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Mexique : Des experts des droits de l’homme des Nations Unies condamnent fermement l’assassinat d’une militante des droits de l’homme et appellent à prendre des mesures efficaces pour lutter contre l’impunité

Mexique : assassinat d’une militante

19 mai 2017

GENÈVE (19 mai 2017) – Un groupe d’experts des Nations Unies* condamne fermement le meurtre sauvage de Miriam Rodriguez Martinez, une mère devenue militante après la disparition de sa fille, par la suite retrouvée assassinée.
Les experts appellent le gouvernement du Mexique à mener une enquête juste et impartiale sur cette affaire et à mettre un terme à l’impunité qui règne actuellement et permet que de telles agressions contre les défenseurs des droits de l’homme aient lieu.

Mme Rodriguez Martinez a été tuée par balles à son domicile dans la municipalité de San Fernando, Tamaulipas, le 10 mai 2017, le jour de la Fête des mères au Mexique.

Après la disparition en 2014 de Karen, sa fille de 20 ans, Mme Rodriguez a mené sa propre enquête qui l’a conduite à retrouver le corps de sa fille.

" Il s’agit d’un nouvel exemple choquant de violence perpétrée à l’encontre de ceux qui s’expriment en faveur de la vérité et de la justice au Mexique. C’est d’autant plus scandaleux que Mme Rodriguez aurait demandé aux autorités à bénéficier d’une protection. Les responsables de ce crime haineux doivent être retrouvés d’urgence et traduits en justice, " ont déclaré les experts, rappelant leurs préoccupations maintes fois répétées concernant les risques auxquels sont confrontés les proches de personnes disparues, les défenseurs des droits de l’homme, mais aussi les avocats et les journalistes au Mexique.

Mme Suela Janina, la Vice-Présidente du Comité des disparitions forcées, a indiqué que: " Sur les 375 demandes d’action urgente enregistrées par le Comité des disparitions forcées depuis 2012, 288 concernaient des disparitions au Mexique. Nous avons demandé des mesures de protection dans 134 de ces cas. Le Comité a exprimé à plusieurs occasions sa profonde inquiétude sur la situation au Mexique où les disparitions semblent être un phénomène très répandu. Depuis 2013, nous avons plusieurs fois demandé au gouvernement mexicain de nous autoriser à nous rendre dans le pays, mais nous n’avons reçu aucune réponse favorable. "

Mme Houria Es-Slami, la Présidente du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, a souligné que: " Les États sont responsables de la protection des personnes qui contribuent aux enquêtes sur les disparitions forcées, en particulier les proches, face aux actes violents, aux intimidations et aux représailles. Nous nous félicitons de l’annonce faite hier par le Président Pena Nieto qui promet que des mesures seront prises pour renforcer le mécanisme de protection des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes et qui appelle à leur application rapide afin de garantir que les défenseurs, notamment les proches des disparitions disparues, soient en mesure d’effectuer leur travail dans un environnement sûr et favorable. Des mesures de protection doivent être prises au profit de la famille de Mme Rodriguez et des membres de son association comme en faveur d’autres groupes de parents qui recherchent les membres disparus de leur famille dans tout le pays ".

M. Michel Forst, le Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, a conclu: " Les défenseurs des droits de l’homme au Mexique continuent d’être visés précisément en raison de leurs activités légitimes. L’impunité reste le principal problème en matière de protection des défenseurs des droits de l’homme  dans ce pays et, à ce titre, elle devrait constituer une priorité pour les trois pouvoirs gouvernementaux. Les recommandations relatives à l’impunité avancées par les organes internationaux chargés des droits de l’homme, en particulier la recommandation de M. Zeid Ra’ad Al Hussein, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme*, sur la création d’un conseil consultatif en vue de mettre fin à l’impunité dans le pays, devraient être prises en compte. " :

Les experts présentent également leurs plus sincères condoléances à la famille de Mme Miriam Rodriguez. Ils réaffirment leur solidarité et leur soutien aux familles et aux associations des familles de personnes disparues qui, au quotidien, luttent pour promouvoir les droits de toute personne à être protégée contre les disparitions forcées et qui sont, trop souvent, la cible d’actes violents et d’intimidation.


* Le Comité des disparitions forcées, le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, le Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l’homme et le Rapporteur Spécial chargé de la question de la violence contre les femmes, ses causes et conséquences.

* La déclaration complète de M. Zeid Ra’ad Al Hussein, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, lors de sa visite au Mexique, le 7 octobre, peut être consultée ici: http://www.ohchr.org/en/press-releases/2015/10/statement-un-high-commissioner-human-rights-zeid-raad-al-hussein-his-visit

FIN

Pour les demandes des médias, veuillez contacter:
Nicoleta Panta, +41(0) 22 9179310 /npanta@ohchr.org

Contexte 

L’histoire de Mme Miriam Rodriguez Martinez

Mme Rodriguez Martinez a été tuée par balles à son domicile dans la municipalité de San Fernando, Tamaulipas, le 10 mai 2017, le jour de la Fête des mères au Mexique. Après la disparition en 2014 de Karen, sa fille de 20 ans, Mme Rodriguez a mené sa propre enquête qui l’a conduite à retrouver le corps de sa fille. Grâce à son extraordinaire courage et à sa détermination sans faille, elle a fait en sorte que les auteurs soient traduits en justice. Elle aurait demandé à l’État de Tamaulipas à bénéficier de mesures de protection, ayant appris que plusieurs personnes jugées pour les crimes commis contre sa fille s’étaient échappées de prison.

Mme Rodriguez, comme nombre d’autres femmes et de proches de familles dont la vie a été considérablement bouleversée par des disparitions, a converti son drame personnel en une campagne pour la vérité et la justice au profit de milliers de personnes disparues au Mexique. Elle a fondé une association à San Fernando pour les proches de personnes disparues et s’est imposée comme une référence parmi les proches de personnes disparues réclamant que l’État prenne des mesures.


Comité des disparitions forcées

Les membres du Comité sont des experts indépendants des droits de l’homme provenant du monde entier, qui siègent à titre personnel et non en tant que représentants des États parties. Pour de plus amples renseignements : http://www.ohchr.org/en/treaty-bodies/ced

Les Rapporteurs spéciaux et les groupes de travail font partie de ce que l’on nomme les Procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les Procédures spéciales, le plus grand corps d’experts indépendants du système des droits de l’homme de l’ONU, est le terme généralement attribué aux mécanismes indépendants d’enquête et de surveillance qui s’occupent de la situation spécifique d’un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement; ils n’appartiennent pas au personnel de l’ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et siègent à titre personnel.

Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires:
http://www.ohchr.org/fr/special-procedures/wg-disappearances

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