Les jeunes autochtones défendent les droits de l’homme de toutes les générations
03 décembre 2019
« Nous sommes convaincus qu'en défendant les droits des jeunes, nous défendons les droits de toutes les générations », a déclaré Dalí Silvia Angel, une militante des droits des jeunes autochtones. « Car ces jeunes deviendront des adultes, ils deviendront des parents, des grands-parents. »
Dalí est une défenseuse des droits des peuples autochtones qui fait partie de l'organisme Red de Jóvenes Indígenas (réseau de la jeunesse autochtone) au Mexique. Elle s'est récemment rendue à Genève et a pris part au Forum social*, qui s'est concentré cette année sur la promotion et la protection des droits des enfants et des jeunes à travers l'éducation.
Red est un réseau de groupes de jeunes provenant de 15 pays d'Amérique latine et des Caraïbes. Cette organisation fournit aux jeunes autochtones un espace leur permettant de parler des obstacles qu'ils rencontrent et tire parti du nombre de jeunes impliqués pour rendre leurs problèmes visibles.
La région de l'Amérique latine et des Caraïbes recense l'une des plus grandes populations autochtones au monde. Selon un rapport publié par la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), cette région compte plus de 800 communautés autochtones différentes et environ 200 d'entre elles vivent volontairement en isolement en raison des pressions exercées sur les ressources présentes sur leurs territoires ou dans les régions avoisinantes.
Pour Dalí, cette pression, venant en particulier des industries extractives, est à l'origine de nombreux problèmes pour les communautés autochtones, surtout pour les jeunes. Le manque d'éducation et de possibilités d'emploi a conduit de nombreuses personnes à quitter leurs communautés pour s'installer dans de plus grandes villes. Dans ces dernières, ils font souvent victimes de racisme et de discrimination, et doivent dissimuler leur culture pour survivre, explique Dalí. Les organisations comme Red de Jovenes Indígenas donnent aux jeunes la possibilité d'être eux-mêmes et attirent l'attention des autorités locales, régionales et nationales sur les problèmes qu'ils rencontrent.
« Il est important pour nous de rendre cette situation visible, afin de ne pas garder le silence, pour amener les États à réagir à la situation », explique-t-elle.
Dalí estime qu'elle n'avait pas d'autre choix que de devenir une défenseuse des droits de la personne. Ayant grandi dans une communauté autochtone dont les territoires avaient été envahis, et son peuple persécuté, elle se devait d'agir.
« Vivre dans cette situation vous fait réfléchir, et je me suis dit que si je ne voulais pas voir cette situation continuer, je devais faire quelque chose », explique-t-elle. « Dans mon cas, et dans le cas des jeunes autochtones, [le fait d'être une défenseuse des droits de la personne] est une réalité que nous devons vivre. »
Dalí pense qu'il est important que les jeunes autochtones défendent les droits de l'homme, car pour ces communautés, tous les droits sont liés – les droits individuels sont les droits collectifs. Par exemple, il est contreproductif de parler du droit à l'éducation lorsqu'un enfant n'a rien à manger, n'a pas accès à des soins de santé ou n'a nulle part où aller, ajoute-t-elle. Et pour les communautés autochtones, tous ces droits sont liés au droit à la terre et à l'autodétermination.
« Qui vous fournit un logement ? Le territoire. Grâce à qui êtes-vous en bonne santé ? La terre », clame-t-elle. « C'est important, car les jeunes autochtones ne dissocient pas les droits individuels des droits collectifs en ce qui concerne les droits de l'homme ».
Elle estime que c'est pour cette raison qu'il est important de parler des problèmes existants et de mener des activités de plaidoyer à grande et petite échelle pour défendre les droits des peuples autochtones et dénoncer les violations commises.
« Comme on le dit souvent, rien ne doit être fait pour nous sans nous », affirme-t-elle. « Si vous voulez que la situation soit visible, alors nous devons être présents et votre voix doit être entendue. »
Ce récit fait partie d'une série d'articles parus dans le cadre de la célébration de la Journée des droits de l'homme 2019, qui met l'accent sur les actions menées par les jeunes défenseurs des droits de l'homme. Découvrez comment les jeunes défendent les droits de l'homme.
3 décembre 2019