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Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Pérou : le Haut-Commissariat aux droits de l’homme demande des réformes significatives pour garantir le droit de réunion pacifique et un dialogue inclusif

19 octobre 2023

Des manifestants autochtones réclament la démission de la Présidente péruvienne Dina Boluarte sur la route principale de Cusco, au Pérou, le 1er février 2023. Photo : Ivan FLORES/AFP

GENÈVE (le 19 octobre 2023) – Les autorités péruviennes doivent entreprendre des réformes significatives pour garantir l’exercice des droits humains dans le contexte des manifestations, poursuivre les efforts en matière d’établissement des responsabilités et permettre un dialogue national décentralisé et inclusif, indique un rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) publié jeudi.

Ce rapport analyse le comportement des forces de sécurité lors des manifestations nationales, en particulier celles qui ont eu lieu entre décembre 2022 et mars 2023. Il révèle que les autorités péruviennes ont indûment restreint les droits humains des manifestants.

Les forces de sécurité ont fait un usage inutile et disproportionné de la force, y compris de la force meurtrière, au-delà des circonstances autorisées par les normes internationales en matière de droits humains, indique le rapport. Ce dernier recense également l’utilisation d’armes à létalité réduite contre les manifestants, incompatibles avec les normes internationales, qui ont entraîné des blessures graves, voire la mort dans certains cas.

Le HCDH a enregistré 50 personnes tuées et 821 blessées dans le cadre de manifestations entre le 7 décembre 2022 et le 31 mars 2023, vraisemblablement par les forces de sécurité. Selon le Haut-Commissariat, 208 membres des forces de sécurité ont également été blessés.

Des enquêtes pénales ont été ouvertes à l’encontre de 241 personnes ayant participé aux manifestations. Les charges contre au moins 221 d’entre elles ont été abandonnées depuis, faute de preuves. Parmi elles, 192 personnes avaient été arrêtées à l’Université San Marcos de Lima le 21 janvier.

En avril 2023, les autorités ont mis en place une équipe spécifique au sein du ministère public pour enquêter sur les crimes présumés commis dans le contexte des manifestations. L’équipe, qui reçoit une assistance technique de la part du HCDH, a ouvert 45 dossiers concernant toutes les personnes tuées, ainsi que sur les personnes blessées lors des manifestations.

« Les auteurs de violations des droits humains doivent répondre de leurs actes dans le cadre de procédures judiciaires équitables », a déclaré Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. « Il est crucial d’établir les responsabilités si nous voulons commencer à panser les plaies et à instaurer la confiance dans les institutions de l’État. Les victimes doivent obtenir une réparation intégrale. »

Le Gouvernement a apporté un soutien économique aux victimes et à leurs familles (quelque 266 personnes à ce jour) identifiées avec le soutien du HCDH.

Du 19 au 31 juillet 2023, une nouvelle vague de manifestations a eu lieu dans tout le Pérou, au cours de laquelle 64 manifestants et 12 membres des forces de sécurité ont été blessés. Selon le rapport, les communautés autochtones ont également été victimes de multiples actes de discrimination et de restrictions au droit de réunion pacifique.

Le rapport contient des recommandations visant à promouvoir des changements structurels et des réformes afin de garantir le droit de réunion pacifique et de veiller à ce que tout recours à la force soit compatible avec le droit international des droits de l’homme. Il recommande également de renforcer les mécanismes internes de responsabilité, de veiller à ce que les enquêtes soient centrées sur les victimes, impartiales et efficaces, et de s’attaquer aux problèmes systémiques et profondément enracinés de racisme et de discrimination contre les peuples autochtones et les campesinos, qui constituaient la majorité des manifestants.

« Il est primordial de répondre aux revendications et aux préoccupations de l’ensemble de la société péruvienne. Il est nécessaire d’établir un dialogue national inclusif. C’est la seule manière d’avancer. Tout le monde doit se sentir entendu et représenté dans la société pour que l’on puisse mettre fin aux crises politiques et sociales sans fin », a déclaré M. Türk. « Je me réjouis de poursuivre notre coopération avec les autorités péruviennes et l’ensemble de la société à cette fin. »

Lire le rapport complet

 

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