Prix des droits de l’homme des Nations Unies : Volker Türk s’engage en faveur de la protection des défenseurs des droits humains

Il y a 25 ans, cette Assemblée a adopté la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme, reconnaissant ainsi le rôle crucial des militants, des artisans de la paix et des groupes de la société civile pour « traduire » les normes mondiales en matière de droits humains en actions concrètes. Des actions qui changent la vie des gens.

Ce prix est l’occasion de célébrer les défenseurs et défenseuses des droits humains et l’immense valeur que ces personnes apportent aux sociétés du monde entier.

Les défenseurs des droits humains sont des agents visionnaires du changement. Ils voient un avenir meilleur pour nous tous et savent comment faire de cet avenir une réalité.

Cependant, en remettant en cause le statu quo ou en travaillant dans des situations de violence ou de conflit, ils s’exposent à une multitude de risques, allant de la diffamation au harcèlement, en passant par les restrictions juridiques, l’arrestation, la détention, la disparition forcée, la torture et même la mort.

Pour les défenseuses des droits humains, les risques sont encore plus grands. Elles sont prises pour cibles à la fois en raison de leur travail et de leur sexe.

Julienne Lusenge en est particulièrement consciente. Véritable figure de proue dans le domaine de la défense des droits humains en République démocratique du Congo, elle est surtout connue pour son soutien aux survivantes de violences sexuelles dans les conflits. Toutefois, son champ d’action est vaste, allant du leadership et de l’autonomisation des femmes à la transformation des conflits, en passant par la justice climatique, la protection de l’environnement et la santé sexuelle et procréative.

Dans un contexte marqué par un conflit prolongé et complexe, Julienne, par l’intermédiaire de la SOFEPADI, l’organisation qu’elle dirige, a changé la vie d’un nombre incalculable de femmes et a remis en question les normes et les stéréotypes qui cautionnent la violence fondée sur le genre.

Au Bélarus, le Centre des droits humains Viasna est resté fidèle à sa mission de défense des droits humains et de dénonciation des atteintes à ces derniers, en apportant une aide cruciale aux victimes de la répression et en recensant les mauvais traitements infligés aux détenus. L’emprisonnement d’Ales Bialiatski, lauréat du prix Nobel de la paix, et de trois autres membres de Viasna témoigne des risques auxquels ils sont confrontés.

Pourtant, Viasna poursuit ses efforts.

Le Centre d’études sur les droits de l’homme d’Amman œuvre au renforcement de la société civile en Jordanie et dans la région arabe.

Grâce à ses nombreuses possibilités de recherche et de formation, le centre améliore la diffusion et la compréhension des droits humains dans la région, en mettant l’accent sur les femmes et les jeunes, afin de construire un avenir meilleur pour tous.

De manière similaire, le travail de Julio Pereyra Sánchez apporte un changement important en Amérique latine.

M. Pereyra Sánchez utilise l’éducation pour responsabiliser les communautés rurales, autochtones et marginalisées, notamment sur des questions telles que la traite des êtres humains, la malnutrition et la mortalité infantiles, la violence fondée sur le genre, les droits sexuels et procréatifs et les droits à l’éducation.

Opérant dans des régions où les trafiquants de drogue et d’êtres humains ont la mainmise sur des communautés entières, M. Pereyra Sánchez a dû faire face à de nombreuses tentatives de censure et à des menaces pour sa sécurité.

Notre dernier bénéficiaire distingué comprend 1 350 entités de 75 pays.

La Coalition mondiale des organisations de la société civile, des peuples autochtones, des mouvements sociaux et des communautés locales pour « la reconnaissance universelle du droit à un environnement propre, sain et durable » est unique de par son ampleur.

Il s’agit de membres de nos sociétés qui reconnaissent qu’une planète prospère est indissociable de la sécurité et de la dignité humaines. Ils font appel au pouvoir des droits de l’homme en tant que lien nous unissant et en tant que solution à ce qui pourrait être notre plus grande crise à ce jour.

Dès lors, permettez-moi de m’adresser directement à tous les distingués bénéficiaires : vous êtes les émissaires de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Votre travail extraordinaire améliore notre monde jour après jour.

Cela demande du dévouement, de la détermination et un immense courage.

En contrepartie, les États Membres et la communauté internationale doivent veiller à ce que vous puissiez travailler en toute sécurité et contribuer à vous protéger en cas de besoin.

Lorsque vous êtes menacés ou lésés, les sociétés sont perdantes. Lorsque vous êtes soutenus et protégés, le potentiel de votre travail pour changer les choses est incommensurable.

En ce 75^e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, renforçons notre engagement en faveur de votre protection.

Je remercie chacun et chacune d’entre vous pour votre contribution unique à la refonte de nos sociétés et à la construction d’un avenir meilleur pour les populations du monde entier.

Je suis admiratif du travail que vous avez accompli et que vous continuez d’accomplir.

Merci.