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Guinée-Bissau

La population fait part de ses priorités lors du tout premier examen des objectifs de développement durable de la Guinée-Bissau

14 juillet 2022

Pour Sábado Sambu, l’éducation est la chose la plus importante au monde.

Pour Sábado Sambu, l’éducation est la chose la plus importante au monde.

« Je n’ai pas pu finir l’école. À l’époque, les mariages forcés étaient répandus et mes parents m’ont mariée de force », a-t-elle expliqué. « J’ai ensuite été paralysée et je me suis retrouvée en fauteuil roulant. »

Âgée à présent de 43 ans, Sábado Sambu a dû arrêter l’école après sa cinquième année du primaire et a été mariée selon les coutumes du groupe ethnique des Mansoancas de Guinée-Bissau. Bien qu’elle travaille à présent dans une petite entreprise de confection de vêtements pour aider à subvenir aux besoins de sa famille, il n’y a aucun doute pour elle : la scolarité est importante. 

 « L’école, c’est la meilleure chose au monde. Sans éducation, vous n’êtes personne. La première chose qui compte dans le monde, c’est la santé pour pouvoir bien grandir, et ensuite aller à l’école et finir son éducation », a-t-elle déclaré.

L’histoire de cette femme fait partie des nombreux témoignages recueillis dans le cadre d’un vaste examen consultatif des progrès de la Guinée-Bissau concernant les objectifs de développement durable (ODD). Pour la première fois depuis l’adoption des ODD par les États Membres de l’ONU en 2015, la Guinée-Bissau a procédé à un examen des efforts entrepris par le pays pour réaliser ces objectifs.

Pour ce fait, l’État a fait appel à la présence des Nations Unies en Guinée-Bissau, sous l’égide du coordinateur résident des Nations Unies, et notamment à l’initiative Surge du HCDH.

 L’initiative Surge a pour but de réduire les inégalités et d’accélérer la réalisation des droits économiques et sociaux dans les pays en aidant à créer les conditions nécessaires pour reconstruire les économies tout en plaçant la population au cœur des efforts menés. Pour ce faire, le projet fournit un soutien à l’échelle nationale.

Un processus d’examen des ODD novateur, inclusif et axé sur la participation

Durant un mois, une équipe composée de plusieurs organismes de l’ONU, ainsi que le Ministère de l’économie, du plan et de l’intégration régionale et le Ministère des affaires étrangères, ont organisé des consultations dans les neuf régions du pays. Ces consultations, qui se sont déroulées en début d’année, ont été l’occasion d’établir un dialogue entre les représentants locaux et nationaux du Gouvernement et les citoyens de Guinée-Bissau des quatre coins du pays et de tous horizons. Elles ont rassemblé des responsables gouvernementaux, des associations professionnelles, des chefs traditionnels et religieux, ainsi que des représentants des groupes les plus susceptibles d’être laissés de côté, tels que les femmes, les enfants, les personnes handicapées et celles vivant dans des zones reculées.

Classée au 175e rang sur 189 pays selon l’indice de développement humain 2020, la Guinée-Bissau est l’un des pays les moins avancés du monde. Dans ce petit pays de 1,8 million d’habitants, environ 60 % de la population a moins de 25 ans et plus de la moitié sont des femmes. Par ailleurs, plus de 70 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et dans des zones rurales, ce qui accroît également les inégalités, comme le montrent les données indiquant que les 10 % les plus riches se partagent 42 % du revenu national.

Local official explains the SDGs in Creole during a consultation. © NL da Luz

Un agent local explique les ODD en créole durant une consultation. © NL da Luz

Plus de 300 personnes ont participé à ces consultations, durant lesquelles elles ont exprimé leurs inquiétudes et leur vision concernant le développement de la Guinée-Bissau. Grâce aux consultations, les agents ont pu évaluer l’évolution de la mise en œuvre des ODD et identifier les objectifs les plus préoccupants.  Parmi ces derniers, on peut citer l’accès à l’eau propre, l’accès aux services de santé, la lutte contre les inégalités, l’éducation et la lutte contre la pauvreté.

« L’énergie et l’éducation sont les domaines nécessitant le plus d’améliorations en Guinée-Bissau », a indiqué Aminata Camará, qui représente l’Organisation des femmes rurales. « Sans électricité, nos enfants ne peuvent pas étudier. S’ils ne peuvent pas étudier, quel sera leur avenir ? »

Les consultations ont également permis de sensibiliser le public au Programme 2030, notamment ses liens avec les droits de l’homme, étant donné les connaissances limitées des participants concernant les ODD. C’est pour cette raison que les ODD ont été traduits pour la première fois en kiriol, le créole de Guinée-Bissau, et distribués à grande échelle.

« L’examen national volontaire est un processus qui doit impliquer toutes les parties prenantes, car chaque personne peut contribuer à la mise en œuvre du Programme 2030 », a déclaré Elisabeth da Costa, conseillère principale pour les droits de l’homme et l’une des responsables de l’équipe chargée de mener à bien l’initiative Surge sur ce projet. « Grâce à l’initiative Surge, nous avons pu aider le Gouvernement de la Guinée-Bissau à mettre en place un examen national volontaire ouvert, participatif et inclusif. La voix des représentants des groupes les plus défavorisés a été entendue. »

Senior Human Rights Officer Elisabeth da Costa listens during a consultation.  © NL da Luz

La spécialiste des droits de l’homme Elisabeth da Costa écoute durant une consultation. © NL da Luz

La République de Guinée-Bissau a prévu de présenter son rapport durant le forum politique de haut niveau pour le développement durable en juillet 2022.