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Défenseurs des droits de l’homme

Je me bats pour les droits des plus vulnérables

12 avril 2019

Aneta Genova ne se considère pas comme une défenseuse des droits de la personne.

" Mon rôle est d’accompagner les gens, de voir comment je peux aider quelqu’un de très vulnérable, et de comprendre ce dont cette personne a besoin et comment la loi peut protéger ses droits ", explique-t-elle.

En réalité, Aneta a défendu les droits de l’homme pendant une grande partie de sa carrière. En tant que juge et avocate, elle a travaillé sur plusieurs affaires de violence domestique et de violence fondée sur le genre, et a plaidé pour une meilleure assistance juridique aux victimes.

" Je me considère comme une intermédiaire entre la loi et leurs droits et j’essaie de rendre leur vie meilleure d’une manière ou d’une autre ", déclare-t-elle.

Son combat pour les plus vulnérables

C’est au cours de son travail de juriste qu’elle a découvert les conditions déplorables dans lesquelles vivent de nombreuses personnes ayant un handicap mental. Au cours d’une affaire, elle a rendu visite à une femme qui vivait dans un établissement de santé mentale. Durant leur conversation, elles se sont mises à parler d’art et de poésie, et Aneta s’est dite choquée de voir une personne si pleine de vie dans un endroit si froid et monotone.

" C’était tellement bizarre de voir quelqu’un de si intelligent dans cette situation. C’est vraiment triste. Ce n’est pas juste d’être enfermé dans ces conditions ", dit-elle.

C’est cette prise de conscience qui a finalement conduit Aneta Genova à travailler avec Validity. Depuis 17 ans, Validity utilise les lois pour garantir l’égalité, l’inclusion et la justice pour les personnes présentant un handicap mental. Travaillant dans plusieurs pays d’Europe et d’Afrique, l’ONG a défendu avec succès plusieurs victimes de la torture ayant un handicap mental. Cette organisation est soutenue par le Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les victimes de la torture..

En tant que membre de l’équipe de Validity en Bulgarie, Aneta Genova travaille pour aider à réaliser des changements législatifs dans le pays afin d’améliorer les droits des personnes présentant un handicap mental. Par exemple, elle a récemment travaillé sur le projet de proposition de loi visant à remplacer le système actuel de tutelle en Bulgarie par un système de prise de décision accompagnée. Le système de tutelle, selon lequel une personne souffrant d’un handicap mental peut être placée dans un établissement de santé sans son avis ou son consentement, est toujours en vigueur en Bulgarie. 

Une victoire mitigée

Aneta Genova a également travaillé sur plusieurs affaires marquantes portées devant la Cour européenne des droits de l’homme et qui ont permis de révéler le sort de personnes atteintes d’un handicap mental et leur traitement, notamment l’affaire Stanev c. Bulgarie. Rusi Stanev a fait l’objet d’une ordonnance de tutelle à son insu et a été placé en 2002 sous la garde d’un établissement de santé mentale. Toute personne faisant l’objet d’une ordonnance de tutelle est réduite à l’état de " non-personne " aux yeux de la loi.

Pendant dix ans, Aneta a représenté Rusi Stanev auprès des autorités nationales et a aidé à porter l’affaire devant la Cour. Le jugement, rendu en 2012, a permis de modifier le droit européen. Pour la première fois, la Cour a estimé que le droit de ne pas être soumis à la torture et aux mauvais traitements avait été violé dans une situation de handicap. Cette affaire a également conduit la Bulgarie à ratifier la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées.

Pour Aneta, cette victoire a été mitigée. Rusi Stanev est décédé alors qu’il était toujours sous tutelle, et malgré la modification de la loi, la lutte pour les droits des personnes souffrant de handicaps mentaux est toujours difficile.

" Il m’a fallu plusieurs années pour reconnaître la victoire apportée par cette affaire, car en Bulgarie, elle n’a pas vraiment été reconnue ", explique-t-elle. " Mais des changements se produisent dans le pays. Ils sont tout petits, mais ils sont là. "

Selon Aneta, le travail des ONG et d’autres entités pour faire connaître et plaider en faveur de la santé mentale et des droits des personnes handicapées peut prendre de l’ampleur, mais surtout si davantage de gens comprennent les dommages que peuvent causer ces institutions de santé mentale.

" Parfois, les gens justifient ce qui arrive aux victimes en disant que quelque chose ne tourne pas rond chez elles. Ce sont des préjugés, et ce n’est tout simplement pas vrai ", annonce-t-elle. " Une fois que les gens ont compris cela, ils s’impliquent plus et ils commencent à apprécier les droits de l’homme. "

 12 avril 2019