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Myanmar : Volker Türk tire la sonnette d’alarme face à la montée des tensions dans l’État rakhine

Arrière

19 avril 2024

Des soldats patrouillent dans les rues du village de Thapyuchai, à l’extérieur de Thandwe, dans l’État rakhine, le 2 octobre 2013. © REUTERS/Soe Zeya Tun

GENÈVE (le 19 avril 2024) – Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Volker Türk a averti aujourd’hui que l’intensification des combats dans l’État rakhine entre l’armée du Myanmar et l’armée arakanaise, ainsi que les tensions alimentées entre la communauté rohingya et la communauté ethnique rakhine, constituent une grave menace pour la population civile. Il a mis en garde contre le risque grave de voir se répéter les atrocités du passé.

Depuis que le cessez-le-feu informel d’un an entre les deux parties a été rompu en novembre dernier, 15 des 17 communes de l’État rakhine ont été touchées par les combats, qui ont fait des centaines de morts et de blessés, et porté le nombre de déplacés à plus de 300 000 personnes.

« L’État rakhine est redevenu un champ de bataille impliquant de multiples acteurs, et les civils paient un lourd tribut, les Rohingya étant particulièrement menacés », a déclaré le Haut-Commissaire. « Il est particulièrement inquiétant de constater que si en 2017, les Rohingya étaient pris pour cible par un seul groupe, ils sont aujourd’hui pris au piège entre deux factions armées connues pour les avoir tués. Nous ne pouvons laisser les Rohingya être à nouveau pris pour cible. »

L’armée du Myanmar perd rapidement du terrain face à l’armée arakanaise dans le nord et le centre de l’État rakhine. Cette situation a entraîné une intensification des combats dans les communes de Buthidaung et de Maungdaw, avant une bataille attendue pour la capitale de l’État rakhine, Sittwe. Les deux communes abritent d’importantes populations de Rohingya, ce qui les expose à de graves risques.

« Craignant la défaite, l’armée a scandaleusement commencé à enrôler de force, à soudoyer et à contraindre les Rohingya à rejoindre leurs rangs. Il est inadmissible qu’ils soient ciblés de la sorte, compte tenu des événements effroyables survenus il y a six ans et de l’extrême discrimination dont les Rohingya font toujours l’objet, y compris le refus de leur accorder la citoyenneté », a déclaré M. Türk.

Selon certaines informations, l’armée oblige les recrues ou les villageois rohingya à brûler les maisons, les bâtiments ou les villages de l’ethnie rakhine. Les villageois de l’ethnie rakhine auraient réagi en brûlant des villages rohingya. Le HCDH s’efforce de vérifier tous les rapports reçus, une tâche rendue complexe en raison d’une coupure des communications dans l’ensemble de l’État.

Selon M. Türk, la désinformation et la propagande sont également très répandues, comme en témoignent les affirmations selon lesquelles des « terroristes islamiques » ont pris en otage des hindous et des bouddhistes. « C’est le même type de discours haineux qui a alimenté les violences communautaires en 2012 et les attaques horribles contre les Rohingyas en 2017 », a-t-il déclaré.

Depuis le début de l’année, l’armée arakanaise s’est postée à l’intérieur de villages rohingya et dans leurs environs, invitant de fait l’armée du Myanmar à attaquer les civils rohingya.

Le 15 avril, le bureau de Médecins sans frontières et une pharmacie, de même qu’environ 200 habitations ont été incendiés à Buthidaung. Des centaines de personnes ont fui et se seraient réfugiées dans un lycée, sur le terrain de l’ancien hôpital et le long des routes de la ville de Buthidaung. Les hôpitaux de Maungdaw et de Buthidaung ayant été fermés par l’armée en mars et le conflit s’intensifiant, aucun traitement médical ne peut être effectué dans le nord de l’État rakhine.

« La sonnette d’alarme est tirée et nous ne devons pas laisser le passé se répéter », a déclaré M. Türk. « Les pays ayant une influence sur l’armée du Myanmar et les groupes armés impliqués doivent agir dès maintenant pour protéger tous les civils dans l’État rakhine et empêcher un autre épisode de persécution horrible des Rohingya. »

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