Les droits des minorités doivent être davantage soutenus et encouragés
05 décembre 2019
« Nous sommes tous des êtres humains nés libres et égaux en dignité et en droits, et le statut des minorités, qui est une construction sociale, politique et économique, n'est pas une quantité », a expliqué la Haute-Commissaire adjointe aux droits de l'homme Kate Gilmore à un groupe d'experts sur les droits des minorités. « Il fait référence à la qualité du traitement reçu. C'est pourquoi on parle d'"égalité". »
Néanmoins, comme Mme Gilmore l'a souligné lors de l'ouverture de la réunion du groupe d'experts chargé de mener une consultation sur le renforcement des droits des minorités, ce concept n'existe pas et les obligations des États de protéger les minorités sont au cœur du système moderne des droits de l'homme.
« Le système moderne des droits de l'homme, conçu à la suite des pires actes humains, commis par une majorité sur des minorités, n'a pas d'autre but que de protéger et promouvoir avant tout la dignité et l'égalité inhérente… des minorités. »
Mme Gilmore faisait partie des premiers intervenants lors de la consultation d'experts ayant pour thème l'augmentation de la visibilité des droits des minorités et le renforcement de leur mise en œuvre. Cette réunion de deux jours, qui a eu lieu juste avant le Forum des Nations Unies sur les questions relatives aux minorités, a rassemblé des membres de la société civile et des milieux universitaires, ainsi que des experts actuels et d'anciens experts des droits de l'homme des Nations Unies pour discuter de la manière dont les minorités peuvent participer davantage à la prise de décision sur des questions relatives au droit international des droits de l'homme.
La promotion et le renforcement des droits des minorités s'accompagnent de nombreuses difficultés, notamment le fait que les minorités sont souvent invisibles face aux violations des droits de l'homme, a déclaré Fernand de Varennes, Rapporteur spécial des Nations Unies sur les questions relatives aux minorités.
« Il arrive souvent que nous ne parlions pas des minorités dans les principales activités des Nations Unies, alors que ces minorités sont particulièrement touchées », a-t-il indiqué. « Par exemple, nous ne parlons pas des minorités dans les discours de haine. Or, la plupart des discours haineux ont pour cible des minorités. Dans certains pays, 75 % de tous les crimes haineux concernent des minorités spécifiques. Pourtant, nous ne le mentionnons pas une seule fois aux Nations Unies. »
En outre, l'espace consacré aux droits des minorités se rétrécit, a fait remarquer Joshua Castellino, directeur exécutif de l'organisation Minority Rights Group, qui a coparrainé la consultation. Selon lui, cette diminution de l'espace peut être observée dans plusieurs endroits comme les États-Unis, où le mouvement Black Lives Matter a été écarté du courant dominant. Elle peut être observée dans la xénophobie qui se manifeste à travers la haine envers les immigrants en Europe ; et elle est évidente sur le sous-continent asiatique, où la politique fondée sur l'identité sert de bouc émissaire face à l'échec de l'État à venir efficacement en aide aux citoyens.
« Si je devais évaluer l'état des droits des minorités dans le monde actuel, je pense que je lui donnerais 3 sur 10 », a affirmé M. Castellino. « Je lui donne 3 sur 10... car cela reflète une trajectoire (à la baisse). Nous sommes passés de 6 sur 10 il y a environ cinq ou six ans, à 3 aujourd'hui. J'ai bien peur que nous n'ayons pas touché le fond. »
Selon Fernand de Varennes, la communauté internationale des droits de l'homme, en particulier au sein de l'ONU, peut faire beaucoup de choses pour lutter contre le rétrécissement de l'espace réservé aux droits des minorités simplement en utilisant plus souvent le mot « minorité ».
« J'espère que… nous pourrons mettre en évidence la nécessité de faire preuve de transparence et de se concentrer sur ce qui manque, et ce qui manque, c'est la reconnaissance que les pires situations et violations des droits de l'homme impliquent souvent des minorités et que nous devons nous attaquer à cette question directement », a-t-il déclaré.
5 décembre 2019