme avaient souhaité n'exclure personne. Il est troublant de constater que la violence homophobe demeure fréquente, et particulièrement choquant que la peine de mort puisse s'appliquer à des personnes du seul fait qu'elles sont homosexuelles.

Le Conseil de l'Europe a indiqué qu'il recevait des contributions volontaires de la part des États pour les aider à mettre en œuvre des politiques en direction des LGBT, en s'appuyant sur la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme.

Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) a déploré que les besoins des transgenres passaient souvent à la trappe lorsque l'on finançait des programmes de lutte contre le VIH-sida.

Canadian HIV/AIDS Legal Nework a qualifié les lois réprimant les LGBT d'«archaïques et barbares», profondément contraires aux valeurs traditionnelles africaines. Les LGBT africains ne demandent pas de nouveaux droits mais veulent que leurs dirigeants respectent leurs engagements internationaux, notamment la Déclaration universelle des droits de l'homme, la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples et les Valeurs de l'Union africaine sur l'égalité et la non-discrimination.

Conclusions des panélistes

M. HELFER a estimé qu'il faut se pencher sur les obstacles à la jouissance des droits de l'homme des homosexuels ou transgenres. Parmi ces obstacles, la persistance des préjugés et stéréotypes, qui entraîne une mauvaise compréhension des autres aspects de la question, y compris de ses aspects juridiques: pour être protégé, un groupe humain ne doit pas obligatoirement être juridiquement défini. Dans ce contexte, il a invité les États membres à se pencher sur les recommandations contenues dans l'étude de la Haut-Commissaire. Le Conseil doit également maintenir un dialogue avec les États, tout en tenant compte des réalités socioculturelles et en condamnant les violences. Enfin, toutes les procédures spéciales doivent intégrer cette perspective dans leur mandat.

M. YTTERBERG a déclaré que le phénomène de l'impunité est le premier obstacle entre tous. Dans ce cadre, il est important que les auteurs de violences homophobes soient punis. En outre, le Conseil doit continuer de se saisir de cette question, y compris ses procédures spéciales, dans le cadre d'une approche intégrée. Citant M. Kofi Annan, ancien Secrétaire général des Nations Unies, l'expert s'est étonné que des gouvernements s'appuient sur les valeurs traditionnelles pour refuser des droits aux personnes homosexuelles.

MME BACCI a observé que les violences à l'encontre des LGBT ont globalement augmenté au Brésil et dans la région d'Amérique latine. Cette violence doit être prise en compte dans les rapports relatifs aux LGBT.

MME JILANI a estimé inacceptable que certains États refusent d'entendre les préoccupations soulevées quant à la protection des LGBT. Le rôle des États est en effet de protéger tous les droits de l'homme de tous les citoyens. Il n'y a pas de justice sociale quand on exclut des gens au prétexte de considérations culturelles et religieuses. Mme Jalani a appelé les gouvernements à tenir compte des règles internationales. Elle a qualifié de «légitimes» les préoccupations soulevées, d'autant que la Déclaration universelle n'interdit pas la prise en compte de nouvelles notions en matière de promotion et de protection des droits de l'homme, a ajouté Mme Jilani.

Déclarations finales

Le modérateur du débat, M. MINTY, a expliqué, en conclusion, la notion africaine d'ubuntu - la conscience d'appartenir à quelque chose de plus grand - qui traduit le lien fondamental qui nous fait obligation de nous protéger les uns les autres du fait de notre humanité commune.

MME MARIA NAZARETH FARANI AZEVEDO, Représentante permanente du Brésil, s'est dite convaincue que personne dans la salle n'accepterait de discrimination sur la base de la couleur de la peau. De la même manière, il est douteux que quiconque admette une discrimination ou une humiliation fondée sur l'orientation sexuelle. La réunion-débat de ce jour ne devrait donc pas être considérée comme «historique»: le Conseil n'a fait que traiter son ordre du jour normal, la promotion et la protection des droits de l'homme de toutes les personnes. À cet égard, s'il peut demeurer des différences d'approche, les principes fondamentaux sont identiques.

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