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Communiqués de presse Procédures spéciales

Mali: «Un climat de peur et d’insécurité dans le nord et le centre du pays», déclare l’Expert indépendant

Mali

11 octobre 2018

anglais

GENÈVE (11 Octobre 2018) - Mali: l’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali, M. Alioune Tine, est extrêmement préoccupé par la dégradation continue de la situation sécuritaire, et humanitaire au nord et au centre du pays. Le climat généralisé d’impunité a été également aggravé par les dysfonctionnements chroniques de la justice avec les magistrats en grève depuis plus de 70 jours. « L’État n’a pas assuré son rôle régalien de protection des biens et des personnes et de traduire en justice les auteurs d'actes criminels.»

« Au nord comme au centre du pays il règne un véritable climat de peur et d’insécurité avec un impact réel sur la vie des populations, hantées par les violences quotidiennes. Cette situation est due à l’absence de certaines autorités de l’État à Tombouctou, à Gao, à Kidal, à Mopti et à Ménaka, notamment l’absence du système judiciaire, administratif, de défense et de sécurité » a déclaré l'expert à la fin d’une visite de douze jours au Mali.

La recrudescence des confrontations entre membres de différentes communautés, les règlements de comptes, les assassinats ciblés, la pose des engins explosifs, les attaques des convois humanitaires, les enlèvements, les vols, les viols et les violences sexuelles commis sur les routes, et en villes impactent sur la vie, l’intégrité physique, la mobilité de personnes et sur leurs activées économiques. Même les femmes et les enfants ne sont pas épargnés par ces violences. « Aucune femme ne peut monter dans un bus entre Gao et Bamako sans risque de violence physique ou sexuelle » a dit l’expert indépendant.

M. Tine recommande à la communauté internationale de renforcer son engagement avec l’État malien pour qu’il puisse remplir ses obligations relatives à la protection des biens et des personnes, surtout concernant les violences faites aux femmes et aux jeunes filles, auxquelles il faut absolument mettre un terme.

L’expert indépendant a exprimé son inquiétude par rapport à l’exacerbation des conflits intercommunautaires qui constituent de plus en plus des ferments dangereux pour la cohésion nationale et le vivre ensemble. L’État du Mali, la société civile et les citoyens doivent développer de toute urgence des stratégies de nature à mettre fin à cette situation.

L’absence de l'État dans le centre et le nord du pays continue de toucher des milliers d'enfants qui n'ont pas la possibilité d'aller à l'école. Au moins 332 400 enfants ont été privés du droit à l’éducation durant l’année scolaire 2017-2018. Les enseignants craignent pour leur sécurité, en particulier dans les zones où des groupes armés extrémistes seraient actifs. "Des mesures de sécurité doivent être prises pour que le Mali évite une génération perdue d'écoliers", a averti Alioune Tine. L’expert indépendant salue toutefois les efforts du gouvernement avec la visite du Premier Ministre au Centre lors de la rentrée scolaire pour adresser à la fois cette question ainsi que celle des conflits intercommunautaires et l’invite à faire davantage pour assurer la sécurité des personnes dans le Centre et Nord du pays.

L’expert indépendant a exprimé également sa préoccupation par rapport aux tensions politiques liées à la situation post-électorale et à l’organisation des prochaines élections législatives qui doivent se dérouler dans la paix et la sérénité.
M. Tine a souligné qu’il y a des difficultés sérieuses dans la mise en œuvre de l’accord d’Alger qui pourrait être réglé par de mesures législatives fixant le statut juridique des acteurs de la paix. Les incompréhensions et malentendus que cela a créé auprès de certains acteurs de la paix, comme la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d'Alger et le Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) ont joué sur la confiance des groupes armés concernant l’application de l’Accord notamment sur le processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion, déterminant pour une paix durable.

L’expert indépendant recommande enfin à tous les acteurs sur le théâtre des opérations de respecter strictement l’indépendance et l’impartialité des organisations humanitaires dans leur assistance alimentaire et sanitaire aux populations touchées par le conflit.

Au cours de sa visite, M. Tine a visité les régions de Bamako, Gao et Kidal et a rencontré des membres du gouvernement malien, des membres de l'opposition politique, des membres de la communauté internationale, des membres des forces armées maliennes et du CMA, ainsi que des représentants de la société civile et des chefs traditionnels.

L'Expert indépendant présentera son rapport au Conseil des droits de l'homme en mars 2019.
FIN

M. Alioune Tine (Sénégal) a pris ses fonctions d’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali le 1er mai 2018. M. Tine a été un membre fondateur et le Président de la Rencontre Africaine Pour la Défense Des Droits de l’Homme (RADDHO) et Coordinateur du Forum des ONG Africaines à la Conférence Mondiale contre le Racisme en 2000. Il a publié beaucoup d’articles et d’études sur la littérature et les Droits de l’Homme. 

Les Experts indépendants font partie de ce qui est désigné sous le nom des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, l’organe le plus important d’experts indépendants du Système des droits de l’homme de l’ONU, est le terme général appliqué aux mécanismes d’enquête et de suivi indépendants du Conseil qui s’adressent aux situations spécifiques des pays ou aux questions thématiques partout dans le monde. Les experts des procédures spéciales travaillent à titre bénévole ; ils ne font pas partie du personnel de l’ONU et ils ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants des gouvernements et des organisations et ils exercent leurs fonctions à titre indépendant.

Droits de l’homme de l’ONU – Page d’accueil du Mali

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Cette année est la consécration du 70ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée par l’ONU le 10 décembre 1948. La Déclaration universelle, traduite en un record mondial de 500 langues, part du principe que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ». Ce message reste aujourd’hui essentiel pour chaque individu, chaque jour. En l’honneur du 70ème anniversaire de ce document au caractère extraordinairement précieux, et afin d’empêcher l’érosion de ses principes vitaux, nous exhortons tous les êtres humains, partout dans le monde, à se lever pour les droits de l’homme : www.standup4humanrights.org


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