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Ukraine

Ukraine : il ne faut laisser personne de côté dans la lutte contre la COVID-19

15 octobre 2020

Lorsqu’on travaille dans le domaine des droits de l’homme, ne laisser personne de côté est une composante essentielle de notre méthodologie. Dans la lutte contre la COVID-19, les droits des personnes vivant dans les conditions les plus vulnérables, notamment les minorités, les personnes âgées, les sans-abri et les victimes de violence domestique, sont encore plus menacés.

Que ce soit avant ou durant la pandémie de COVID-19, la Mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine a œuvré pour protéger et promouvoir les droits de toutes les personnes affectées, en particulier celles dans les situations les plus vulnérables.

Le pays a été gravement touché par la pandémie, qui a recensé 276 177 cas et 5 229 décès au moment de la rédaction de cet article (source : Organisation mondiale de la Santé).

Krassimir Yankhov, chef du bureau sur le terrain de Kharkiv, a répondu à nos questions.

Comment la COVID-19 a-t-elle affecté votre travail ?

En raison des restrictions dues à la quarantaine, nous avons dû revoir rapidement et de manière créative la manière dont nous suivions la situation des droits de l’homme. Passer de conversations en face à face à des réunions en ligne peut avoir des inconvénients, mais cela peut aussi être l’occasion d’atteindre un plus grand public sur une plus courte période. Nous continuons à dialoguer avec nos interlocuteurs réguliers, dont des membres de la société civile à Kharkiv, ainsi qu’avec des victimes de violations des droits de l’homme.

Par ailleurs, depuis que nous travaillons tous de notre domicile, nous sommes tous confrontés à de nouvelles difficultés sur le plan personnel, comme nous occuper de personnes âgées dans notre famille, ou travailler tout en gardant nos enfants. Cependant, nous sommes tous dans le même bateau, et dans notre famille comme dans notre équipe, nous nous soutenons du mieux que nous pouvons.

Que fait le HCDH pour protéger les droits de la population pendant cette pandémie ?

L’un de nos principes directeurs, qui est de ne laisser personne de côté, est au cœur de notre travail en Ukraine. Cela n’a pas changé avec la crise liée à la COVID-19. Nous recensons et analysons les besoins de ceux qui risquent d’être les plus touchés par la pandémie, notamment les personnes âgées, les minorités, les personnes handicapées, les sans-abri, les personnes placées en détention ou en institution et les victimes de violence domestique. Les informations que nous recueillons nous aident à faire des recommandations sur les moyens d’améliorer la situation. Nous avons partagé ces recommandations avec le Gouvernement ukrainien, nos partenaires de la société civile, le public et l’équipe de pays des Nations Unies afin de veiller à ce qu’un ordre de priorité soit établi pour les questions relatives aux droits de l’homme. Nous avons transmis deux notes d’information sur les effets de la COVID-19 et les mesures de prévention relatives aux sans-abri* et aux Roms* en Ukraine. Nous finalisons aussi actuellement une note d’information sur l’impact du virus sur les personnes handicapées.

Pouvez-vous fournir un exemple réussi d’activité de plaidoyer conduite par le HCDH ?

Les audiences en ligne en sont un bon exemple. L’Administration judiciaire nationale a adopté plusieurs réglementations permettant l’organisation d’audiences en ligne. Toutefois, seules les personnes détenant une signature numérique pouvaient participer à ces audiences. Malheureusement, en raison des premières quarantaines mises en place au printemps, il était impossible d’obtenir une signature numérique, ce qui privait de nombreuses personnes du droit de participer à ce type d’audiences. Nous nous sommes adressés à l’Administration judiciaire nationale et avons recommandé que le système judiciaire permette aux personnes d’accéder à ces audiences en ligne par d’autres moyens que le recours aux signatures numériques. À la suite à notre plaidoyer, l’Administration judiciaire nationale a accepté de modifier les réglementations.

Quels sont les principaux enjeux liés aux droits de l’homme en Ukraine dans le cadre de la lutte contre la COVID-19 ?

Les problèmes liés aux droits de l’homme causés par la COVID-19 touchent l’ensemble de l’Ukraine, y compris les territoires non contrôlés par le Gouvernement. Si la crise nous a tous touchés, elle expose également les inégalités dans la société et affecte le plus durement les groupes vulnérables.

L’accès aux soins de santé, à l’éducation, à la justice – et j’en passe – est encore plus affecté par la crise. Dans la région de Kharkiv, où je travaille, et dans tout le pays, les femmes, les personnes placées en détention ou en institution, les personnes âgées, les sans-abri, les Roms et les personnes handicapées sont touchés de manière disproportionnée par la crise.

Quels ont été les principaux défis et leçons tirées jusqu’à présent pendant la pandémie ?

À cause de la pandémie, nous n’avons plus un accès direct hors-ligne avec les victimes de violations des droits de l’homme. Cependant, la situation a une fois de plus prouvé l’importance de notre travail de suivi et de sensibilisation pour les personnes les plus vulnérables. Nous continuons à mener des opérations de suivi en personne lorsque cela est possible. Dans ces cas, nous suivons toutes les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé, comme l’éloignement physique, le port du masque, etc. Si un suivi en direct n’est pas possible, nous effectuons ce travail en ligne, ce qui prouve que rien n’est impossible ! D’une certaine manière, il est devenu plus facile de réunir des gens en ligne. Nous parlons également aux victimes des violations des droits de l’homme en ligne.

Pourquoi est-il important de soutenir les droits de l’homme pendant cette pandémie ?

Plus que jamais, la pandémie de COVID-19 nous a montré que nous sommes dans le même bateau. C’est pour cela qu’il est important de prévoir ce qu’il se passera après la pandémie, en utilisant une approche fondée sur les droits de l’homme et en nous assurant de ne laisser personne de côté lorsque nous prendrons des décisions qui auront une influence sur notre avenir commun.

15 octobre 2020