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Communiqués de presse Procédures spéciales

Un Rapporteur spécial des Nations Unies invite instamment Séoul et Pyongyang à se pencher sur la question des droits de l’homme

Les droits en Corée du Nord

27 juillet 2017

GENEVE / SEOUL (27 juillet 2017) – Les droits de l’homme doivent figurer en bonne place dans l’ordre du jour des débats consacrés à l’initiative proposée par la Corée du Sud visant à reprendre le dialogue militaire et humanitaire avec la Corée du Nord, a déclaré un expert des droits des Nations Unies.

M. Tomás OJEA QUINTANA, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC), a déclaré qu’il fallait saisir l’occasion de discuter des droits de l’homme dans le cadre de l’initiative actuelle visant à rétablir les liens rompus entre les deux pays.

" Je me félicite de l’initiative de l’administration du Président Moon Jae-in de reprendre le dialogue, mais il est important que cet engagement serve de plateforme pour inviter la Corée du Nord à réfléchir aux moyens d’améliorer la situation des droits de l’homme, " a déclaré M. OJEA QUINTANA alors qu’il conclut sa deuxième mission en République de Corée depuis sa nomination par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, l’année dernière.

Pyongyang a récemment rejeté un appel de Séoul à reprendre les réunions de familles interrompues depuis deux ans, après que la RPDC a repris ses essais nucléaires et ses tirs de missiles à longue portée.

La Corée du Nord a aussi déclaré qu’elle ne participerait à de nouvelles réunions qu’à la condition que 12 employées de restaurant, dont elle accuse la Corée du Sud de l’enlèvement en Chine en 2016, soient restituées. M. OJEA QUINTANA a affirmé que le rapport reçu contient des incohérences et a promis de suivre cette question avec les parties concernées afin d’aider les femmes et leur famille à reprendre contact.

Le Rapporteur spécial a également rencontré un homme qui souhaite retourner en Corée du Nord où vivent sa femme et son fils, malgré le risque de sanction pour avoir quitté son pays pour la Corée du Sud, il y a trois ans.

" Cela étant, ces cas soulignent la complexité de la question de la séparation des familles, qui a débuté il y a 70 ans, et le fait qu’elle ne cesse de prendre des formes nouvelles et touche profondément la population de la péninsule coréenne, " a-t-il fait valoir.

L’expert a mis l’accent sur l’augmentation du nombre de détentions et de rapatriements forcés de Nord-Coréens capturés en Chine, qui sont généralement condamnés à de lourdes peines de travaux forcés à leur retour.

" Les Nord-Coréens qui quittent le pays sont pris dans un effroyable cycle de violence physique et psychologique et j’ai été informé du suicide de nombre d’entre eux quand ils apprennent qu’ils vont être rapatriés, " a déclaré M. OJEA QUINTANA.

L’expert a indiqué que la Chine a l’obligation de respecter le principe de non-refoulement en vertu du droit international. " J’exhorte le gouvernement chinois à mettre fin à cette politique, à protéger les détenus et à collaborer avec ma mission et avec les organes de l’ONU pour réfléchir à d’autres solutions, " a-t-il insisté.

Le Rapporteur spécial a réitéré sa profonde inquiétude concernant la situation des droits de l’homme en Corée du Nord.

" Les informations reçues font état de diverses violations qui continuent d’affecter la vie des citoyens nord-coréens, voire des étrangers, " a-t-il dit, soulignant les allégations de détention arbitraire, de traite des personnes et de disparition forcée ainsi que les violences sexuelles et à caractère sexiste à l’encontre des femmes détenues dans les centres de rétention dans les zones frontalières.

Il a également mentionné que les conditions de détention constituaient un sujet d’inquiétude permanent: " La perspective d’être envoyé dans un camp d’internement politique ne cesse de hanter les Nord-Coréens. La peur est telle que chacun imagine que toute personne qui disparaît a été transférée dans l’un des cinq camps recensés. "

" La question concerne également les étrangers, dont certains ont été détenus pendant des mois sans accès à l’aide consulaire à laquelle ils ont droit, " a-t-il ajouté.

La récente répression portant sur l’utilisation d’équipements électroniques et de matériel audiovisuel étranger a été portée à l’attention des experts. " La campagne gouvernementale semble être en contradiction avec l’accès plus facile aux téléphones intelligents et aux DVD étrangers au sein de la population. Malgré toutes les restrictions et les sanctions, les informations finissent par circuler, " a-t-il ajouté. 

Depuis sa nomination, l’expert a adopté ce que son prédécesseur a nommé " double approche ", associant les appels au dialogue tout en mettant l’accent sur la nécessité de responsabiliser les autorités.

" Le débat sur la transparence se poursuivra, à la suite des dernières résolutions sur la RPDC adoptées au Conseil de sécurité et au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, mais nous devons étendre le concept et l’envisager dans une approche élargie nous invitant à réfléchir à ce qu’implique la garantie de la liberté et de la dignité de tous les Nord-Coréens. Bien sûr, ce dialogue implique également les autorités, " a insisté M. OJEA QUINTANA.

A l’occasion de sa mission de cinq jours à Séoul, du 17 au 21 juillet, le Rapporteur spécial a rencontré des hauts responsables du gouvernement et des représentants de la société civile et d’autres groupes. Ses demandes d’accès à la Corée du Nord sont restées lettre morte.

Le Rapport spécial rendra compte de ses conclusions et recommandations à l’Assemblée générale des Nations Unies en octobre 2017.

M. Tomás OJEA QUINTANA (Argentine) a été nommé Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en RPDC par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en 2016. M. Ojea Quintana, un avocat chevronné qui compte plus de 20 années d’expérience en matière de droits de l’homme, a travaillé pour la Commission interaméricaine des droits de l’homme et représenté l’ONG argentine " Abuelas de Plaza de Mayo " (Les Grands-mères de la place de Mai) dans des affaires d’enlèvement d’enfants sous le régime militaire. Ancien directeur exécutif du programme des droits de l’homme en Bolivie, il a été Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar de 2008 à 2014.

Les Rapporteurs spéciaux font partie de ce que l’on nomme les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Le terme " procédures spéciales ", qui désigne le plus grand corps d’experts indépendants au sein du système onusien des droits de l’homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d’enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l’homme afin de traiter de la situation spécifique d’un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement; ils n’appartiennent pas au personnel de l’ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et siègent à titre personnel.

Droits de l’homme, Nations Unies, page d’accueil du pays: République populaire démocratique de Corée

HCDH Bureau de Séoul

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