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Peine de mort

Les familles des victimes doivent être respectées, déclarent les participants

02 octobre 2015

Alors que la dynamique en faveur de l’abolition de la peine de mort s’amplifie, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a souligné la nécessité de respecter les droits des victimes et de leurs familles, au titre des efforts visant à garantir une vie digne à chaque être humain.

« Il faut absolument respecter les droits des victimes et de leurs familles », a déclaré M. Ban dans un message relayé par le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, à l’occasion d’une réunion-débat sur l’abolition de la peine de mort et le point de vue des familles des victimes, intitulée Moving away from the Death Penalty: Voices of Victims’ Families.

Cette réunion-débat, qui a eu lieu en marge de l’Assemblée générale, a été organisée par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme. Le Haut-Commissariat a relevé un nombre croissant d’éléments probants indiquant que, pour les familles des victimes de meurtres, la peine de mort est préjudiciable et entrave un difficile processus de reconstruction.

Ce n’est pas faire justice que de punir en infligeant la peine capitale, a récemment observé M. Al Hussein. Le Haut-Commissaire a appelé à rechercher, pour répondre aux crimes capitaux, des solutions qui ne se réduisent pas au seul châtiment du coupable, mais qui conduisent ce dernier à reconnaître ses méfaits. Des solutions susceptibles d’engendrer des remords et une reconnaissance sincères, a-t-il déclaré.

« Nous devons poursuivre nos efforts pour mettre fin à l’application de la peine de mort, qui est l’expression de la vengeance humaine dans ce qu’elle a de pire. Elle peut certes susciter chez les victimes une sensation de soulagement primordiale ; mais bien souvent, celles-ci sont lésées par l’absence de remords authentiques du malfaiteur », a observé M. Al Hussein.

Il y a 70 ans, seuls 14 pays avaient aboli la peine de mort. Aujourd’hui, 82 pour cent des États ont soit adopté des moratoires en droit ou dans la pratique, soit aboli la peine capitale. Rien qu’au cours des 12 derniers mois, Fidji, Madagascar, le Suriname, et l’État américain du Nebraska ont aboli la pratique consistant à mettre des gens à mort.

Mais en dépit de cette tendance mondiale à l’abolition, a indiqué M. Ban, un petit nombre de pays ont augmenté ou repris les exécutions ces derniers mois.

« Fréquemment, les autorités justifient ces politiques en invoquant les droits des familles des victimes de crimes. En réalité, bon nombre de familles de victimes de meurtres estiment que ce n’est pas rendre hommage à la victime de répondre à un meurtre par un autre. »

Lors de la réunion, plusieurs ministres des Affaires étrangères et d’autres représentants des États membres de l’ONU ont relaté les efforts de leurs pays respectifs pour abolir la peine de mort et l’expérience qu’ils en avaient retirée. Trois militants œuvrant pour l’abolition de la peine capitale ont également participé au débat. Helen Prejean et Robert Curley, tous deux américains, et Mireya Garcia, originaire du Chili, ont évoqué de manière poignante leur expérience personnelle.

Helen Prejean, une religieuse dont le livre, La Dernière marche, a été adapté au cinéma, a exhorté l’assistance à écouter la voix des familles des victimes, ajoutant que bon nombre d’entre elles s’étaient souvent déclarées opposées à la peine capitale. Robert Curley a exprimé une opinion similaire, évoquant la tragédie personnelle (la torture et l’assassinat de son fils de 10 ans) qui avait fait de lui un ardent défenseur de la peine de mort. M. Curley a changé d’avis après avoir mesuré les injustices associées à la peine capitale.

La Déclaration des principes fondamentaux de justice relatifs aux victimes de la criminalité et aux victimes d’abus de pouvoir, adoptée par les Nations Unies, énonce clairement les droits des victimes de crimes et expose les mesures à prendre pour les garantir.

M. Ban a souligné l’importance fondamentale, à cet égard, du droit d’assister à des enquêtes efficaces et à des sanctions réprimant de manière appropriée les crimes, ainsi que du droit d’exiger réparation pour le préjudice subi, au travers de procédures judiciaires et administratives rapides, adaptées, justes et accessibles.

2 octobre 2015