Un partenariat qui entretient la flamme des droits humains et des ODD
27 juin 2024
Lungile Magagula se tient au stand du Bureau de l’assistance judiciaire de l’Eswatini, entourée de brochures et de livrets, et parle du rôle des lois pour aider la population à accéder à la justice et à exercer ses droits humains.
« Nous voyons différentes personnes à notre stand et nous leur expliquons notre mandat, nous leur donnons des informations juridiques, nous leur expliquons à quoi peut ressembler l’assistance juridique, notamment la représentation », énonce Lungile Magagula, directrice du Bureau.
Les spectateurs ont pu trouver le Bureau de l’assistance juridique de l’Eswatini et de nombreux autres stands comme le sien en se promenant dans la zone « Bring Your Fire » du festival Bushfire, en Eswatini. Cette zone était située de manière à ce que les gens puissent s’y promener ou s’en approcher alors qu’ils quittaient les campings pour se rendre au festival, qui durait un week-end. Chaque personne, chaque conversation est l’occasion pour Lungile Magagula et d’autres de rappeler aux gens que leurs droits sont importants.
« Je mets toute mon énergie dans l’accès à la justice pour tous, c’est ce qu’il y a de plus important », explique-t-elle. « On ne peut jamais vraiment garantir l’accès à la justice, à moins que les gens soient vraiment conscients de leurs droits juridiques. Si les gens ne connaissent pas leurs droits, ils ne peuvent jamais revendiquer leurs droits d’accéder à la justice. »
Chaque personne traversant cette zone a démontré une fois de plus le succès du partenariat entre le festival Bushfire et l’équipe des Nations Unies en Eswatini, affirme Laila Nazarali, conseillère pour le bureau du HCDH en Eswatini, soulignant son importance pour tout le monde.
« Il est important pour le HCDH, car il favorise la création d’un groupe d’intérêt pour les droits humains, il tire parti des partenariats pour accroître la sensibilisation et le plaidoyer, il intègre le discours sur les droits humains dans les questions quotidiennes et il offre la possibilité de façonner le discours sur les droits humains », indique-t-elle. « Pour l’ONU, il est important, car il améliore la visibilité des Nations Unies, il démontre que l’ONU travaille de manière unie. Pour le public, il fait disparaître le mythe selon lequel les droits humains sont un concept étranger ou occidental, et l’ONU est inaccessible. »
Pour Jiggs Thorne, qui a fondé le festival Bushfire en 2007 et en est son directeur, la zone a permis d’offrir un espace de conversation et de militantisme.
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L’un des principaux environnements où nous réalisons cela est la zone « Bring Your Fire » de l’ONU, qui est un espace de militantisme créatif et où nous abordons des thèmes pertinents en lien avec les ODD.
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JIGGS THORNE, FONDATEUR ET DIRECTEUR DU FESTIVAL BUSHFIRE
Musique + militantisme = un parfait partenariat
Pour la deuxième fois, l’équipe de pays des Nations Unies s’est associée à Bushfire pour promouvoir et défendre plusieurs questions relatives aux droits humains et au développement pertinentes pour le pays et la région, dans le cadre du festival MTN Bushfire 2024. Ce partenariat a commencé l’année dernière dans le cadre du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH). Cette année, le partenariat s’est poursuivi, donnant l’occasion à l’équipe de pays des Nations Unies d’améliorer sa visibilité, sa portée et ses possibilités de plaidoyer en sensibilisant aux questions complexes des droits humains liées aux objectifs de développement durable (ODD), a déclaré Laila Nazarali.
L’un des thèmes abordés a été la violence fondée sur le genre. Margaret Thwala-Tembe, cheffe du bureau du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) en Eswatini, a déclaré qu’en collaborant sur la zone « Bring Your Fire », le Fonds a pu s’adresser à un large public sur des questions clés concernant la violence fondée sur le genre.
« Les dialogues avec les jeunes ont fourni une bonne occasion de discuter des problèmes de violence chez les jeunes », a-t-elle expliqué.
Des échanges fructueux
Plusieurs personnalités importantes ont également assisté au festival. Le Premier Ministre de l’Eswatini, Russell Dlamini, s’est promené dans la zone, échangeant avec des prestataires et des militants sociaux, avant de s’asseoir pour une brève interview au « Broadcat Corner », un espace de radiodiffusion parrainé par le HCDH. Durant l’entretien, il a salué le rôle bénéfique du festival pour le pays, notamment en le faisant connaître à l’échelle régionale et mondiale et en lui apportant des ressources financières, stimulant ainsi l’économie et tous les secteurs.
« Je viens d’apercevoir de la manière dont les informations essentielles sont aussi distribuées et partagées », a-t-il expliqué. « Vous savez, pour les gens qui sont ici, c’est bien qu’ils puissent apprendre à leur rythme et nous en sommes conscients. »
Ce partenariat a eu lieu non seulement durant le week-end du festival, mais aussi pendant les semaines qui l’ont précédé et suivi. Laila Nazarali a expliqué que plusieurs dialogues en direct sur des questions thématiques ont été organisés à l’amphithéâtre House on Fire, réunissant des étudiants et leur donnant l’occasion de parler de certains sujets sensibles. Certains dialogues ont notamment porté sur l’employabilité des jeunes, la sécurité alimentaire, l’éducation, l’action climatique, la paix, la justice et des institutions fortes, la traite des êtres humains, le VIH/sida, la violence fondée sur le genre, l’inclusion des populations marginalisées, y compris les LGBTQI+.
« On a eu accès à un espace et une plateforme (grâce aux dialogues en direct et à la zone "Bring Your Fire") pour amplifier les droits humains et aborder des questions sensibles, en particulier dans le contexte de l’Eswatini, où la violence fondée sur le genre est encore taboue, où l’avortement est illégal, dans un contexte où les LGBTQI+ sont également tabous », a-t-elle déclaré. « Cela permet de faire avancer les choses dans le domaine des droits humains dans un pays aussi complexe que l’Eswatini, où l’espace civique se réduit. »
Bongile Khanya, responsable adjointe du département s’occupant de la zone « Bring Your Fire » du festival, estime que ce partenariat s’impose de lui-même.
« Je pense que ce partenariat a montré ce que représente véritablement le festival Bushfire, à savoir le militantisme social, la possibilité d’aborder les problèmes auxquels nous sommes confrontés dans notre environnement social », a-t-elle affirmé. « Il ne s’agit donc pas seulement d’un grand festival, mais aussi d’un moyen de promouvoir le changement social et le militantisme social. Je pense que le partenariat avec l’ONU a permis de légitimer cela. »
Dans le feu de l’action
L’appel du festival est « Bring your fire » (plongez-vous dans le feu de l’action) et pour de nombreux participants, qu’il s’agisse d’ONG, de l’ONU ou d’autres, les réponses ont été variées.
Mncedisi Dlamni travaille pour Young Heroes, une ONG qui s’occupe d’enfants orphelins et vulnérables en Eswatini. Ce groupe est l’un des bénéficiaires du programme de partenariat de Bushfire depuis 16 ans. Cette année, ils ont utilisé les fonds reçus pour offrir aux jeunes un meilleur accès au marché de l’emploi et aux formations, a-t-il indiqué.
Melusi Matsenjwa travaille pour le Conseil des Églises de l’Eswatini, l’une des ONG présentes au festival. Il estime que le partenariat avec l’équipe de pays des Nations Unies était une relation naturelle, car il leur a permis de s’adresser à des publics très divers, tant en Afrique qu’en Europe. Leur objectif était de s’assurer que les gens comprennent le rôle de l’Église dans le domaine des droits humains, en particulier en ce qui concerne l’aide juridique.
« C’est pour nous un bel espace où nous pouvons atteindre en particulier la classe moyenne, car les programmes que nous mettons en œuvre sont destinés aux gens ordinaires », a-t-il déclaré. « C’est aussi un public attentif, c’est pourquoi nous sommes ici. »