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Rapport : les femmes détenues font l’objet de graves violations des droits de l’homme

28 juillet 2020

DPRK

 

Affamées. Torturées. Forcées à avorter.

Les femmes qui ont été rapatriées de force en République populaire démocratique de Corée et placées dans des centres de détention ont subi de graves abus presque quotidiennement.

« J'ai à peine survécu avec seulement cinq petites pommes de terre à manger. J'avais extrêmement faim. J'ai même mangé du riz et d'autres restes que j'avais trouvés dans l'eau après avoir lavé la vaisselle des gardiens », a raconté l'une des détenues à propos de son emprisonnement en 2016.

 « Ils nous battaient », a relaté une autre femme ayant été placée en détention provisoire en 2014. « Des personnes étaient emmenées pour être interrogées et revenaient avec des bleus. Elles pleuraient. J'ai été battue moi aussi. J'ai d'abord été enchaînée et j'ai été battue pour avoir menti, alors que je disais la vérité... Il y avait des interrogations tous les jours. »

Les femmes subissent également des traitements humiliants et dégradants constituant parfois des violences sexuelles de la part des agents de sécurité et de police, notamment durant les fouilles corporelles invasives qu'on leur inflige.

 « Ils nous ont fouillées pour trouver de l'argent, et cette fouille était invasive. Ils ont fouillé nos cavités. Ces différentes fouilles corporelles ont eu lieu à chaque fois qu'on était transférées dans un nouveau centre. »

D'anciennes détenues ont également décrit des cas d'avortements forcés.

« Une autre femme était enceinte de huit mois. Elle et d'autres femmes ont été envoyées dans un hôpital militaire. On lui a fait une injection qui était censée tuer le fœtus. Pourtant, le fœtus n'est pas sorti, donc on l'a opérée. Après l'avortement, on l'a renvoyée dans le centre de détention sans traitement médical. »

Ces récits font partie des témoignages figurant dans le rapport sur les violations des droits de l'homme subies par les femmes détenues en République populaire démocratique de Corée, intitulé "I still feel the pain…" human rights violations against women detained in the Democratic People's Republic of Korea.Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, a jugé ces témoignages et les conclusions du rapport choquants et déchirants. 

« Cela m'a fendu le cœur de lire les histoires de ces femmes qui ont tenté de fuir leur pays pour s'en sortir, mais qui ont fini par être punies. Il s'agit de femmes qui ont souvent été victimes d'exploitation et de traite et qui devraient être aidées, au lieu d'être détenues et soumises à de nouvelles violations des droits de l'homme », a-t-elle déclaré. « Ces femmes ont le droit à la justice, à la vérité et à la réparation. »

Ce rapport se fonde sur plusieurs sources d'information, dont des interviews détaillées menées par le HCDH avec plus d'une centaine de femmes victimes de rapatriement forcé et de détention en République populaire démocratique de Corée entre 2009 et 2019. Ces femmes ont réussi à s'échapper et ont été interviewées par le HCDH en dehors du pays.

Le rapport stipule que « les femmes ayant essayé de fuir le pays sans autorisation officielle, ou ayant été rapatriées de force en République populaire démocratique de Corée après avoir réussi à le faire, ont subi de graves violations des droits de l'homme ». « Les informations recueillies par le HCDH indiquent qu'au moment de leur arrestation, ces femmes sont systématiquement punies pour avoir quitté le pays sans autorisation, détenues dans des conditions inhumaines et soumises à la torture et à de mauvais traitements. Aucune d'entre elles ne bénéficie des protections essentielles, comme le droit à un procès équitable. »

Selon le rapport, quitter la République populaire démocratique de Corée sans autorisation est considéré comme un crime en vertu du droit national et ceux qui osent le faire doivent effectuer des voyages périlleux. Un grand nombre de personnes qui entreprennent ce voyage sont des femmes, qui traversent la frontière pour mener des activités commerciales et d'échange ou qui cherchent à s'installer dans un autre pays.

Les personnes qui sont rapatriées de force sont détenues par le Ministère de la sécurité d'État ou par le Ministère de la sécurité populaire, où elles sont condamnées à l'emprisonnement par des représentants de l'État, souvent sans procès ou suite à des procédures non conformes aux normes internationales en matière de garanties judiciaires et de procès équitable.

Le rapport fournit plusieurs recommandations au Gouvernement de la République populaire démocratique de Corée, notamment : veiller à ce que le droit à la liberté de circulation soit garanti pour tous les citoyens ; mettre fin aux fouilles corporelles invasives et dégradantes des personnes détenues ; mettre un terme aux brutalités et autres mauvais traitements durant les interrogations et pour discipliner les personnes détenues ; et redistribuer les ressources pour garantir des espaces, de la nourriture, de l'eau et des soins de santé adéquats dans les lieux de détention.  Le Gouvernement est encouragé à renforcer sa coopération avec le HCDH pour mettre en œuvre toutes ces étapes nécessaires.  

28 juillet 2020

 

DPRK