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Réfugiés

Les réfugiés rohingya et le droit à l’éducation

15 octobre 2019

Zakir avait tout juste 11 ans lorsque ses parents lui ont annoncé que lui et sa famille devaient fuir leur pays, le seul endroit qu'il n'ait jamais connu.

Les forces de sécurité de l'État rakhine, une région du Myanmar ravagée par les conflits, avaient commis une vague d'assassinats contre la minorité ethnique des Rohingya, à laquelle appartient Zakir, « et la mer était notre seule issue de secours », explique-t-il.

Avec sa famille, ce jeune adolescent a marché pendant sept jours jusqu'à la côte, où il a embarqué sur un navire en bois où se sont entassés plus de 1 000 réfugiés rohingya.

Au cours du voyage, qui a duré plusieurs semaines, la nourriture et l'eau manquaient, et des querelles ont éclaté. Au moins 30 passagers sont morts, décrit-il, beaucoup d'entre eux ayant été emportés par-dessus bord par de très hautes vagues.

Après un bref arrêt en Thaïlande et un autre court voyage en bateau, Zakir est enfin arrivé en Malaisie, un pays qui a donné refuge à des dizaines de milliers de Rohingya en quête d'une vie meilleure.

Cependant, Zakir a dû faire face à de nouveaux obstacles alors qu'il commençait sa nouvelle vie : il ne parlait pas la langue locale et il ne pouvait pas aller à l'école, étant donné que les établissements scolaires publics en Malaisie sont réservés aux citoyens malaisiens et n'acceptent pas les réfugiés.

En 2017, il a toutefois eu la chance d'intégrer un « centre d'apprentissage alternatif » qui venait de s'ouvrir, à savoir l'École d'excellence intégrée pour les Rohingya, également appelée RISE (Rohingya Integrated School of Excellence).

Michelle Bachelet a visité le centre durant ce qui fut la toute première visite officielle d'un Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme en Malaisie.

Sa visite dans le pays a été l'occasion d'attirer l'attention sur les problèmes auxquels sont confrontés les réfugiés – un sujet que Mme Bachelet connaît bien. « Toute personne a droit à l'éducation », a déclaré Mme Bachelet dans un message publié sur Twitter peu après sa visite au centre pour Rohingya, pour faire écho à la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui a été adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies en 1948. « Toute personne mérite de pouvoir acquérir des compétences pour bâtir un avenir meilleur », a-t-elle ajouté.

Pour des élèves comme Zakir, ces droits sont primordiaux.

Certains élèves de l'établissement RISE ne savaient toujours pas lire ni écrire à l'âge de 12 ou 13 ans, a indiqué Noor Halimahton d'Islamic Relief en Malaisie. Il a toutefois ajouté que « si nous pouvons les aider à obtenir une éducation de base, ils peuvent au moins survivre et avoir une chance d'échapper à la pauvreté ».

« Nous pensons qu'il y a de l'espoir pour ces enfants », a déclaré M. Halimahton.

L'établissement RISE, qui compte 7 enseignants et 41 élèves âgés de 7 à 15 ans, offre plusieurs matières allant de l'anglais aux sciences, en passant par les mathématiques et les arts. Grâce à lui, les réfugiés peuvent rêver à un brillant avenir.

Lorsqu'on lui demande ce qu'il souhaite faire plus tard, Zarik n'hésite pas un seul instant : « Je veux être un scientifique ou un astronaute. » « Pourquoi ? » lui demande-t-on. Il répond simplement : « parce que je veux protéger la terre. »

L'avenir s'annonce néanmoins sombre, même pour les enfants qui ont la chance d'intégrer des centres d'apprentissage alternatifs, car ils ne peuvent pas travailler légalement en Malaisie lorsqu'ils atteignent l'âge adulte. Bien que beaucoup espèrent obtenir l'asile dans un pays tiers, la plupart des élèves de l'établissement RISE proviennent de familles qui vivent en Malaisie depuis déjà deux ou trois générations.

La véritable question est la suivante : « que se passe-t-il pour ces élèves lorsqu'ils ont terminé leurs études ici ? » C'est ce qu'a demandé le Ministre des affaires étrangères de la Malaisie Saifuddin Abdullah après sa visite au centre pour Rohingya avec Mme Bachelet, ajoutant que le Gouvernement analysait la possibilité d'offrir une accréditation aux diplômés du centre pour leur permettre d'entrer dans des universités locales ou étrangères.

Lors d'une conférence de presse à Kuala Lumpur, Michelle Bachelet a déclaré qu'elle espérait que la Malaisie ratifierait la Convention de 1951 sur les réfugiés, qui énonce les droits des personnes déplacées.

Elle espère également que « la reconnaissance juridique des réfugiés sera renforcée et que le droit à l'éducation et l'accès au marché du travail seront assurés pour tous les réfugiés ».

15 octobre 2019