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Déclarations Multiple Mechanisms FR

Journée annuelle de débat consacrée aux droits fondamentaux des femmes

27 juin 2019

Réunion-débat 1 : la violence à l’égard des femmes dans le monde du travail

Quarante et unième session du Conseil des droits de l’homme

Déclaration liminaire de Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme

Le 27 juin 2019

 

Monsieur le Président,
Excellences,
Chers collègues et amis,


La violence à l'égard des femmes dans le monde du travail constitue pour ces dernières un obstacle majeur et généralisé à l'exercice de leurs droits et libertés fondamentaux. Je me réjouis de voir ce Conseil accorder toute son attention à cette question importante et je 'alue l'adoption la semaine der'ière d'une nouvelle Conventio' sur l'élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travai' par l'Organisation internationale du Travail. 

Les comportements et les pratiques causant des préjudices physiques, psychologiques, sexuels ou économiques aux femmes et aux filles nuisent à la santé – physique et mentale – de ces dernières et réduisent leur chance d'entrer ou de rester sur le marché du travail.

 L'absence de perspectives de carrière conduit de nombreuses femmes et filles à se retrouver prisonnières de l'insécurité économique, incapables de générer des revenus ou de bénéficier des systèmes de protection sociale.

De toute évidence, la violence dans le monde du travail peut toucher aussi bien les hommes que les femmes, mais les femmes sont plus susceptibles d'être la cible de ces abus. Ce phénomène provient clairement de la discrimination et des stéréotypes structurels et très répandus fondés sur le sexe. Une culture de l'impunité minimisant ou banalisant la violence à l'égard des femmes, ainsi que l'absence de garanties concernant l'égalité d'accès à la justice, exposent les femmes et les filles occupant des emplois informels et souvent plus précaires à des risques accrus de violence et d'abus.

En raison des nombreuses formes de discrimination qu'elles subissent, les femmes sont régulièrement obligées d'accepter des emplois dans le secteur industriel ou des emplois moins bien rémunérés, leur condition sociale est souvent inférieure, et elles ne peuvent souvent pas exercer leurs droits syndicaux et du travail. Les secteurs à haut risque de violence à l'égard des femmes comprennent l'agriculture ; l'industrie manufacturière à forte intensité de main-d'œuvre ; l'hôtellerie, la restauration et le commerce de détail ; le travail domestique ; et les services publics tels que les transports et les soins de santé.

Des enquêtes menées dans l'industrie de la fleur en Équateur, dans l'industrie du vêtement au Bangladesh, au Cambodge et en Inde, et auprès de travailleuses des transports dans 24 pays européens révèlent qu'entre 25 et 60 % des femmes ont subi des agressions physiques, verbales ou sexuelles dans le cadre de leur travail.

Il est dans l'intérêt de chaque État, chaque entreprise, chaque usine, chaque communauté, chaque famille et chaque individu de s'attaquer à ce problème. L'impact sur les droits et libertés de ces personnes est grave, et il affecte la productivité, les revenus des entreprises, et la croissance et la durabilité des économies nationales.

Pour lutter contre la violence dans le monde du travail, de nombreux pays ont cherché à adopter différents mécanismes de prévention et de protection au fil des ans – notamment des cadres réglementaires sociaux, professionnels, pénaux et administratifs.

Toutefois, les lois relatives à la violence à l'égard des femmes et des filles ont souvent une portée limitée. Elles ne couvent pas forcément tous les secteurs professionnels, et peuvent exclure les personnes travaillant dans des secteurs moins protégés, tels que le travail domestique  – notamment les travailleuses domestiques migrantes – ou encore le secteur informel. Comme pour beaucoup d'autres formes de violence, les femmes qui subissent ces abus craignent souvent d'être stigmatisées, licenciées ou socialement ostracisées – au travail ou à la maison – si elles parlent. De plus, lorsqu'elles signalent des cas de violence, elles sont souvent ignorées ou tenues pour responsables.

Nous devons garantir aux femmes et aux filles l'accès à la justice et à des recours efficaces. C'est aux États qu'il incombe en premier lieu de protéger les personnes contre les abus, mais les employeurs, tant dans le secteur public que privé, ont également le devoir de protéger les travailleurs.  Cela est possible grâce à une protection efficace du travail, à des politiques de sécurité et de santé au travail et à des mécanismes de plainte visant à prévenir la violence et à y répondre – y compris la protection des victimes contre les représailles. Il est essentiel que les entreprises, les partenaires sociaux et les syndicats prennent des mesures pour prévenir la violence contre les femmes sur le lieu de travail.

Le nouvel instrument contraignant proposé par l'OIT vise à établir une approche intégrée et sensible au genre pour mettre fin à la violence et au harcèlement contre les travailleuses, indépendamment de leur statut contractuel et de leur contexte. Il s'attaque aux causes sous-jacentes et aux facteurs de risque, y compris les stéréotypes sexistes, la discrimination et les relations de pouvoir inégales fondées sur le sexe. Il reconnaît également le continuum de la violence, tel que l'impact de la violence domestique sur les travailleurs.

Je ne vois pas de meilleure façon de marquer le centenaire des efforts vitaux de l'OIT en faveur des droits des travailleurs et de la justice sociale que cette initiative essentielle pour promouvoir les droits des femmes.

Merci.

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