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Esclavage

L’esclavage : une « attaque choquante » contre nos sociétés

02 décembre 2019

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​​Lorsque Sao, une jeune vietnamienne de 15 ans, s'est fait piéger par son amie et a été vendue en Chine à une autre famille, sa vie a changé pour toujours. Sao est tombée enceinte de son nouveau mari, a donné naissance à une fille, et a été vendue peu de temps après pour travailler dans une usine fabriquant des manteaux d'hiver.

Elle a finalement réussi à s'échapper et à se rendre au Viet Nam, tout en secourant une voisine dans la même situation. C'est le cœur brisé qu'elle a dû prendre la triste décision de laisser sa petite fille.

L'histoire de Sao – qui fait malheureusement partie des 40 millions de personnes victimes de l'esclavage dans le monde – a été relatée par Diep Vuong, la présidente et co-fondatrice de la Pacific Links Foundation. Cette dernière a pris la parole la semaine dernière lors d'une réunion-débat avec la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, portant sur l'éradication de l'esclavage à travers la participation des survivants et grâce aux objectifs de développement durable.

Ces quatre dernières années, la Pacific Links Foundation a été épaulée par le Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour la lutte contre les formes contemporaines d'esclavage*.

On estime qu'à l'échelle mondiale, plus de 40 millions d'hommes, de femmes et d'enfants sont réduits à l'esclavage. Parmi eux, 25 millions de personnes sont victimes de travail forcé et 15 millions, de mariage forcé. Une victime sur quatre est un enfant.

Les « formes contemporaines d'esclavage » se manifestent de différentes manières, dont le travail forcé, le mariage forcé, d'autres formes d'esclavage et de pratique analogues, ou encore la traite d'êtres humains. Elles comprennent également la servitude pour dettes, par laquelle une personne est amenée par la ruse à travailler sans être rémunérée ou pour un salaire minime, et n'a aucun contrôle sur sa dette.

Selon l'Organisation internationale du Travail (OIT), elles font référence à des « situations d'exploitation qu'une personne ne peut refuser ou quitter en raison de menaces, de violences, de coercition, de tromperie et/ou d'abus de pouvoir ».

« L'esclavage est l'une des violations les plus graves et les plus totales de la dignité humaine », a déclaré Mme Bachelet lors de la réunion-débat. « Il a été reconnu comme un crime contre l'humanité. Le droit de ne pas être réduit en esclavage est un droit de l'homme, sans exception possible pour quelque raison que ce soit. La poursuite de l'esclavage de millions de personnes est une attaque choquante contre toutes nos sociétés. »

Viet Nam : travailler avec les survivants

Selon les estimations de l'OIT, la région Asie-Pacifique représente plus de 40 % du travail des enfants dans le monde.

La Pacific Links Foundation de Diep Vuong travaille avec les survivants au Viet Nam pour évaluer leurs besoins, de manière à leur fournir un soutien et des conseils individualisés sur la manière dont ils peuvent atteindre les buts qu'ils se sont fixés.

La fondation a notamment aidé Sao à réaliser son rêve d'étudier la médecine pour devenir docteur. Grâce à ses excellentes notes en sciences et en mathématiques dans l'enseignement secondaire, elle a obtenu une place dans une école de pharmacie, où elle excelle également. Elle souhaite intégrer ensuite une école de médecine.

Le Viet Nam est l'un des principaux « pays source » de la traite de personnes. Des femmes et des filles y sont victimes de la traite pour devenir de la main-d'œuvre ou des épouses, ou sont vouées à l'esclavage sexuel. Les hommes sont eux aussi fréquemment victimes de la traite à des fins de travail forcé. 

« Les gens au Viet Nam pensent qu'en travaillant très dur, ils auront une vie meilleure », a affirmé Mme Vuong. « C'est cet état d'esprit qui pousse nombre d'entre eux à prendre des risques. Beaucoup de personnes ont accès à de fausses informations, et tant d'entre eux sont dupés et finissent par prendre des risques inutiles. »

La fondation travaille également sur la prévention de la traite, en offrant des bourses d'études et des possibilités d'évolution pour les jeunes filles à risque dans le Delta du Mékong. En outre, elle collabore avec les multinationales, en fournissant des formations pour les aider à se conformer au droit international et à réduire le nombre de travailleurs victimes de la traite dans les zones industrielles.

« La traite des êtres humains est actuellement l'un des problèmes de développement les plus graves au Viet Nam et si nous voulons le résoudre, nous devons nous attaquer à ses causes profondes et complexes », a déclaré Mme Vuong. « Il est particulièrement important de donner aux jeunes à risque de meilleures possibilités économiques pour contrer les fausses promesses des trafiquants sur leurs possibilités d'emploi à l'étranger. Considérer la traite des êtres humains comme l'un des plus sérieux obstacles au développement est une première étape indispensable pour sa prévention. »

Les objectifs de développement durable au service de la lutte contre l'esclavage et la traite des êtres humains

La cible 8.7 du Programme de développement durable à l'horizon 2030 incite tous les États à promettre « des mesures immédiates et efficaces pour supprimer le travail forcé, mettre fin à l'esclavage moderne et à la traite d'êtres humains, [et] interdire et éliminer les pires formes de travail des enfants ».

Selon Mme Bachelet, la discrimination structurelle est un facteur important dans l'esclavage moderne, ainsi que l'échec des États à protéger adéquatement les victimes. Elle a invité instamment les États à prendre les mesures qu'ils se sont engagés à adopter en adhérant à la cible 8.7.

« Le Programme 2030 constitue une feuille route et une ressource sans précédent pour mettre fin à la discrimination, traiter les facteurs de la misère socio-économique et endiguer les causes profondes faisant augmenter la vulnérabilité de la population face à l'esclavage », a-t-elle indiqué. 

* Le Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour la lutte contre les formes contemporaines d'esclavage vient en aide aux personnes qui ont été victimes de violations graves des droits de l'homme dues à des formes contemporaines d'esclavage. Il fournit une aide juridique, médicale, psychologique, sociale et globale directe aux victimes par l'octroi de subventions à des organisations non gouvernementales.

Depuis sa création par l'Assemblée générale en 1991, le Fonds a soutenu plus de 400 organisations dans 95 pays, permettant ainsi à des milliers de victimes de bénéficier de nombreux projets de réadaptation et d'assistance. En 2019, le Fonds a soutenu 29 projets dans 25 pays avec un budget total de 595 950 dollars.

2 décembre 2019

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