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Haïti: des experts de l’ONU affirment que le gouvernement doit agir pour mettre fin à la violence des gangs à l’égard des femmes et des filles
10 mai 2023
GENÈVE (10 mai 2023) – Des experts* des Nations Unies ont exprimé aujourd’hui leurs profondes préoccupations face à l’exacerbation des violences, y compris sexuelles, et l’exploitation à grande échelle perpétrées par des gangs en Haïti, notamment à l’encontre les femmes et des enfants.
« Des scènes de chaos ont été rapportées dans les rues de la capitale Port-au-Prince et ses environs, contraignant les habitants à rester enfermés chez eux et les privant de tout accès aux biens de première nécessité, à l’éducation et aux soins médicaux », ont déploré les experts. « L’insécurité grandissante a obligé des milliers de personnes à s’installer dans des campements de fortune à même les rues, avant d’être de nouveau expulsées, pourchassées et violentées, y compris par la police ».
Différents gangs armés ont pris le contrôle de zones urbaines et se livrent à des tueries, violences, viols, kidnappings et actes d’intimidation afin d’étendre leur influence, et ce dans un contexte d’impunité généralisée.
« Dans un tel contexte de terreur, l’exercice systématique des violences envers les femmes et les filles, y compris sexuelles, s’inscrit dans une stratégie de contrôle du territoire et de conquête du pouvoir par les membres des gangs rivaux qui ravagent la capitale depuis plus d’un an », se sont alarmés les experts.
« Nous avons reçu des informations concernant des viols collectifs, en public, devant des proches et des enfants, sans que des ressources suffisantes ne soient déployées pour stopper ces violences, traduire les responsables en justice, protéger et indemniser les victimes ».
Les experts ont souligné qu’il était difficile de quantifier le nombre de ces victimes en Haïti, où la grande majorité des cas sont passés sous silence et non-déclarés, rendant les données récoltées peu fiables.
« Les violences sexuelles et basées sur le genre à l’encontre des femmes et des filles dans un contexte de conflit, d’après-conflit ou de maintien de la paix ne doivent jamais être normalisées », ont déclaré les experts. « Les violences basées sur le genre, y compris sexuelles, doivent être reconnues pour ce qu’elles sont, à savoir une tentative de soumission de populations et d’individues, ainsi qu’une forme de punition pour celles qui résistent », ont-ils déclaré.
Selon les experts, la crise économique et politique actuelle en Haïti exacerbe le climat de peur qui règne dans le pays.
Dans les zones où opèrent des factions opposées, les communautés marginalisées sont les plus touchées, certaines étant amenées à utiliser des armes et à renforcer le pouvoir des gangs rivaux, ont-ils déclaré. Ils ont noté que la situation est d’autant plus critique que l’accès aux armes de gros calibre et aux munitions serait facilité par le trafic illégal depuis l’étranger.
« Nous exhortons les autorités haïtiennes à adopter les mesures adéquates pour endiguer la violence en cours et engager la responsabilité des auteurs de violences, y compris sexuelles,
« Nous exhortons les autorités haïtiennes à adopter des mesures adéquates pour endiguer la violence et amener les auteurs de violences, y compris sexuelles, à rendre des comptes, conformément à l’état de droit et la Stratégie nationale de désarmement, démantèlement, réinsertion et réduction de la violence communautaire (SNDDR-CVR) adoptée par le gouvernement en juillet 2021 », ont conclu les experts.
Ils ont également exhorté la communauté internationale à soutenir le gouvernement et d’autres acteurs internationaux et locaux afin d’accroître la capacité des institutions concernées, de maintenir l’espace civique, de garantir l’obligation de rendre des comptes pour les violations des droits de l’homme, y compris les violences sexuelles, ainsi qu’à ce que les victimes bénéficient d’une protection et un soutien nécessaires et adéquats.
FIN
*Les experts : Reem Alsalem, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et les filles, ses causes et ses conséquences ; Alice Jill Edwards, Rapporteuse spéciale sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants; Le Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles: Dorothy Estrada Tanck (Présidente), Elizabeth Broderick, Ivana Radačić, Meskerem Geset Techane et Melissa Upreti; Morris Tidball-Binz, Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires
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