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Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Soudan : un rapport dénonce l’horreur des violations et des abus alors que les combats se répandent

Soudan : un nouveau rapport de l’ONU fait état de violations et d’abus effroyables commis par les deux camps, alors que les combats se répandent

23 février 2024

Une jeune fille soudanaise qui a fui le conflit dans la région du Darfour et a été déplacée à l’intérieur du Soudan, passe devant des abris de fortune, alors qu’elle a trouvé refuge à Borota, au Tchad, près de la frontière avec le Soudan, le 13 mai 2023. © REUTERS/Zohra Bensemra

GENÈVE (le 23 février 2024) – Selon un rapport global publié par le HCDH, le conflit armé au Soudan a entraîné la mort de milliers de civils, le déplacement de millions de personnes, le pillage de biens et la conscription d’enfants, alors que les combats se sont étendus à de nouvelles régions du pays.

Ce rapport décrit de multiples attaques aveugles menées par les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide dans des zones densément peuplées, y compris des sites abritant des personnes déplacées, en particulier dans la capitale Khartoum, ainsi que dans le Kordorfan et le Darfour, au cours des combats qui ont eu lieu entre avril et décembre 2023.

« Depuis près d’un an, les témoignages en provenance du Soudan font état de morts, de souffrances et de désespoir, tandis que ce conflit insensé et les violations des droits humains se poursuivent, sans aucune fin en vue », a déclaré Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

« Ce rapport constitue une nouvelle lecture douloureuse sur la tragédie infligée inutilement au peuple soudanais depuis avril 2023, et il souligne une fois de plus la nécessité de mettre fin aux combats et de briser le cycle de l’impunité qui est à l’origine de ce conflit. Les armes doivent se taire et les civils doivent être protégés. Une reprise crédible de pourparlers inclusifs visant à restaurer un gouvernement dirigé par des civils est absolument nécessaire pour trouver une issue de sortie », a-t-il déclaré.

Cette semaine, des preuves vidéo crédibles examinées par le HCDH montrent que plusieurs étudiants voyageant par la route dans l’État du Kordofan septentrional auraient été décapités par des hommes en uniforme des Forces armées soudanaises dans la ville d’El-Obeid, les victimes ayant été considérées comme des partisans des Forces d’appui rapide en raison de leur appartenance ethnique supposée. La vidéo, publiée sur les réseaux sociaux le 15 février, montre des troupes défilant avec des têtes décapitées dans la rue tout en scandant des insultes à caractère ethnique.

Le rapport se fonde sur des entretiens menés avec 303 victimes et témoins, dont plusieurs dizaines en Éthiopie et dans l’est du Tchad, ainsi que sur l’analyse de photographies, de vidéos, d’images satellites et d’autres informations de source ouverte. Il montre que les deux parties au conflit ont utilisé des armes explosives à large rayon d’impact, dont des missiles tirés par des avions de chasse, des drones, des armes antiaériennes et des obus d’artillerie dans des zones densément peuplées.

En avril, lors de deux incidents distincts à Khartoum, huit missiles tirés par les Forces armées soudanaises ont causé la mort d’au moins 45 civils. En juin, deux obus d’artillerie tirés par les Forces d’appui rapide ont touché le souk Libya, un marché à Omdurman, tuant au moins 15 civils. Le 28 septembre, des obus des Forces d’appui rapide ont explosé dans une gare routière d’Omdurman, faisant au moins 10 morts parmi les civils.

Au Darfour, des milliers de personnes ont été tuées lors d’attaques des Forces d’appui rapide, dont certaines étaient motivées par l’origine ethnique. Le rapport indique qu’entre mai et novembre 2023, les Forces d’appui rapide et ses milices arabes alliées ont mené au moins dix attaques contre des civils à El Geneina, la capitale du Darfour occidental, tuant des milliers de personnes, dont la plupart appartiennent à la communauté ethnique africaine massalit. Les Forces d’appui rapide et ses alliés ont également commis des meurtres dans la ville de Morni et à Ardamata, où au moins 87 corps ont été enterrés dans une fosse commune.

À la mi-décembre, plus de 6,7 millions de personnes avaient été déplacées en raison du conflit, tant à l’intérieur du Soudan que dans les pays voisins. Ce nombre est passé depuis à plus de 8 millions.

Le rapport révèle qu’au 15 décembre 2023, au moins 118 personnes avaient été victimes de violences sexuelles, notamment de viols, de viols collectifs et de tentatives de viol, dont 19 enfants. De nombreux viols ont été commis par des membres des Forces d’appui rapide, dans des logements et dans la rue. Une femme a été détenue dans un bâtiment et soumise à des viols collectifs pendant 35 jours. Le rapport indique que seulement quatre victimes ont voulu et pu signaler ces violences sexuelles auprès des autorités, en raison de la stigmatisation, de la méfiance à l’égard du système judiciaire, de l’effondrement des institutions judiciaires et de la peur des représailles.

Selon lui, l’« Autorité populaire de soutien aux Forces armées soudanaises », une entité favorable aux Forces armées soudanaises, a déclaré avoir armé 255 000 jeunes hommes dans des camps à travers le Soudan. Des enfants ont également été recrutés par les Forces d’appui rapide dans des tribus arabes du Darfour et du Kordofan. Les communautés ethniques africaines, notamment les Four, les Massalit et les Zaghawa, auraient également répondu aux campagnes de recrutement des Forces armées soudanaises.

« Certaines de ces violations pourraient constituer des crimes de guerre », a déclaré M. Türk. Toutes les allégations de violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme doivent rapidement faire l’objet d’une enquête approfondie, efficace, transparente, indépendante et impartiale, et leurs auteurs doivent être traduits en justice. »

Le Haut-Commissaire a également appelé les deux parties au conflit à garantir un accès rapide et sans entrave à l’aide humanitaire dans toutes les zones sous leur contrôle respectif.

Lire le rapport complet (version préliminaire non éditée en anglais)

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