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Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Citant le risque de COVID, Bachelet appelle l'Iran à libérer les défenseurs des droits de l'homme emprisonnés

06 octobre 2020

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Genève (6 octobre 2020) - La Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a exprimé ce mardi sa profonde inquiétude face à la détérioration de la situation des défenseurs des droits de l'homme, des avocats et des prisonniers politiques détenus dans les prisons iraniennes et a appelé les autorités à les libérer dans le contexte de la pandémie de COVID-19.

L'Iran est le pays le plus touché par la COVID-19 dans la région. Son système pénitentiaire souffre d'un surpeuplement chronique et de mauvaises conditions sanitaires qui se sont aggravées pendant la pandémie. Les pénuries d'eau, de produits d'hygiène et de désinfectant, l'insuffisance des équipements de protection et des kits de dépistage ainsi que des soins médicaux inadéquats et le manque d'espaces d'isolement ont entraîné la propagation du virus parmi les détenus et auraient causé un grand nombre de décès.

En février, le pouvoir judiciaire iranien a émis des directives sur les libérations temporaires afin de réduire la population carcérale et d'éviter une plus grande propagation du virus. Quelque 120 000 détenus ont bénéficié de telles mesures, selon les chiffres officiels. Ces mesures semblent avoir été suspendues et les prisonniers ont dû revenir en grand nombre. Par ailleurs, les personnes condamnées à plus de cinq ans de prison pour des infractions liées à la "sécurité nationale" en ont été exclues.

En conséquence, la plupart de ceux qui auraient été détenus arbitrairement – dont les défenseurs des droits de l'homme, les avocats, les binationaux et les ressortissants étrangers, les écologistes et les autres personnes privées de leur liberté pour avoir exprimé leurs opinions ou exercé d'autres droits - ont été exposés à un risque accru de contracter le virus.

"En vertu du droit international relatif aux droits de l'homme, les États sont responsables du bien-être, ainsi que de la santé physique et mentale, de toute personne dont ils ont la charge, notamment de toute personne privée de leur liberté", a déclaré Mme Bachelet. "Les personnes détenues uniquement en raison de leurs opinions politiques ou pour d'autres formes d'activisme en faveur des droits de l'homme ne devraient pas être emprisonnées du tout, et ces prisonniers ne devraient certainement pas être traités plus sévèrement ou exposés à un plus grand risque".

"Je suis troublée de voir comment les mesures destinées à atténuer la propagation de la COVID-19 ont été utilisées de manière discriminatoire contre ce groupe spécifique de prisonniers", a-t-elle ajouté.

L'un des cas les plus emblématiques est celui de l'éminente avocate des droits de l'homme et défenseuse des droits des femmes Nasrin Sotoudeh, qui a été condamnée à une peine combinée équivalente à plus de 30 ans de prison pour des accusations liées à son travail relatif aux droits de l'homme. Pour protester contre l'usage continu de la détention arbitraire, ainsi qu'à l'insuffisance des soins médicaux en prison, Sotoudeh a entamé une deuxième grève de la faim en août, qui s'est terminée près de 50 jours plus tard en raison de la détérioration rapide de son état de santé. Son problème cardiaque nécessite un traitement spécialisé.

"Je suis très inquiète de savoir que la vie de Nasrin Sotoudeh soit en danger", a déclaré la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme. "Une fois de plus, j'exhorte les autorités à la libérer immédiatement et à lui accorder la possibilité de se rétablir chez elle avant de suivre le traitement médical de son choix. Au fil des ans, elle a été une défenseuse dévouée et courageuse des droits de ses compatriotes iraniens, et il est temps que le gouvernement cesse de violer ses droits en raison des efforts qu'elle a réalisés pour les autres".

La Haute-Commissaire a exprimé sa préoccupation quant au ciblage persistant et systématique des individus qui expriment toute opinion divergente, et la criminalisation de l'exercice des droits fondamentaux.

"Il est décourageant de voir l'utilisation du système de justice pénale comme un outil pour faire taire la société civile. L'expression d'une opinion divergente n'est pas un crime. C'est un droit fondamental qui devrait être protégé et respecté", a déclaré Mme Bachelet.

"J'exhorte le gouvernement iranien à revoir, à la lumière des obligations juridiques internationales de l'Iran – notamment le droit à un procès équitable - toutes les condamnations de personnes détenues sans fondement juridique suffisant. Et j'appelle à la libération inconditionnelle des défenseurs des droits de l'homme, des avocats, des prisonniers politiques, des manifestants pacifiques et de toutes les autres personnes privées de leur liberté pour avoir exprimé leurs opinions ou exercé leurs droits de toute autre manière", a déclaré la Haute-Commissaire. "Il est particulièrement important de rectifier de telles injustices au moment où la COVID-19 circule dans les prisons iraniennes".

FIN

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