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Conflit au Soudan : un an après, Volker Türk met en garde contre une nouvelle escalade

Arrière

15 avril 2024

Photo montrant une voiture et des maisons endommagées à Omdurman, au Soudan, le 9 mars 2024. © REUTERS/El Tayeb Siddig

GENÈVE (le 15 avril 2024) – Un an après le déclenchement du conflit armé au Soudan, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Volker Türk a mis en garde contre une nouvelle escalade de la violence, alors que les parties au conflit arment les civils et que de nouveaux groupes armés se joignent aux combats.

« Le peuple soudanais a vécu des souffrances indicibles au cours du conflit, qui a été marqué par des attaques aveugles dans des zones densément peuplées, des attaques à motivation ethnique et une forte incidence de la violence sexuelle liée au conflit. Le recrutement et l’utilisation d’enfants par les parties au conflit sont également très préoccupants », a déclaré M. Türk.

« Les civils ont déjà énormément souffert et les rapports du week-end dernier faisant état d’une attaque imminente sur El-Fasher, dans le Darfour septentrional, font peser un risque alarmant de nouvelles violations et atteintes contre les civils, alors que la crise humanitaire ne cesse de s’aggraver dans tout le pays. Les combats doivent cesser. »

Trois groupes armés ont déclaré qu’ils rejoignaient le conflit aux côtés des Forces armées soudanaises, et il semblerait que ces groupes et les Forces d’appui rapide arment désormais les civils. Les mandats d’arrêt récemment délivrés contre des personnalités civiles de premier plan, dont l’ancien Premier Ministre Abdallah Hamdok, sur la base d’accusations qui ne semblent pas fondées et dont certaines sont passibles de la peine de mort, risquent également d’exacerber la situation.

« Pour qu’une résolution pacifique du conflit actuel puisse aboutir, il faut que le nombre d’acteurs armés diminue au lieu d’augmenter », a déclaré M. Türk.

« En outre, toute tentative visant à réduire la participation des dirigeants politiques civils à la conduite des affaires publiques, y compris par la menace d’une arrestation, est contre-productive et doit être abandonnée. »

« Les autorités soudanaises doivent immédiatement révoquer les mandats d’arrêt contre M. Hamdok et d’autres dirigeants civils, et donner la priorité à des mesures de confiance en vue d’un cessez-le-feu dans un premier temps, suivi d’une résolution globale du conflit et du rétablissement d’un gouvernement civil », a-t-il ajouté.

Depuis que les combats ont éclaté le 15 avril 2023, des milliers de civils ont été tués, blessés, victimes de disparitions forcées, d’arrestations et de détentions arbitraires. Des informations font également état d’actes de torture commis par les deux parties. Des milliers de maisons, d’établissements scolaires, d’hôpitaux et d’autres infrastructures civiles essentielles ont été détruits, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire et créant la plus grande crise de déplacement au monde.

« Plus de huit millions de personnes ont été déplacées, dont plus de deux millions dans les pays voisins. Près de 18 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, dont 14 millions d’enfants, et plus de 70 % des hôpitaux ne fonctionnent plus en raison de la recrudescence des maladies infectieuses. Cette situation catastrophique ne peut pas continuer », a déclaré le Haut-Commissaire.

M. Türk a appelé toutes les parties à veiller à ce que les travailleurs humanitaires et défenseurs des droits humains puissent accéder librement et en toute sécurité à toutes les zones placées sous leur contrôle respectif. Elles doivent également prendre des mesures concrètes pour éviter de nouvelles souffrances aux civils et veiller à ce que les violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme fassent l’objet d’enquêtes approfondies, que leurs auteurs soient tenus responsables dans le cadre de procès équitables et que les victimes reçoivent des réparations.

Le Haut-Commissaire a dénoncé la persistance des arrestations et détentions arbitraires, ainsi que des intimidations et menaces visant des représentants de la société civile, des défenseurs des droits humains et des journalistes, entre autres.

« Il ne peut y avoir de voie durable pour le Soudan sans la participation des organisations de la société civile, qui ont notamment accompli un travail louable en faveur des droits de l’homme dans des circonstances extrêmement difficiles depuis le début du conflit », a-t-il déclaré.

M. Türk a exhorté toutes les parties à coopérer avec l’expert désigné sur la situation des droits de l’homme au Soudan, Radhouane Nouicer, et avec la mission d’établissement des faits établie par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Les autorités soudanaises devraient leur permettre d’accéder au Soudan.

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