« Nous devons faire plus d’efforts pour protéger les minorités »
16 décembre 2022
« Il y a trente ans, le monde a promis de protéger davantage les droits humains des personnes issues de minorités nationales, ethniques, religieuses et linguistiques dans tous les domaines de la vie », a déclaré Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme à l’occasion du 30e anniversaire de la Déclaration sur les droits des minorités.
Le 18 décembre 1992, les États Membres des Nations Unies ont adopté la Déclaration sur les droits des minorités. Dans son tout premier article, la Déclaration stipule que les États doivent protéger l’existence, l’identité et les droits des minorités à l’égalité et à la participation.
« Nous reconnaissons tous que la promotion et la protection des minorités sont une obligation inhérente aux droits de l’homme universels, et ce dans l’intérêt de l’ensemble de la société », a indiqué M. Türk. « Pour lutter contre la discrimination, y compris sous ses nombreuses formes croisées, nous devons utiliser plus efficacement les outils à notre disposition. »
Cet anniversaire marque la fin d’une année de commémorations de la Déclaration sur le thème « Tous ensemble pour les droits des minorités », qui repose sur le principe que la promotion des droits de toute personne appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques contribue à la stabilité et au progrès politiques et sociaux de l’État dans lequel elle vit.
Le HCDH a organisé des activités tout au long de l’année, notamment des ateliers, des tables rondes, des consultations, un séminaire régional, le lancement de deux publications juridiques, un sommet sur la discrimination raciale et la protection des minorités dans le cadre de la paix, de la sécurité et de la prévention, une réunion de haut niveau de l’Assemblée générale, un concours de photos et la récente 15e session du Forum des Nations Unies sur les questions relatives aux minorités.
Le Forum a rassemblé des centaines de participants, dont des représentants de groupes minoritaires, des États Membres, des mécanismes, des organismes et des agences spécialisées des Nations Unies, des organisations régionales et des experts pour identifier les défis, analyser les meilleures pratiques et les opportunités, et créer des initiatives pour renforcer la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des minorités.
Il a également fourni une plateforme unique pour élaborer des stratégies visant à éliminer les obstacles qui empêchent la Déclaration de tenir ses promesses. Chaque année, le HCDH invite les bénéficiaires du Programme de bourses pour les minorités à participer au Forum et à présenter leur point de vue tout en créant des réseaux, en partageant leurs propres expériences en tant que minorités et en renforçant leurs compétences en matière de défense des droits de l’homme.
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À l’occasion du 30e anniversaire de la Déclaration sur les droits des minorités, nous devons prendre des mesures urgentes pour veiller à ce que les normes juridiques internationales mises en place pour protéger les minorités soient appliquées pour tous les groupes minoritaires partout dans le monde.
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Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme
Une voix en faveur du changement
Ojot Miru Ojulu est un ancien bénéficiaire du Programme de bourses pour les minorités appartenant à la minorité ethnique Anywaa de la région de Gambella, en Éthiopie. Depuis de nombreuses années, il lutte contre la discrimination à l’égard des minorités et promeut leur inclusion dans la vie politique, économique et sociale du pays.
Il travaille actuellement pour l’Institut danois des droits de l’homme en tant que représentant régional pour l’Afrique de l’Est, basé à Addis-Abeba. Il s’efforce également de créer des moyens d’autonomiser les minorités.
Ojot Miru Ojulu n’a pas toujours su qu’il voulait travailler dans le domaine des droits de l’homme. Sa connaissance des droits de l’homme était également très limitée avant sa participation au Programme de bourses. Selon lui, le Programme de bourses lui a permis d’acquérir une compréhension approfondie du système des droits de l’homme des Nations Unies et de la manière de promouvoir efficacement les droits de l’homme à l’échelle locale, nationale, régionale et internationale.
Avant de s’installer à Addis-Abeba, il n’était pas conscient des problèmes de discrimination dans son pays.
« Dans la région de Gambella, les autochtones noirs et les autres Éthiopiens à la peau brune des régions montagneuses vivent ensemble et se respectent », a-t-il déclaré. « Mais c’est en déménageant dans la capitale que j’ai réalisé que, vous savez, les gens me regardaient différemment et avaient l’habitude de m’insulter et parfois j’ai subi des attaques violentes à cause de ma couleur de peau. »
Il a vite réalisé qu’il devait prendre la parole.
« C’est mon pays, je suis un citoyen et je devrais être traité de la même manière, être vu de la même manière que toute autre personne », a-t-il déclaré. « Je n’étais pas le seul à l’époque (à être traité différemment), tous les Noirs comme moi des autres régions des basses terres d’Éthiopie étaient concernés. »
Le fait d’être boursier lui a permis d’en apprendre davantage sur la façon dont il pouvait défendre ses intérêts et ceux des autres. Il a également réalisé que le Forum était une excellente plateforme pour que les minorités puissent exprimer leurs préoccupations et pour que la communauté internationale soit informée de ce qui arrive aux minorités dans les différents pays.
Selon lui, la marginalisation, la discrimination et l’exclusion d’une participation active et significative aux processus décisionnels et aux opportunités économiques, en particulier au niveau national, constituent des défis communs à toutes les minorités de son pays.
« La participation des minorités est donc très faible », a-t-il déclaré. « J’ai également estimé que c’était une erreur. Nous sommes des citoyens et tous les gens devraient avoir les mêmes chances. »
M. Türk a souligné qu’une étape importante pour remédier à l’inégalité de traitement et à la marginalisation par les systèmes sociaux consiste à faciliter la participation des minorités et de leurs représentants, notamment des femmes minoritaires, à la prise de décision à tous les niveaux.
« Nous devons faire place à la diversité en protégeant les droits des minorités », a-t-il ajouté. « Les identités pluralistes, multiples et à plusieurs niveaux contribuent à former un tissu sociétal plus coloré. La variété des fils qui sont tissés ensemble renforce notre tissu social. »