Maximiser le pouvoir transformateur de l’éducation
15 octobre 2019
Victoria Ibiwoye a eu du mal à maintenir le même niveau que les autres élèves de sa classe tout au long de sa scolarisation. Elle avait du mal à lire et des problèmes de compréhension. C'est seulement en faisant récemment ses propres recherches qu'elle a réalisé qu'elle était probablement dyslexique.
« J'ai dû trouver par moi-même un moyen de réussir dans mes études. J'ai non seulement perdu confiance en moi, mais cela a aussi affecté mes rapports sociaux et émotionnels avec les autres élèves de ma classe et dans la société », se souvient-elle. « Cela montre donc que notre système éducatif n'est pas aussi inclusif qu'il devrait l'être, puisque certains enfants ne se sentent pas inclus parce qu'ils apprennent différemment. »
C'est son expérience qui l'a incitée à créer la OneAfricanChild Foundation for Creative Learning, une organisation non gouvernementale dont le but est d'offrir aux élèves les plus désavantagés et marginalisés les connaissances, les compétences et les attitudes nécessaires pour devenir des membres actifs de la société. Victoria s'est inspirée de l'idée que nous devons tous voir le potentiel unique de chaque enfant pour créer un environnement inclusif où ils peuvent explorer leurs capacités.
« Nous avons pour objectif de créer un espace où les élèves apprennent à considérer l'éducation comme un moyen de subsistance et considèrent l'enseignement comme un outil de valeur les aidant à devenir des citoyens actifs qui respectent l'état de droit et contribuent à bâtir une culture de la légalité », dit-elle.
Selon Victoria, de nombreux pays africains ont été en mesure de combler les écarts afin de proposer une éducation de base gratuite. Toutefois, les coûts liés à une éducation de qualité constituent encore un obstacle majeur pour les jeunes. Elle ajoute que de nombreux enfants scolarisés dans des communautés économiquement défavorisées doivent non seulement aller à l'école le matin, mais aussi aider leurs parents à gagner leur vie l'après-midi, ce qui ne leur donne pas suffisamment de temps pour se concentrer sur leur éducation.
Comme d'autres organisations de la société civile dans son pays d'origine, le Nigéria, Victoria a été confrontée à de nombreux obstacles en collaborant avec le Gouvernement.
« L'idée selon laquelle la société civile ou les ONG dans le domaine de l'éducation ne travaillent pas dans le même sens que le Gouvernement doit vraiment changer. Je considère que notre travail à la fondation OneAfricanChild ne consiste pas à refaire les mêmes choses, mais plutôt à compléter ce que fait déjà le Gouvernement », insiste-t-elle.
« Le Gouvernement dispose déjà d'une plateforme, les infrastructures sont parfois déjà en place, mais le Gouvernement n'a pas tous les outils dont nous avons besoin. »
Victoria est également convaincue que l'enseignement des droits de l'homme est un outil puissant pour bâtir des sociétés justes, tolérantes et pacifiques, et qu'il peut aider les jeunes à devenir des personnes réfléchies et critiques capables d'utiliser les principes des droits de l'homme dans leur vie de tous les jours.
« Nous vivons dans un monde de plus en plus polarisé par les fausses informations, la xénophobie, les discours de haine, le sexisme et bien d'autres. Comment pouvons-nous aider les jeunes à acquérir les compétences nécessaires pour qu'ils ne fassent pas à leur tour partie du problème et ne contribuent pas davantage au chaos dans lequel notre monde est déjà plongé, mais qu'ils fassent plutôt partie de la solution, qu'ils défendent ce qui est juste et qu'ils contribuent, non pas passivement mais activement, au changement ? », demande-t-elle. « C'est là tout l'objectif de l'éducation aux droits de l'homme. »
Victoria Ibiwoye a rejoint cette année le groupe d'intervenants sur la question de l'éducation aux droits de l'homme par et pour les jeunes lors du Forum social*, une réunion annuelle du Conseil des droits de l'homme qui offre un espace unique pour mener des discussions ouvertes interactives entre les acteurs de la société civile, les organisations internationales et les représentants gouvernementaux.
Cette année, le Forum a eu lieu le jour du 30e anniversaire de la Convention relative aux droits de l'enfant, et à un moment où la jeunesse est devenue une priorité pour les Nations Unies, notamment à travers le lancement d'une nouvelle phase (2020-2024) du Programme mondial en faveur de l'éducation aux droits de l'homme en faveur de la jeunesse. En outre, le thème du Forum de cette année était aligné avec la Journée internationale de la Jeunesse 2019*, dont l'objectif était « la transformation de l'éducation » pour la rendre plus inclusive et plus accessible pour tous les jeunes.
Le prochain Forum social aura lieu les 6 et 7 octobre 2020 et aura pour thème la lutte contre la pauvreté et les inégalités.
15 octobre 2019