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Communiqués de presse Procédures spéciales

Le déferlement de violence contre les femmes et les enfants à Gaza est inacceptable, selon des experts de l’ONU

06 mai 2024

GENÈVE (le 6 mai 2024) – Des experts de l’ONU* ont condamné aujourd’hui le déferlement continu et systématique de violences commises ces sept derniers mois contre la population palestinienne à Gaza, dont la plupart des victimes sont des femmes et des enfants.

« Nous sommes horrifiés par les informations qui émergent concernant des charniers récemment mis au jour dans la bande de Gaza. Plus de 390 corps ont été découverts dans les hôpitaux Nasser et Al Shifa, notamment des femmes et des enfants, dont beaucoup présenteraient des signes de torture et d’exécutions sommaires, et des cas potentiels de personnes enterrées vivantes », ont déclaré les experts.

Ils ont noté que les femmes, les filles et les enfants font partie des groupes de population les plus exposés au danger dans ce conflit, et qu’au 29 avril 2024, sur les 34 488 Palestiniens tués à Gaza, 14 500 étaient des enfants et 9 500 des femmes. En outre, 77 643 personnes auraient été blessées, dont 75 % seraient des femmes. Plus de 8 000 autres personnes sont portées disparues ou se trouvent sous les décombres, et la moitié d’entre elles seraient des femmes et des enfants, selon les experts. Ces derniers ont également noté que 63 femmes, dont 37 mères, seraient tuées en moyenne chaque jour et que 17 000 enfants palestiniens seraient devenus orphelins depuis le début de la guerre à Gaza.

Par ailleurs, 1,7 million de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays et on craint que 1,1 million de personnes soient confrontées à des niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire. Selon les informations recueillies par les Nations Unies, plusieurs femmes et filles ont également été victimes de disparitions forcées par l’armée israélienne depuis le début de l’offensive lancée par Israël. Les experts ont noté que les forces israéliennes avaient également détruit la plus grande clinique de fertilité de Gaza, qui aurait stocké 3 000 embryons.

« Le traitement des femmes enceintes et allaitantes continue d’être épouvantable : le bombardement direct des hôpitaux et le refus délibéré d’accès aux installations de soins de santé par les tireurs d’élite israéliens, combinés au manque de lits et de ressources médicales, font courir un risque inimaginable à environ 50 000 femmes palestiniennes enceintes et à 20 000 nouveau-nés. Plus de 183 femmes par jour accouchent sans traitement contre la douleur, tandis que des centaines de bébés sont morts en raison du manque d’électricité pour alimenter les couveuses », ont-ils déclaré. « Ces conditions épouvantables ont entraîné une augmentation du nombre de fausses couches de 300 %. De plus, 95 % des femmes enceintes et allaitantes sont confrontées à une grave pauvreté alimentaire. »

Les experts ont déclaré que les femmes qui accouchent le font dans d’horribles circonstances. Selon le FNUAP, environ 155 000 femmes enceintes et nouvelles mères luttent pour survivre et accéder aux soins de santé de base. En outre, on estime à 690 000 le nombre de femmes et de filles à Gaza qui ont besoin de produits d’hygiène menstruelle et qui ne peuvent pas gérer leur cycle menstruel dans l’intimité et la dignité, certains rapports faisant état de la prise de pilules contraceptives pour éviter des conditions menstruelles non hygiéniques.

Selon les experts, la destruction massive et sans précédent de logements et les conditions de vie précaires sous les tentes ont eu un impact disproportionné sur les femmes et les filles, notamment sur leur sécurité personnelle et leur vie privée.

« Rien n’illustre mieux la violence systématique infligée aux femmes et à leurs enfants que l’histoire de ce nourrisson qui a été sauvé du ventre de sa mère après que celle-ci a été tuée lors d’une attaque israélienne dans la bande de Gaza, et qui est mort quelques jours plus tard dans une couveuse, le 26 avril », ont déploré les experts.

Ils ont été consternés par les informations persistantes faisant état d’agressions sexuelles et de violences contre les femmes et les filles, y compris celles détenues par les forces d’occupation israéliennes. Les experts ont déclaré que le Gouvernement israélien n’a jamais mené d’enquête indépendante, impartiale et efficace sur les crimes signalés.

« Nous sommes scandalisés de voir que les femmes sont la cible d’attaques aussi vicieuses, aveugles et disproportionnées de la part d’Israël, qui semble n’épargner aucun moyen pour détruire leur vie et les priver de leurs droits humains fondamentaux », ont-ils déclaré.

« Israël doit cesser toutes les hostilités et les États doivent mettre fin immédiatement à l’exportation de toutes les armes. Ces États ne peuvent plus ignorer que ces armes sont utilisées pour tuer et mutiler des femmes et des enfants innocents. Il n’y a plus d’excuses », ont déclaré les experts. « Les femmes et les enfants ont droit à une protection spéciale en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme. »

*Les experts : Reem Alsalem, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et les filles, ses causes et ses conséquences ; Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 ; Balakrishnan Rajagopal, Rapporteur spécial sur le droit à un logement convenable ; Michael Fakhri, Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation ; Pedro Arrojo Agudo, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme à l’eau potable et à l’assainissement ; Paula Gaviria Betancur, Rapporteuse spéciale sur les droits humains des personnes déplacées dans leur propre pays ; Ben Saul, Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste.

Les experts relèvent de ce qu’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Le terme « procédures spéciales », qui désigne le plus grand corps d’experts indépendants au sein du système onusien des droits de l’homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d’établissement des faits et de supervision mis en place par le Conseil. Les titulaires de mandats au titre de procédures spéciales sont des experts des droits de l’homme indépendants nommés par le Conseil des droits de l’homme afin de traiter de la situation spécifique d’un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n’appartiennent pas au personnel de l’ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et sont nommés à titre individuel.

Pour plus d’informations et pour toute demande de la part des médias, veuillez contacter hrc-sr-vaw@un.org.

Pour toute requête des médias relative à d’autres experts indépendants des Nations Unies, veuillez contacter Dharisha Indraguptha (dharisha.indraguptha@un.org).

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