Les Objectifs de développement durable de l’ONU pour mieux servir les droits des femmes et des filles
10 juin 2016
« Les droits ne sont pas un système d’approbation ou d’évaluation ; ils ne sont pas une récompense ou le résultat d’un test, pas plus qu’ils ne sont un indicateur ou une cible. Ce n’est pas un palmarès de beauté », a indiqué la Haut-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l'homme Kate Gilmore. « Les droits sont pour les meilleurs d’entre nous et pour les pires d’entre nous, pour chacun de nous, sans exclusive et dans l’intérêt de nous tous. »
Mme Gilmore a fait cette déclaration dans le cadre d’une session privée de Women Deliver 2016, une conférence mondiale sur la santé et les droits des femmes et des filles. La conférence, qui est organisée tous les trois ans, a rassemblé des milliers de défenseurs des droits de l’homme, des ONG, des responsables gouvernementaux et des organismes des Nations Unies pour se pencher sur les moyens de mettre en œuvre les Objectifs de développement durable de l’ONU pour mieux servir les femmes et les filles.
Pour sa part, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme intervient sur de multiples fronts en vue d’améliorer la compréhension du lien entre la détérioration de la santé des femmes et des filles et le déni historique de leurs droits fondamentaux et la discrimination dont elles sont victimes.
En 2012, le Haut-Commissariat a élaboré un guide technique concernant l’application d’une approche fondée sur les droits de l’homme en vue de réduire la mortalité et la morbidité maternelles évitables. Ce guide technique fournit des conseils pratiques sur les mesures particulières nécessaires pour mettre en œuvre les droits de l’homme en ce qui concerne les droits des femmes à la santé et en matière de sexualité et de procréation, notamment s’assurer que les budgets correspondent aux obligations en matière de droits de l’homme, examiner la mise en œuvre concrète et garantir des mécanismes solides de responsabilisation.
« Cette conférence a été l’occasion d’échanger des expériences sur la manière dont les droits de l’homme doivent être intégrés dans les discussions sur la santé des femmes et des filles », a indiqué Jashodhara Dasgupta, coordonnatrice de l’ONG basée en Inde SAHAYOG. Son groupe a été actif dans la promotion en Inde du guide technique élaboré par le Haut-Commissariat, notamment de l’idée du contrôle budgétaire comme forme de responsabilisation du gouvernement.
« Les droits de l’homme ont besoin d’une base concrète », a indiqué Mme Dasgupta. « Le contrôle budgétaire par le parlement est une dimension importante de la responsabilité, car il ne s’agit pas seulement de faire des annonces politiques, mais d’avoir effectivement les ressources pour appliquer les politiques. »
Pour Ariel Friscancho, un défenseur des droits de l’homme qui utilise le guide technique élaboré par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme dans son travail, le guide a contribué à renforcer le dialogue entre les autorités de santé et les femmes chefs de communautés. Il a également servi à fournir des points d’entrée en vue d’améliorer la surveillance des services de santé par la communauté et de réduire le fossé entre médecins et titulaires de droits.
« Mentionner l’existence de cet outil a contribué au dialogue avec les autorités pour renforcer les principes des droits de l’homme dans la fourniture de soins de santé », a-t-il précisé. « Les études effectuées au Pérou ont montré que seulement la moitié des personnes ayant besoin de soins de santé demandent à en bénéficier, car elles n’ont pas confiance dans les services ».
Un accès à des renseignements exacts sur les droits à la santé et les droits à la sexualité et à la procréation est essentiel partout, notamment pour les jeunes, a indiqué Mme Gilmore.
« Avec le début de la puberté, pour la plupart des garçons les choix se multiplient. Et pour la plupart des filles, ils se réduisent, se contractent, et se minimisent », a-t-elle précisé. « Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser en l’état les obstacles à la réalisation des droits à la santé et des droits à la sexualité et à la procréation. C’est une question qui relève des droits de l’homme. Il s’agit des droits des femmes et des filles partout. Et si nous ne les faisons pas appliquer, ce sont elles qui en paient le prix de leur vie et de leur avenir ».
10 juin 2016