Communiqués de presse Procédures spéciales
Pour un expert des droits de l’homme des Nations Unies, l’affaire concernant un étudiant américain interpelle sur les conditions de détention en Corée du Nord
Conditions de détention en RPDC
16 juin 2017
GENEVE (16 juin 2017) – Un Rapporteur spécial des Nations Unies a appelé au respect des droits de l'homme des détenus en Corée du Nord, après la libération de l'étudiant américain Otto Warmbier, au début de la semaine.
M. Warmbier avait été arrêté l'année dernière à l'occasion d'un voyage à Pyongyang et condamné à une peine d'emprisonnement de 15 ans au motif qu'il aurait planifié des activités hostiles contre l'État. Il serait dans le coma depuis mars 2016, apparemment après la prise d'un somnifère donné par des agents pénitentiaires.
«Tout en me félicitant de la libération de M. Warmbier, je suis très inquiet de son état de santé et les autorités nous doivent une explication claire sur ce qui a provoqué ce coma,» a déclaré Tomás Ojea Quintana, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC).
«Son cas permet de rappeler les conséquences catastrophiques de l'absence de soins médicaux appropriés pour les prisonniers en RPDC,» a-t-il insisté.
On dispose de très peu d'informations sur les prisons de Corée du Nord. En 2014, une commission d'enquête des Nations Unies a découvert que des milliers de personnes étaient régulièrement détenues dans tout le pays, dans des conditions inhumaines et soumis à la torture et au travail forcé.
On pense également que des camps de prisonniers politiques, peut-être cinq, existeraient dans le pays pour les crimes les plus graves. Des ressortissants étrangers ont aussi été détenus pour des motifs politiques, notamment deux professeurs d'université américains à Pyongyang qui ont été arrêtés cette année pour complot présumé contre l'État.
M. Ojea Quintana a souligné le fait que, dès le début, les autorités ont négligé de protéger M. Warmbier.
«Son calvaire aurait pu être évité s'il n'avait été privé de ses droits fondamentaux lors de son arrestation, tels que la possibilité de consulter des agents consulaires et de se faire représenter par un avocat indépendant et de son choix,» a déclaré le Rapporteur spécial.
L'expert a indiqué que la RPDC a signé cinq traités relatifs aux droits de l'homme ainsi que la Convention de Vienne de 1963 sur les relations consulaires qui garantissent ces droits fondamentaux.
On ne sait pas exactement comment s'est déroulée la libération de M. Warmbier, bien que la dégradation rapide de son état de santé ait probablement incité la Corée du Nord à le libérer. «Il incombe au gouvernement de la RPDC de clarifier les causes et les circonstances de sa remise en liberté,» a insisté M. Ojea Quintana.
«J'appelle les autorités de la RPDC à protéger tous les prisonniers, qu'ils soient Nord-Coréens ou étrangers. La libération pour raisons humanitaires doit toujours être envisagée quand la santé des personnes se dégrade au point de mettre leur vie en danger, quel que soit leur crime,» a-t-il conclu.
FIN
M. Tomás Ojea Quintana (Argentine) a été nommé Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en RPDC par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies en 2016. M. Ojea Quintana, un avocat chevronné qui compte plus de 20 années d'expérience en matière de droits de l'homme, a travaillé pour la Commission interaméricaine des droits de l'homme et représenté l'ONG argentine «Abuelas de Plaza de Mayo» (Les Grands-mères de la place de Mai) dans des affaires d'enlèvement d'enfants sous le régime militaire. Ancien directeur exécutif du programme des droits de l'homme en Bolivie, il a été Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Myanmar de 2008 à 2014.
Les Rapporteurs spéciaux font partie de ce que l'on nomme les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Le terme «procédures spéciales», qui désigne le plus grand corps d'experts indépendants au sein du système onusien des droits de l'homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d'enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l'homme afin de traiter de la situation spécifique d'un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement; ils n'appartiennent pas au personnel de l'ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et siègent à titre personnel.
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