Remarques de Volker Türk en Haïti, lors d'une cérémonie commémorant le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme

Je ne vous cache pas que je suis arrivé en Haïti avec beaucoup d’émotions.

J’ai suivi la crise de 2022 en Haïti, la situation de violence et d’insécurité, et je voulais venir en Haïti pour donner un message de solidarité à la population Haïtienne. Je voulais transmettre le message que ce n’est pas un pays oublié. Il y a une nécessité criante de la part de la communauté internationale pour soutenir Haïti.

Il y a 75 ans, un texte puissant et simple était adopté, par consensus, qui portait la promesse d'une plus grande dignité humaine, d'une plus grande égalité et d'une plus grande justice. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

C'est un document pour lequel Haïti a joué un rôle clé.

L'ambassadeur Emile Saint Lot, le premier ambassadeur haïtien auprès des Nations Unies, était le rapporteur de la 3e Commission qui a rédigé la DUDH sous les auspices d’Eléonore Roosevelt.

On rapporte qu'il a présenté le projet final de la DUDH à l'Assemblée générale, lors d'une session nocturne à Paris le 9 décembre 1948.

Le projet de résolution sur les droits humains, aurait-il dit, était "le plus grand effort jamais accompli par l'humanité pour donner à la société de nouvelles bases juridiques et morales."

Le monde, par-delà les cultures, les religions, les frontières nationales, s'est uni derrière ce texte. Au sortir d'une période de violence et de désespoir grave et intolérable, ils savaient que l'avenir devait être fondé sur les droits humains fondamentaux. C’était un appel à tous les acteurs.

Les défenseurs des droits humains - au sein des structures de pouvoir et à l'extérieur - donnent vie chaque jour aux dispositions de ce texte miraculeux.

Je tiens à rendre hommage aux défenseurs des droits de l'homme et aux acteurs de la société civile haïtiens que je viens de rencontrer et à bien d'autres que je n'aurai pas le privilège de rencontrer au cours de ma courte visite.

Dans ces circonstances très difficiles, ils veillent à ce que les membres les plus vulnérables de leurs communautés ne soient pas oubliés et à ce qu'ils aient quelqu'un pour parler en leur nom, pour les aider quand ils en ont besoin.

J'encourage vivement l’Etat – et tous les acteurs d’influence – à donner du pouvoir à ces voix et à celles des jeunes et à les écouter, à solliciter leur sagesse quant aux solutions à apporter pour sortir les Haïtiens et les Haïtiennes de ces crises multiples, à forger une vision pleine d'espoir, plus juste, plus pacifique et plus prospère de leur pays et à y travailler ensemble.

Haïti a une longue et impressionnante histoire d'attachement aux droits de l'homme, à la dignité et aux libertés et une puissante tradition de résistance et de résilience face à des obstacles colossaux. C’est une lutte qui a nourri beaucoup de mouvements sociaux. Cet esprit a été rendu célèbre par Toussaint Louverture lorsqu'il a dit :

On a abattu le tronc de l’arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses.

Nous voyons cet esprit aujourd'hui dans les mouvements de défense des droits de l'homme dans le monde entier et j'espère que cette année du 75e anniversaire de la DUDH servira à rappeler au monde à quel point les valeurs des droits de l'homme sont fortes et profondément enracinées, pour tous, partout.

FIN