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Communiqués de presse Conseil des droits de l’homme

Le Conseil des droits de l'homme tient son débat général sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance

19 mars 2013

Conseil des droits de l'homme
MATIN 19 mars 2013

Il termine son débat général sur le suivi et l'application de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne

Le Conseil des droits de l'homme a tenu, ce matin, son débat général sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, après avoir entendu les derniers orateurs dans le débat général entamé hier sur «le suivi et l'application de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne».

Les intervenants ont souligné que la lutte contre le racisme et la discrimination raciale concerne tous les États et appelé à l'adoption de lois nationales pour mettre fin aux discriminations.
Plusieurs pays ont présenté les mesures qu'ils ont prises pour combattre le racisme, la discrimination et l'intolérance religieuse. Plusieurs délégations ont déploré une accentuation de l'intolérance religieuse à travers le monde. Les organisations non gouvernementales ont principalement porté leur attention sur des situations spécifiques, appelant les États à garantir l'égalité de droits pour tous.

Les délégations suivantes sont intervenues sur les questions relatives au racisme, à la discrimination et à l'intolérance: Irlande (au nom de l'Union européenne), Bahreïn (Groupe arabe), Argentine, Indonésie, Afrique du Sud (Groupe africain), Botswana, Libye, Chine, Turquie, Algérie, Tunisie, Fédération de Russie, Sénégal, Iran, Cuba, Lettonie, Conseil de l'Europe et Pakistan (Organisation de la coopération islamique). Dix-neuf organisations non gouvernementales* ont également pris part au débat.

S'agissant du suivi et de l'application de la Déclaration et du Programme d'action adoptés lors de la Conférence mondiale des droits de l'homme, qui s'est tenue à Vienne en 1993, le Conseil a entendu le Conseil de l'Europe et la Fédération de Russie (au nom d'un groupe d'États), ainsi que quatorze organisations non gouvernementales**, qui ont notamment attiré l'attention du Conseil sur des situations dans certains pays, l'appelant à s'assurer que tous les droits de l'homme étaient garantis dans tous les pays.

À l'occasion d'une séance supplémentaire de la mi-journée, le Conseil tiendra son débat thématique annuel sur la coopération technique.
Suivi et application de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne

Débat général (observateurs)

Le Conseil de l'Europe a souligné que la Déclaration et le Programme d'action de Vienne constituaient un jalon important de l'édification de l'architecture des droits de l'homme. Pour sa part, le Conseil de l'Europe établit ses propres normes avec une vocation universelle et coopère avec des agences onusiennes telles qu'ONU-Femmes ou le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF). Il s'agit d'adopter une approche juridique aux droits de l'homme plutôt qu'une approche politique.

La Fédération de Russie, au nom d'un groupe d'États, a souligné que l'ONU devait devenir un centre d'harmonisation des droits de l'homme. L'Assemblée générale a stipulé dans sa résolution créant le Conseil des droits de l'homme que celui-ci devait être guidé par le principe de coopération. Cet organe serait plus efficace si la coopération était la pierre angulaire de son action, certains États devant renoncer à imposer leurs priorités en adressant des critiques politisées qui ne font que décourager les États visés au lieu de les inciter à améliorer la situation. Les budgets seraient mieux utilisés si l'on privilégiait l'assistance technique en coopération avec les États concernés, car il s'agit d'abord de compléter les efforts des États. Quant aux organisations non gouvernementales, elles peuvent aussi jouer un rôle à cet égard si elles voulaient bien axer leur effort sur l'assistance plutôt que sur la critique. Une telle approche permettrait de renforcer la confiance des parties intéressées et assurerait la crédibilité politique et morale du Conseil.

Organisations non gouvernementales

La Federatie van Nederlandse Verenigingen tot Integratie van Homoseksualiteit - COC Nederland a fait part de sa préoccupation face aux tentatives de certains États de donner la même valeur aux «valeurs traditionnelles» qu'aux principes universels des droits de l'homme. Une légitimation des abus est ainsi à craindre, qu'il s'agisse des mutilations génitales féminines, des meurtres pour l'honneur, de la violence domestique, des pratiques en matière de mariage, voire la justification d'une conception monolithique de la famille.

Presse Emblème Campagne a souligné que, bien que le Conseil ait condamné les attaques visant les journalistes, trop d'États dans toutes les régions du monde favorisent un climat délétère pouvant entraîner jusqu'au meurtre de journalistes. Citant les cas du Chili, du Guatemala, de l'Ouganda, de la Somalie, de l'Érythrée, du Soudan, de la Libye, du Liban, du Népal, de la Thaïlande, de l'Iran, du Togo, l'organisation est convaincue de la nécessité de mettre sur pied un mécanisme international d'enquête capable d'enquêter sur les crimes et agressions visant des journalistes et de traduire leurs auteurs en justice.

Nord-Sud XXI a déclaré que la Déclaration de Vienne constitue une étape importante sur le chemin de la promotion et de la protection des droits de l'homme, car elle a affirmé l'universalité, l'indivisibilité et l'interdépendance de tous les droits de l'homme. De même, elle rappelle que les droits économiques et sociaux sont des droits de l'homme, tout comme le droit au développement.

Liberation a déclaré que les cas de viols ont augmenté drastiquement au cours des quarante dernières années en Inde. En revanche, le taux de condamnations pour viols reste très bas. Le cas d'une Suissesse récemment agressée en Inde illustre ce fléau de manière dramatique. Le Conseil doit appeler les autorités indiennes à lutter contre ce grave problème.

France Libertés: Fondation Danielle Mitterrand a déclaré que, vingt ans après l'adoption de la Déclaration de Vienne, de grands efforts restent à accomplir, notamment s'agissant du droit à l'autodétermination. Ce droit conditionne la jouissance de tous les autres droits de l'homme. Le Sahara occidental, territoire autonome qui a fait l'objet de dizaines de résolutions des Nations Unies, reste sous la domination du Maroc, ce qui implique des violations graves des droits de l'homme, en particulier le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Le Conseil doit s'assurer de la mise en œuvre du référendum sur l'indépendance du peuple sahraoui.

L'Union internationale humaniste et laïque a rappelé qu'aux termes de la Déclaration de Vienne, les États ont la responsabilité de protéger les enfants. Or, cette responsabilité n'est pas assumée dans plusieurs pays européens. Par exemple, plus de 20 000 orphelins roumains se trouvent dans des institutions étatiques qui ne sont pas adaptées et la situation est similaire en Bulgarie. Les conditions sanitaires et d'hygiènes sont déplorables dans ces centres, en particulier pour les enfants handicapés. La communauté internationale doit surveiller la mise en œuvre de la Déclaration de Vienne dans les institutions chargées de s'occuper des orphelins.

La Fédération mondiale de la jeunesse démocratique a qualifié le refus du droit à l'autodétermination de violation des droits de l'homme. En conséquence, le Maroc viole les droits de l'homme en tentant d'imposer un fait colonial au Sahara occidental. Le Conseil doit mener une enquête sur la violation des principes de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne par le Maroc. La guerre au Mali et les autres événements dans le monde devraient alerter le Conseil sur la nécessité d'accorder à tous les peuples leur droit à l'autodétermination, si l'on veut que la paix perdure.

Verein Südwind Entwicklungspolitik a déploré l'absence de référence au mariage forcé et précoces dans les conclusions de la cinquante-septième session de la Commission sur le statut des femmes. Il est en outre déplorable que l'Iran, pays notoirement connu pour ses pratiques discriminatoires à l'égard des femmes, fasse partie de cette Commission.

Centre for Human Rights and Peace Advocacy a déploré le manque d'attention accordé aux déplacements de plus en plus fréquents de populations autochtones en Asie pour des raisons économiques. La violation systématique des droits des peuples autochtones, en particulier des droits liés à la terre, a conduit à de nombreux conflits et Conseil est invité à traiter systématiquement les droits collectifs autochtones. L'organisation a en particulier demandé que le Conseil veille à ce que l'Inde respecte les droits des peuples autochtones et autres minorités.

La Commission internationale des juristes a rappelé que l'un des principaux éléments de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne était l'obligation des États de veiller à ce que les victimes de violations des droits de l'homme aient accès à la justice. Le Conseil et les États devraient promouvoir activement l'acceptation universelle de procédures de communication individuelle des organes conventionnels et assurer la pleine application par les États de leurs constatations finales et décisions s'agissant des mesures transitoires.

L'Organisation pour la communication en Afrique et de promotion de la coopération économique internationale (OCAPROCE) a rappelé que malgré les engagements des États, les femmes et les fillettes demeuraient l'objet de violences, de toutes formes de harcèlement et d'exploitation sexuelle, surtout dans les zones de conflit. OCAPROCE appelle les États à œuvrer à la pleine participation des femmes à la vie politique, économique, sociale et culturelle, à tous les niveaux de la société. Ce défi nous impose des mesures juridiques adéquates grâce à une action nationale et à la coopération internationale dans divers domaines comme le développement économique et social, l'éducation, la protection de la maternité notamment, a-t-elle souligné.

Le Conseil indien d'Amérique du Sud a rappelé que la résolution adoptée tous les ans par l'Assemblée générale de l'ONU relative au droit à l'autodétermination des peuples stipulait que le Conseil devait continuer de porter une attention spéciale à la violation de ce droit. Il y a fort à parier cependant que la réunion d'experts programmée à Vienne en juin prochain et parrainée par l'Autriche n'évoquerait pas ce droit. Il a interpellé le Conseil de l'Europe, lui demandant si, en dépit de principes affirmés haut et fort, il soutenait par exemple l'autodétermination des autochtones de Hawaï ou de l'Alaska.

Le Service international pour les droits de l'homme a souligné que la question des «valeurs traditionnelles» était souvent défendue sous couvert d'une «approche inclusive» censée permettre de protéger les minorités. Or c'est loin d'être le cas car il s'agit plutôt d'en appeler à la tradition pour maintenir pouvoir et privilèges, a-t-il observé. Pour cette organisation, la mise en avant des valeurs traditionnelles constitue l'une des plus grandes menaces aux progrès accomplis ces vingt dernières années dans la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne.

Le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée

Débat général

L'Irlande, au nom de l'Union européenne, a déclaré que les États devaient s'assurer que tous les individus jouissent de leurs droits de l'homme, quels que soient leur orientation sexuelle, leur origine ou la couleur de leur peau. La discrimination à l'égard des personnes d'ascendance africaine appelle la prise de mesures diverses, notamment législatives. La lutte contre ce fléau concerne tous les États du monde. Certes, le racisme et l'intolérance religieuse doivent tous deux être combattus, mais il s'agit de problèmes différents, souligne l'Union européenne.

Bahreïn, au nom du Groupe arabe, a appelé les États à adopter des lois pour mettre fin aux discriminations, en particulier visant les membres de communautés religieuses. Des instruments internationaux ont été adoptés pour lutter contre la discrimination et favoriser le respect de toutes les religions, mais des mesures doivent être prises au niveau national pour s'assurer que toute forme de discrimination est interdite.

L'Argentine a déclaré que la lutte contre la discrimination est de la plus haute importance. Au niveau national, un programme et un plan d'action contre la discrimination participent à l'élaboration de politiques pour éradiquer toute forme de discrimination. Des efforts sont faits pour intégrer les droits des peuples autochtones à la Constitution. L'intégration des personnes handicapées fait aussi l'objet de politiques publiques. Ces mesures visent à assurer la dignité et une qualité de vie à tous les citoyens.

L'Indonésie a déclaré que la lutte contre le racisme et la discrimination est fondamentale. Une loi portant sur l'élimination de la discrimination raciale a été adoptée par le pays en 2008. Elle prévoit que les victimes ont droit à l'assistance de l'État, à la justice et à des réparations. Le combat contre le racisme est un combat quotidien qui doit être mené au niveau national, régional et international.

Le Venezuela s'est inquiété de la montée du racisme, des manifestations d'intolérance et de l'islamophobie, notamment dans le sport ou la politique; il faut éliminer ces phénomènes. Pour sa part, le Venezuela, pays multiracial, a pénalisé tout acte ou discours raciste et discriminatoire.

L'Afrique du Sud au nom du Groupe africain a rappelé l'importance historique de la Déclaration et du Programme d'action de Durban, qui constituent un jalon dans la lutte contre le racisme. Dans ce contexte, il est primordial que chacun les mette en œuvre, dans tous les domaines, afin que tous les êtres humains en sentent les effets, en particulier ceux qui ont souffert du racisme et de ses manifestations.

Le Botswana a estimé que dix ans après son adoption, il est désormais temps de procéder à un «examen introspectif» des progrès réalisés dans le cadre de la Déclaration et du Programme d'action de Durban. Il faut par ailleurs lutter encore contre les causes profondes du racisme. Tant que ces causes ne seront pas identifiées et combattues, ces phénomènes ne pourront être éradiqués. Par ailleurs, le Botswana reste favorable à une prolongation du mandat du Groupe de travail intergouvernemental sur l'application effective de la Déclaration et du Programme d'action de Durban, tant que son travail n'est pas terminé.

La Libye a déclaré que depuis l'adoption de la Déclaration et du Programme d'action de Durban, la situation des personnes d'ascendance africaine n'a pas changé, alors que les actes d'islamophobie ont augmenté. Dans ce contexte, la Libye rappelle la responsabilité des États en matière de lutte contre les manifestations d'intolérance et le rôle positif que peuvent jouer la société civile et les médias dans ce domaine.

Observateurs

La Chine a déclaré qu'il y avait encore beaucoup trop de racisme et de discrimination qui se manifestent sous le prétexte de la liberté de parole. La Chine souligne l'importance de la Déclaration et du Programme d'action de Durban, document que son pays met en œuvre, et déplore que leurs principes ne soient pas acceptés par tous. La Chine entend apporter sa propre contribution dans la lutte contre le racisme et la paix internationale.

La Turquie a souligné que l'augmentation des cas d'intolérance et de xénophobie, phénomènes aggravés par la crise mondiale, continuait de menacer la structure des sociétés modernes, et au bout du compte de la paix. La Turquie estime que la communauté internationale doit faire tout ce qui est son pouvoir pour promouvoir une culture de tolérance mutuelle au travers de l'éducation et de programmes d'information. Dans le cadre de ses efforts pour parvenir au consensus nécessaire, la Turquie a été à l'initiative du Processus d'Istanbul en faveur d'une mise en œuvre de la résolution 16/18 sur la lutte contre l'intolérance, texte historique et triomphe du multilatéralisme, qui rompt avec des décennies de politiques de division.

L'Algérie a affirmé que la communauté internationale devrait adopter à la fois des mesures répressives et préventives en vue de renforcer la lutte contre le racisme. Elle encourage également l'adhésion aux instruments internationaux et la mise en œuvre effective de leurs dispositions. Ces instruments nécessitent par ailleurs d'être renforcés et complétés par un nouvel instrument qui prendrait en charge les nouvelles formes de racisme et d'intolérance.

La Tunisie a vivement salué les efforts inlassables de l'ambassadeur Mohamed Siad Doualeh à la présidence du Groupe de travail intergouvernemental sur la mise en œuvre effective du Déclaration et du Programme d'action de Durban. Elle regrette que le Groupe de travail n'ait pu achever ses travaux et présenter son rapport au Conseil dans les délais impartis, alors que les cas de racisme, de xénophobie, d'intolérance et de discours de haine continuent d'augmenter, parfois alimentés par des motifs uniquement électoraux.

La Fédération de Russie a déploré que les droits de l'homme soient instrumentalisés par certains États pour leurs propres intérêts politiques. Les manifestations nazies organisées dans certains États européens sont inacceptables. La liberté de réunion doit être limitée s'agissant de manifestations prônant une idéologie raciste. Les dirigeants européens, qui suivent de très près la situation des droits de l'homme dans le monde entier, semblent ne pas voir ce qui se passe sur leur propre continent.

Le Sénégal a déclaré que la lutte contre le racisme doit demeurer au cœur des préoccupations de la communauté internationale. Les différentes crises que le monde traverse appellent la communauté internationale à prendre des mesures contre ce fléau, aussi bien au niveau national, régional qu'international, afin de mettre pleinement en œuvre la Déclaration et le Programme d'action de Durban.

L'Iran a déclaré que la lutte contre la discrimination raciale était la pierre angulaire de la promotion et de la protection des droits de l'homme. Le nombre d'actes de haine raciale et d'intolérance religieuse a augmenté au cours des dernières années en Europe. Des mesures doivent être prises pour lutter contre l'expression de discours haineux au nom de la liberté d'expression. Le respect de la dignité humaine est important pour assurer la démocratie, le développement durable, la paix et la coopération internationale. La promotion du multiculturalisme est essentielle car elle en appelle à la compréhension entre les personnes issues de différents contextes culturels.

Cuba a déclaré que le Conseil continue d'être un point de repère dans la lutte pour l'égalité des droits, mais la mise en œuvre intégrale de la Déclaration de Durban n'a pas encore eu lieu. La volonté politique manque encore. Cuba est déterminée à soutenir les initiatives dans ce domaine et appelle les États à s'engager à lutter contre le fléau de la discrimination raciale.

La Lettonie a souligné la pertinence du thème retenu pour célébrer le dixième anniversaire de la Déclaration et du Programme d'action de Durban, à savoir le racisme dans le sport. Dans ce contexte, la prévention est le meilleur moyen de lutter contre ces manifestations dans le sport. La Lettonie a également répondu à la Russie, rejetant totalement les accusations portées contre la Lettonie.

Le Conseil de l'Europe a également estimé qu'aucune manifestation de racisme dans le sport ne saurait être tolérée. Le nombre de manifestations racistes violentes dans le sport a augmenté et il faut en outre déplorer qu'elles ne fassent pas systématiquement l'objet de poursuites judiciaires.

Le Pakistan, au nom de l'Organisation de la coopération islamique, a déclaré que la violence dont sont victimes les personnes sur une base religieuse est insupportable et a appelé à une mobilisation totale contre ces phénomènes. Pour sa part, l'OCI a adopté un document condamnant toute forme d'intolérance et d'incitation à la haine religieuse.

Organisations non gouvernementales

La Commission africaine des promoteurs de la santé et des droits de l'homme s'est étonnée que l'Assemblée générale ne se soit pas prononcée sur la Décennie sur les personnes d'ascendance africaine et son programme, alors qu'il était à son ordre du jour. Il est inquiétant que certains continuent de s'opposer à cette Décennie, alors que les personnes d'ascendance africaine subissent encore des discriminations.

Le Mouvement international des jeunes et des étudiants pour les Nations Unies a déploré que malgré des résolutions on ne peut plus claires de l'Assemblée générale de l'ONU, la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d'action de Durban ne se voit pas accorder un rang prioritaire par le Haut-Commissariat. Plus que jamais, la mobilisation internationale est nécessaire pour rattraper le terrain perdu. Le Conseil doit adopter un programme pluriannuel de mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d'action de Durban.

Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) a reproché au Ministre français de l'intérieur d'avoir désigné expressément des personnes par leur origine ethnique lors d'un entretien donné le 14 mars dernier, violant ainsi le principe fondamental de l'égalité devant la loi inscrit à l'article premier de la Constitution française. Le MRAP invite la France à mettre en œuvre toutes les recommandations que lui a adressées le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale, notamment d'éviter les rapatriements collectifs et de s'employer à trouver des solutions pérennes aux questions relatives aux Roms.

Nord-Sud XXI a estimé que le Déclaration et le Programme d'action de Durban, texte qualifié d'essentiel, devrait guider à la fois l'action et l'éducation pour éliminer le racisme. Cette organisation s'est félicitée de la diffusion du texte par le Haut-Commissariat, fruit de la conférence de suivi qui s'était tenue à Genève à l'occasion du dixième anniversaire du sommet de Durban. Nord-Sud XXI avait figuré parmi les organisations ayant appelé le Haut-Commissariat à produire ce document et elle l'en remercie. Elle déplore en revanche qu'aient été ignorées les trois demandes faites en faveur de sa diffusion lors de rencontres internationales pertinentes, certaines sous les auspices mêmes de l'ONU.

L'Union internationale humaniste et laïque a constaté qu'en dépit de l'adoption il y a douze ans de la Déclaration et du Programme d'action de Durban, rien n'avait changé en Inde. Le système des castes, théoriquement aboli, continue de maintenir dans la marginalité les dalits, ces intouchables victimes d'un système de castes qui représente la forme la plus ancienne de racisme institutionnalisé que le monde ait jamais connu.

Verein Südwind Entwicklungspolitik s'est dite préoccupée de la discrimination dont sont victimes les Afghans en Iran. Ils sont bannis de certaines régions, ce qui constitue une discrimination évidente, et ils n'ont pas accès aux universités, violant ainsi leur droit à l'éducation. Les enfants issus de mariages mixtes ne sont pas enregistrés et des Afghans sont condamnés à mort sans avoir accès à un avocat.

L'International Buddhist Relief Organisation a attiré l'attention du Conseil sur un cas de destruction de logements par les autorités indiennes sans que les résidents soient prévenus à l'avance. Depuis lors, ces personnes issues des couches sociales les plus vulnérables vivent dans la rue. Leurs droits de l'homme ont simplement été biffés par la décision d'un tribunal.

La World Barua Organisation a relevé que le système de castes indien prive les dalits de leurs droits dans la plus grande démocratie du monde, qui continue de différencier ses citoyens selon la caste. La moitié des enfants dalits sont mal nourris. En outre, ils n'ont pas accès à l'eau courante, à l'éducation ou à l'électricité. L'impunité des violences sexuelles contre les femmes dalits continuent d'être la règle, ce qui est inacceptable dans le monde d'aujourd'hui. Le Gouvernement indien doit prendre des mesures pour garantir à tous les mêmes droits, quelle que soit leur caste.

Le Centre for Human Rights and Peace Advocacy a déclaré que le respect des droits de l'homme sans discrimination sous-tend l'ensemble du système des droits de l'homme. Trois jeunes dalits ont été tués par balle par la police indienne récemment, sans que les responsabilités soient établies. Aucune poursuite n'a été menée et les plaintes des dalits ne sont pas prises en compte par le système judiciaire indien.

La Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme s'est dite préoccupée par l'augmentation des actes de racisme et de discriminations contre les femmes ou les minorités partout dans le monde. Il faut combattre ces phénomènes: les États doivent fournir toute assistance et réparations aux victimes.

La Fraternité Notre Dame a dénoncé un «XXIe siècle arrogant», dont la décadence est le signe d'une société sans morale chrétienne. On ne peut bâtir le futur sans se pencher sur le passé qui l'a construit. Les médias véhiculent une mauvaise image de l'Église chrétienne sans en évoquer la philosophie ou les valeurs. On admire les cathédrales ou les monastères mais pas la religion qui les a construites: les bâtiments oui, la religion non. Pourquoi tant de haine pour la religion chrétienne?

United Towns Agency for North-South Cooperation a dénoncé la discrimination à l'égard des Bengalis au Pakistan - appelés «descendants de porcs» - et contre les hindous, considérés «racialement inférieurs». Pour leur part, les Baloutches du Pakistan ont été privés de leurs droits et sont l'objet d'une «guerre sale». Le Pakistan refuse de reconnaître les droits des minorités religieuses et culturelles.

L'Institut international de la paix a estimé que l'égalité entre tous les hommes n'est possible que dans un système démocratique. La communauté internationale a donc le devoir de demander aux États-nations d'adopter ce système. Or il y a des pays qui enseignent et adoptes des valeurs du Moyen Age, qui réduisent et discriminent certains groupes de population, a observé la délégation.

L'International Institute for Non-Aligned Studies a appelé à l'élimination de toutes les discriminations à l'égard des femmes. La réalité montre que ces discriminations sont profondément ancrées dans de valeurs patriarcales qui relèguent la femme au second plan. Il faut s'attaquer aux causes profondes des discriminations.

Le World Environment and Resources Council (WERC) a déclaré que des programmes plus ciblés devaient être mis en œuvre en matière d'éducation, afin en particulier que le développement scientifique puisse profiter au plus grand nombre. Or, les politiques de discrimination et la fermeture des frontières portent atteinte à la sécurité des personnes. Aucune partie du monde n'est sûre désormais, le terrorisme contemporain ne connaissant plus de frontière. Cela implique une coopération internationale renforcée en mettant de côté les intérêts égoïstes de chacun au profit d'une véritable solidarité internationale.

L'Organisation de défense des victimes de la violence a souligné la difficulté de lutter contre l'islamophobie, ce fléau étant favorisé par une liberté d'expression sans frein dans des pays qui sont eux aussi le théâtre de graves atteintes aux droits de l'homme. Le dialogue entre les religions doit être favorisé, l'organisation estimant que les rapporteurs spéciaux du Conseil ont un rôle à jouer à cet égard. La diffamation des religions doit être reconnue pour ce qu'elle est, à savoir un discours de haine.

Liberation a dénoncé une discrimination raciale extrême en Inde, évoquant notamment la situation dans les États du nord-est du pays où les populations locales, de race mongoloïde, se voient imposer l'hindi, ainsi qu'une culture indienne qui leur totalement étrangère. Les organisations de défense des droits de l'homme ne peuvent se rendre dans ces régions où l'avenir des populations est purement et simplement menacé. Elle a appelé à la reconnaissance de leur droit à l'autodétermination.

Le Conseil indien d'Amérique du Sud a dénoncé l'impunité prévalant aux États-Unis en matière de discrimination, constatant que ce pays choisissait ses obligations «à la carte». De nombreux peuples autochtones ne peuvent pas aborder la question de la violation du droit à l'autodétermination, qui n'est pas soutenu par le Haut-Commissariat, a-t-il dit.

L'Association internationale des avocats et juristes juifs a dénoncé la diffusion dans certains pays du Protocole des sages de Sion, constatant que ce texte haineux était présenté comme authentique. Elle a dénoncé les propos récents du premier ministre turc Erdogan mettant sur le même plan sionisme et antisémitisme. Elle lance un appel pour que l'on n'entende plus ce genre de déclaration dans une enceinte de l'ONU.

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*Les organisations non gouvernementales suivantes ont participé au débat général sur le racisme et la discrimination: Commission africaine des promoteurs de la santé et des droits de l'homme, Mouvement international des jeunes et des étudiants pour les Nations Unies, Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples, Nord-Sud XXI, Union internationale humaniste et laïque, Verein Südwind Entwicklungspolitik, International Buddhist Relief Organisation, World Barua Organisation, Centre for Human Rights and Peace Advocacy, Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme, Fraternité Notre Dame, United Towns Agency for North-South Cooperation, Institut international de la paix, International Institute for Non-Aligned Studies, World Environment and Resources Council, Organisation de défense des victimes de la violence, Liberation, Conseil indien d'Amérique du Sud, Association internationale des avocats et juristes juifs.

**Les organisations non gouvernementales suivantes ont participé au débat général sur le suivi et l'application de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne: Federatie van Nederlandse Verenigingen tot Integratie van Homoseksualiteit - COC Nederland, Presse Emblème Campagne, Nord-Sud XXI, Liberation, France Libertés: Fondation Danielle Mitterrand, Union internationale humaniste et laïque, Fédération mondiale de la jeunesse démocratique, Verein Südwind Entwicklungspolitik, Centre for Human Rights and Peace Advocacy, Commission internationale des juristes, Organisation pour la communication en Afrique et de promotion de la coopération économique internationale, Conseil indien d'Amérique du Sud et Service international pour les droits de l'homme.

 

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HRC13/041F

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