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Gaza : les personnes handicapées de Palestine ont peur d’être tuées en premier, déclare l’ONU

Arrière

27 mai 2024

GENÈVE (le 27 mai 2024) – Les personnes handicapées à Gaza se retrouvent dans une situation de détresse absolue, craignant d’être les premières personnes à perdre la vie en raison de leurs possibilités limitées de fuir ou de prendre part aux évacuations en raison de leur handicap, a déclaré le  Comité des droits des personnes handicapées des Nations Unies.

Dans un communiqué diffusé aujourd’hui, le Comité a souligné que l’absence d’avertissement préalable dans des formats accessibles, associée à la destruction des réseaux de communication, avaient rendu l’évacuation impossible pour les Palestiniens handicapés.

« La destruction massive des habitations et des infrastructures civiles, ainsi que les décombres qui en résultent ont réduit toute possibilité de mouvement essentiel pour fuir, évacuer et chercher une protection », a déclaré le Comité.

Le Comité a cité le cas de Y. M., avocat d’une ONG, qui souffrait d’une déficience visuelle l’empêchant de sortir de sa maison, située dans une zone en proie aux attaques et aux bombardements. Il a été tué à son domicile le 7 décembre 2023, laissant derrière lui quatre enfants âgés de 2, 3, 8 et 10 ans.

« Il n’a pas reçu d’informations sur l’évacuation à temps ou dans un format accessible, et ni lui ni ses proches n’ont bénéficié de passages, d’aménagements et d’abris accessibles spécifiques où il aurait pu être en sécurité et échapper à la frappe aérienne », a regretté le Comité, qui a constaté que des défenseurs des droits des personnes handicapées, comme Y. M., figurent parmi les personnes blessées, traumatisées et tuées.

Les enfants handicapés risquent davantage d’être séparés de leurs familles et leurs souffrances sont insupportables, a averti le Comité.

Ce dernier a été choqué par le récit d’une jeune fille de 14 ans atteinte de paralysie cérébrale, réfugiée dans la partie est de Rafah, qui avait perdu ses équipements d’assistance, notamment un fauteuil roulant, lors d’attaques militaires et qui avait dû être portée par ses parents lors de leur fuite du nord vers le sud de Gaza.

Épuisée et en proie au danger, la jeune fille s’est écriée, en désespoir de cause : « Maman, c’est fini. Laisse-moi ici, et va-t’en vite. »

Elle continue d’être effrayée par les avertissements lancés concernant les opérations militaires à Rafah et risque toujours d’être à nouveau déplacée sans ses dispositifs d’aide à la mobilité.

Le Comité a également été consterné par le fait que dans les camps de réfugiés et les tentes surpeuplées, des enfants comme Amir, un garçon souffrant de déficiences intellectuelles qui a fui Khan Younès avec sa mère et son frère, ont perdu leur chance d’éducation et de réadaptation. L’état d’Amir s’est détérioré et il est devenu très anxieux depuis qu’ils ont emménagé dans la tente.

La situation d’Amir et de cette jeune fille de 14 ans met en évidence la détresse psychologique et les traumatismes subis par les enfants handicapés.

Avant le 7 octobre 2023, 21 % des ménages de Gaza avaient déclaré avoir au moins un membre de la famille handicapé, et 58 000 personnes handicapées avaient été identifiées dans la base de données officielle du Bureau central palestinien de statistique. Depuis le 7 octobre, plus de 1 000 enfants ont été amputés. Toutefois, ces chiffres pourraient grimper en flèche après sept mois de guerre et d’escalade des hostilités. Il est encore difficile d’obtenir des données et des informations fiables sur les personnes handicapées.

Le Comité s’est dit alarmé par les effets disproportionnés de la destruction des hôpitaux, de la coupure des services essentiels, des restrictions et de l’absence d’accès à l’aide humanitaire sur les personnes handicapées.

Le Comité s’est déclaré « profondément préoccupé par le manque d’accès des personnes handicapées aux soins médicaux et aux médicaments nécessaires au traitement des maladies chroniques, par le manque d’accès au soutien psychosocial et par les risques accrus de décès lors des descentes et des attaques d’hôpitaux, ainsi que par l’exposition signalée au phosphore blanc et à d’autres produits toxiques entraînant de graves risques de développer d’autres déficiences. »

« Le siège a provoqué une crise alimentaire qui aggrave encore la situation des personnes handicapées qui se heurtent à des obstacles physiques pour se rendre aux points de distribution ou qui n’ont pas accès à des équipements d’assistance ou à de l’aide », a déclaré le Comité.

Le Comité a appelé à un cessez-le-feu immédiat et a exhorté toutes les parties à cesser les attaques, la violence et les hostilités contre les civils.

Il a rappelé qu’Israël, en tant que puissance occupante à Gaza et État partie à la Convention relative aux droits des personnes handicapées, a l’obligation, en vertu de l’article 11, de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection et la sûreté des personnes handicapées dans les situations de risque, y compris les conflits armés.

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