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Filles

Quand on défend les filles, on défend tout le monde

08 février 2019

Pour Francis Oko Armah, s’engager pour les jeunes filles et les femmes, c’est s’engager pour tout le monde.

" Les gens doivent savoir qu’en défendant les droits des filles et des jeunes femmes, on défend tout le monde, a-t-il déclaré. Une fois qu’on a pris conscience des inégalités et des injustices auxquelles sont confrontées nos filles et nos jeunes femmes, on défend leurs droits, ce qui veut dire qu’on défend aussi les droits de tous les autres. "

Francis Oko Armah est un jeune militant vivant à Accra, au Ghana. Il incite les jeunes, en particulier les femmes et les filles, à en apprendre davantage sur la santé procréative et à exiger l’accès à des solutions sanitaires. Pour cela, il utilise notamment les médias sociaux et traditionnels, travaille avec des écoles et organise des discussions pour les jeunes dans des salles communautaires. Il a pour champ d’action les zones rurales du nord du Ghana.

L’éducation : la clé de l’autonomisation

Francis Oko Armah a constaté que les connaissances de nombreuses jeunes filles et femmes en matière de santé sexuelle et procréative étaient limitées, ce qui causait des grossesses précoces et des complications. Il s’est rendu compte que les filles et les jeunes femmes ne pouvaient revendiquer leurs droits pour prendre le contrôle de leur corps, de leur santé et de leur éducation que si elles étaient mieux informées.

Toutefois, il a rencontré une certaine résistance lorsqu’il a commencé à s’impliquer en tant que jeune homme dans un dialogue perçu comme appartenant aux femmes. Il lui a fallu du temps pour établir une relation de confiance avec les filles et les jeunes femmes – dont beaucoup se demandaient " qu’est-ce qu’un homme peut-il savoir des menstruations ? " Il a dû également se battre contre de nombreux stéréotypes de la part d’autres hommes, qui se demandaient s’il était assez " viril " pour leur parler de choses comme les rapports sexuels protégés et les préservatifs.

Selon lui, la communication a été un facteur déterminant pour convaincre tout le monde. Il est perçu par les jeunes comme quelqu’un qui écoute leurs problèmes et leurs inquiétudes – pour beaucoup d’entre eux, c’est la première fois que cela se produit. Il leur fournit également un espace où ils peuvent poser des questions et obtenir des informations.

" Une des stratégies qui a marché pour moi... j’ai organisé des débats... entre les filles et les garçons sur la santé sexuelle et... leurs droits, explique-t-il. Et à mesure que les filles et les garçons échangent leurs points de vue, on passe d’une discussion qu’ils ont avec moi à une discussion qu’ils ont entre eux. "

C’est sa volonté d’améliorer l’accès à l’information sur la santé sexuelle et procréative et sur l’égalité des sexes qui a conduit Francis Oko Armah au Conseil des droits de l’homme en 2017, où il a rejoint un groupe de travail chargé d’améliorer l’accès à ce type d’information. A Genève, il a appris à mieux plaider tactiquement en faveur du changement.

" J’ai appris les différentes perspectives que peuvent avoir différents pays et les différentes tactiques utilisées pour une même question ", a-t-il expliqué. " Depuis que je suis rentré, j’ai essayé d’utiliser certaines de ces leçons dans mon approche et dans la manière dont je travaille et dont j’aborde les problèmes auxquels je suis confronté. "

Une véritable prise de conscience de son rôle en tant que défenseur des droits de l’homme

Malgré son travail pour défendre les droits des jeunes pour qu’ils aient davantage accès à une meilleure éducation en matière de santé sexuelle et procréative, et pour que les jeunes filles et les femmes en particulier puissent se rapproprier leur propre corps, Francis Oko Armah a seulement réalisé récemment qu’il était un défenseur des droits de l’homme.

Il a pris conscience de cela au cours de l’une des discussions qu’il animait, où les jeunes ont parlé de différents types d’exploitation et d’abus sexuels. Une jeune fille est venue le voir à la fin de la rencontre pour lui révéler qu’elle était maltraitée, mais que personne ne la croyait. Elle voulait que son agresseur soit arrêté ou que sa communauté sache ce qu’il faisait. Il a aidé la jeune fille à trouver des services de conseils et, par l’intermédiaire de ces services, à signaler ces abus. Elle lui a expliqué qu’elle lui avait parlé car, même s’il était un homme, elle avait vu qu’il défendait les filles. Aucun homme ne l’avait défendue dans sa vie.

" J’ai réalisé que je ne faisais pas qu’écouter les gens, on agissait aussi, a-t-il dit. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que ce que je faisais, c’était défendre les droits de l’homme. "

" L’éducation, en particulier l’éducation à la santé sexuelle et procréative, est un droit de l’homme important à défendre parce qu’elle donne aux jeunes, en particulier aux jeunes filles et aux femmes, les moyens de garantir leur pleine autonomie corporelle et d’apprendre à connaître leur santé et leurs droits. Elle encourage également les jeunes hommes et les garçons à défendre une masculinité positive pour aider à créer un monde plus égalitaire. " a-t-il ajouté.

8 février 2019