Déclarations Haut-Commissariat aux droits de l’homme
Table ronde sur les enfants et les adolescents migrants non accompagnés et les droits de l’homme
Enfants et adolescents migrants non accompagnés
09 juin 2017
Déclaration du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme Zeid Ra'ad Al Hussein
35èmesession du Conseil des droits de l'homme
Le 9 juin 2017
Monsieur le Président, merci.
Excellences,
Chers intervenants,
Collègues et amis,
Je me félicite de l'attention portée par le Conseil à la question urgente des violations des droits de l'homme dont sont victimes de nombreux enfants et adolescents migrants non accompagnés. L'UNICEF signale que le nombre total d'enfants qui émigrent seuls a atteint un sommet historique. Au moins 300000 enfants non accompagnés ou séparés ont été enregistrés dans quelque 80 pays au cours des années 2015 et 2016, comparativement à 66000 en 2010 et 2011.
Bon nombre de ces enfants fuient des situations de conflit et de violence. D'autres fuient la pauvreté, la discrimination et les conséquences des catastrophes naturelles et du changement climatique. Les enfants peuvent avoir été séparés de leur famille au cours de leur périlleux voyages, mais alors que certains décident d'émigrer en toute autonomie, d'autres s'efforcent de rejoindre des membres de leur famille. Il s'agit avant tout d'enfants – et bien que tous les migrants puissent être victimes de violences, la peur et la souffrance vécues par les enfants et les adolescents qui émigrent sont particulièrement prononcées. Nous devons faire le maximum pour inciter tous les États à garantir une meilleure protection et une aide de qualité à tous les enfants migrants.
Comme il n'existe pratiquement pas de filières légales de migration, la plupart des enfants migrants se tournent vers les services des passeurs – et certains deviennent captifs dans des conditions d'exploitation extrêmement dangereuses. Selon l'UNICEF, près de 28 pour cent des victimes de la traite sont des enfants. Ils peuvent être contraints de travailler dans des conditions proches de l'esclavage; être victimes de la traite à des fins d'exploitation sexuelle, de prostitution forcée, de mariage forcé et d'esclavage sexuel.
Les politiques migratoires restrictives et hyper-sécuritaires non seulement négligent le bien-être des enfants migrants, mais accentuent les risques en poussant les enfants dans les mains de réseaux peu scrupuleux. De même, les systèmes de gouvernance de la migration qui ne tiennent pas compte du point de vue de l'enfant accentuent les risques auxquels sont exposés ceux qui sont bien décidés à rejoindre la destination prévue. Nous devons prendre acte des graves violations des droits de l'homme que ces enfants s'efforcent de fuir, reconnaître leur fort instinct de survie et leur envie de s'épanouir et donc assurer leur sécurité.
L'intérêt supérieur des enfants doit guider toutes les politiques afférentes, notamment pour ce qui concerne l'établissement de l'âge; l'entrée, le séjour ou l'expulsion; l'accès aux services essentiels; le regroupement familial et la désignation de tuteurs. Dans les centres de détention administrative, les enfants non accompagnés sont fréquemment exposés à des conditions intolérables et les études démontrent que même de courtes périodes de détention peuvent causer des préjudices durables. La détention des enfants en raison de leur statut migratoire ou de celui de leurs parents n'est jamais dans l'intérêt supérieur de l'enfant. Elle constitue toujours une violation des droits de l'homme.
Je demande à ce que les besoins de chaque enfant en matière de protection soient définis de manière précise ainsi que les préjudices que pourraient provoquer des expulsions. Si un enfant est renvoyé à des conditions identiques à celles qui ont motivé son départ, il peut s'ensuivre des migrations répétées par des itinéraires toujours plus dangereux. Le risque de re-victimisation des enfants qui sont renvoyés dans les mains de leurs passeurs ne doit pas être négligé.
Dans la déclaration historique de New York, l'année passée, les États membres ont reconnu leur responsabilité partagée en matière de protection des droits de tous les migrants. Ils ont admis la vulnérabilité particulière de tous les enfants migrants, en particulier ceux qui sont non accompagnés ou séparés. Alors que les consultations en vue du Pacte mondial sur une migration sûre, ordonnée et régulière se poursuivront au cours des six prochains mois, nous devons renforcer notre détermination à défendre les droits de tous les enfants en route.
Au sein du Groupe mondial sur la migration, le HCDH supervise l'élaboration de principes et de lignes directrices sur les migrants en situation de vulnérabilité en vue d'assurer une protection réelle sur le terrain au profit des enfants migrants. D'autres outils conçus par le HCDH proposent des mesures spéciales pour la protection et le soutien des enfants victimes de la traite. De plus, le Comité pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille et le Comité des droits de l'enfant travaillent actuellement à un commentaire d'ordre général sur les enfants dans le cadre de la migration internationale.
Nous devons écouter les enfants et les adolescents migrants – comme Gholamreza Hassanpour, présent avec nous aujourd'hui. Nous devons mettre en place un cadre mondial garantissant que les générations futures seront à l'abri de l'enfer des périples que beaucoup trop de garçons et de filles connaissent aujourd'hui.
J'attends vos débats avec grand intérêt.
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