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COVID-19

Nous devons nous unir pour mieux protéger les personnes vulnérables contre la COVID-19 au Soudan du Sud

23 juin 2020

Anthony Nwapa est chef d'équipe de la Division des droits de l'homme dans l'État de l'Équatoria oriental de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud. Suite aux efforts menés en collaboration avec le responsable de l'administration légale au Soudan du Sud pour décongestionner les lieux de détention, son équipe a suivi les progrès réalisés dans la lutte contre la propagation de la COVID-19 parmi les détenus et prisonniers, en particulier grâce à la libération de certains individus de prisons et d'autres établissements de détention.

Nous avons demandé à Nwapa comment lui et ses collègues continuent d'œuvrer pour les droits de l'homme et pour la protection de ces derniers durant la pandémie.

Comment la COVID-19 a-t-elle affecté votre travail ?

Les mesures adoptées contre la COVID-19 au Soudan du Sud ont radicalement changé notre mode opératoire en matière de suivi et de vérification des droits de l'homme. Par conséquent, en raison des mesures de confinement, nous avons dû effectuer un suivi à distance, grâce à des partenariats établis au fil du temps avec des organisations de la société civile et des acteurs gouvernementaux à travers des plateformes de médias sociaux sûres et sécurisées, de manière à utiliser ce suivi et à obtenir des réparations en cas de violations. Nous avons des partenaires de la société civile crédibles et fiables qui nous fournissent des informations et, à travers eux et d'autres acteurs gouvernementaux, nous sommes en mesure de collaborer avec des acteurs gouvernementaux afin d'obtenir des réparations pour ces violations.

Que fait le HCDH au Soudan du Sud pour protéger les droits de la population pendant cette épidémie ?

Le HCDH, en partenariat avec la division des droits de l'homme de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud, collabore avec des acteurs gouvernementaux et des partenaires de la société civile pour faire le suivi des centres de détention. Nous avons plaidé avec succès auprès du responsable de l'administration légale pour le réexamen des cas des personnes détenues pour des délits mineurs dans les locaux de police, ce qui a donné lieu à l'instauration d'une caution ordinaire – à des coûts raisonnables, permettant ainsi aux détenus pauvres d'en bénéficier.

Nous avons également plaidé auprès du Président de la Haute Cour afin d'obtenir des libérations, avec des résultats positifs. Ces deux dernières semaines, nous avons recensé la libération de 59 personnes détenues dans des locaux de police, dont 28 hommes adultes, 23 garçons mineurs, 6 femmes adultes et 2 filles mineures. En outre, ces actions auprès des juges ont permis la libération de huit adultes en détention. Nos efforts ont permis non seulement d'agir en faveur du droit à la liberté, mais également de décongestionner les lieux de détention afin de prévenir la propagation de la COVID-19.

Quels sont les principaux enjeux liés aux droits de l'homme dans le cadre de la lutte contre la COVID-19 dans votre pays ?

La pandémie a exacerbé la situation des droits de l'homme déjà précaire dans notre région. Les mesures prises pour répondre à cette crise ont fourni aux forces de sécurité le pouvoir de restreindre la dignité et les libertés fondamentales, et cela a permis à certaines de ces personnes d'agir en toute impunité, causant ainsi de nombreux incidents et violations dans notre région. L'accès aux soins de santé constitue également un véritable défi, en raison du manque d'établissements de santé et de personnel face à une demande croissante de services de santé. Nous manquons aussi de coordonnateurs au sein des institutions judiciaires, ce qui provoque des retards dans l'administration de la justice et la surpopulation carcérale dans les prisons et autres centres de détention, ce qui risque de propager la COVID-19.

Quels ont été les principaux défis et leçons tirées jusqu'à présent pendant la pandémie ?

Notre plus grand défi consiste à identifier comment nous pouvons gérer, avec moins de personnel sur le terrain, les demandes croissantes en matière de suivi de la situation des droits de l'homme et les engagements pris quant aux mesures de prévention liées à la COVID-19 durant les confinements actuels. En ce qui concerne les enseignements tirés, nous pouvons mieux cibler notre travail et nous concentrer sur des questions plus importantes et des domaines pour lesquels nous avons un avantage comparatif.

Pourquoi est-il important de défendre ensemble les droits de l'homme pendant cette pandémie ?

Il est vital que nous collaborions avec les parties prenantes intéressées. En effet, nos ressources et capacités individuelles sont limitées, mais ensemble, nos avantages comparatifs nous permettront d'obtenir de meilleurs résultats en faveur des groupes vulnérables auxquels nous venons en aide. Par exemple, nous avons fait appel à des partenaires humanitaires pour demander plus de soutien afin de lutter contre les problèmes socioéconomiques rencontrés par les personnes handicapées dans notre région. Nous pensions ne pas être en mesure d'atténuer efficacement l'impact des mesures liées à la COVID-19 sur ce groupe. Nous avons donc entamé un dialogue avec des organismes humanitaires et avons obtenu de leur part des engagements de contribuer à faciliter les prestations de services de soutien psychologique, ainsi que la distribution de nourriture et de produits pour se laver les mains, y compris du savon, afin d'aider ce groupe à relever les défis qu'ils rencontrent, étant donné que nous ne sommes pas en mesure de mener ces actions en raison des limitations de notre mandat.

23 juin 2020