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Droits économiques, sociaux et culturels

Comment développer une économie centrée sur les droits humains

06 avril 2023

Une employée est photographiée en train de ramasser des tomates à la ferme de tomates Frank Rudd and Sons suite à l’apparition de la COVID-19, à Knutsford, Grande-Bretagne, le 14 mai 2020. © REUTERS/Molly Darlington

L’initiative « Droits humains 75 » met l’accent sur diverses questions des droits humains inscrites dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et nécessitant des mesures urgentes et concrètes de la part des États et d’autres parties. Le mois d’avril a pour thème l’économie centrée sur les droits humains.

En raison de l’insécurité alimentaire et de la crise du coût de la vie, des millions de personnes se retrouvent en grande difficulté. À l’heure actuelle, 828 millions de personnes sont sous-alimentées, un chiffre qui a augmenté de 150 millions au cours des trois dernières années, et l’urgence climatique continue de faire rage, selon Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

D’après lui, 60 % des pays à faible revenu et 30 % des économies de marché émergentes sont en situation de surendettement ou sur le point de l’être, dans un contexte de récession mondiale imminente.

Ces crises ont poussé les pays au bord du gouffre, les gouvernements étant incapables de fournir à leurs citoyens des services adéquats en matière de santé, d’éducation, de protection sociale et d’autres droits humains, ce qui affecte le plus les femmes, les jeunes filles et d’autres communautés vulnérables et marginalisées.

Selon M. Türk, cela s’explique par le fait que les systèmes économiques et politiques mondiaux, régionaux et nationaux n’intègrent pas suffisamment les obligations et les normes en matière de droits de l’homme dans les décisions budgétaires et d’investissement.

« Nous devons intégrer les droits humains dans notre économie », a-t-il déclaré.

Les droits de l’homme fournissent des garde-fous utiles pour faire en sorte que la priorité soit donnée aux investissements nécessaires, en mettant l’accent sur les personnes les plus marginalisées.

Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme

Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), une économie centrée sur les droits humains permet de placer les individus et la planète au cœur des politiques et modèles économiques, des décisions d’investissement et des choix des consommateurs, dans le but d’améliorer considérablement l’exercice des droits de l’homme pour tous.

L’aggravation des inégalités demeure l’un des principaux obstacles à la réalisation des ambitions convenues à l’échelle mondiale à travers le Programme de développement durable à l’horizon 2030, ses objectifs de développement durable et la promesse de ne laisser personne de côté.

« Nous devons travailler ensemble et redoubler d’efforts pour placer véritablement les droits humains au cœur de toutes les dimensions du développement durable », a-t-il déclaré.

Selon M. Türk, une économie centrée sur les droits humains cherche à « remédier aux causes profondes et aux obstacles structurels à l’égalité, à la justice et à la durabilité, en donnant la priorité aux investissements en faveur des droits économiques, sociaux et culturels. »

Ne laisser personne de côté

Dans le but de placer les droits humains au cœur du développement durable, le HCDH a mis au point en 2019 l’initiative Surge, en réponse à la montée des inégalités, à la lenteur de la mise en œuvre des objectifs de développement durable et à l’augmentation des troubles sociaux. Cette initiative vise à intensifier la coopération à l’échelle nationale et régionale concernant les droits économiques, sociaux et culturels, et à renforcer le lien entre les droits de l’homme et l’économie.

Les conséquences socioéconomiques catastrophiques de la pandémie de COVID-19, exacerbées par la crise alimentaire, énergétique et planétaire actuelle, ont rendu cette initiative particulièrement pertinente. L’initiative Surge est menée en collaboration avec les 90 présences du HCDH sur le terrain, les équipes de pays des Nations Unies, les États, la société civile, les institutions financières internationales et d’autres acteurs clés.

Grâce à son équipe pluridisciplinaire, l’initiative Surge travaille à différents niveaux et de différentes manières. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter la page Web consacrée à cette initiative.

Conséquences de l’initiative Surge

  • Soutien financier et technique apporté à 63 projets nationaux transformateurs dans le monde entier
  • Contribution à sept projets/programmes nationaux de développement
  • Contenus analytiques et conseils opérationnels fournis aux présences de l’ONU dans de nombreux pays dans le cadre de 111 analyses communes de pays et du Plan-cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable
  • Organisation de débats et d’engagements stratégiques avec 70 économistes des bureaux des coordinateurs résidents et participation à plusieurs discussions avec les autorités nationales sur divers aspects de la budgétisation axée sur les droits de l’homme
To address inequalities in Jordan, the Surge Initiative, along with state and non-state stakeholders, are working to help improve the taxation regime in Jordan. © EPA-EFE/ANDRE PAIN

Pour lutter contre les inégalités en Jordanie, l'initiative Surge, en collaboration avec des acteurs étatiques et non étatiques, s'efforce d'améliorer le régime fiscal en Jordanie. © EPA-EFE/ANDRE PAIN

L’un des principaux domaines d’action de l’initiative au niveau national consiste à mettre en place des projets nationaux visant à amorcer le changement. Ces projets sont organisés par les présences nationales et régionales du HCDH, avec le soutien technique et financier de l’initiative Surge.

En Jordanie, les Nations Unies et le Conseil économique et social jordanien, avec le soutien de l’initiative Surge et de Christina Meinecke, conseillère principale des Nations Unies pour les droits de l’homme, collaborent pour placer la population au centre des politiques de finances publiques en s’engageant auprès de diverses parties prenantes étatiques et non étatiques. La note d’orientation de l’équipe, qui a été publiée en mars dernier par le coordonnateur résident des Nations Unies de Jordanie et le président du Conseil économique et social jordanien, souligne l’importance de mobiliser les ressources nécessaires pour investir dans les droits économiques, sociaux et culturels, et de redéfinir les dépenses publiques de manière à donner la priorité aux droits et besoins de la population.

« Cela contribue à faire progresser notre travail collectif visant à éclairer les choix de politique économique grâce aux principes des droits de l’homme pour le bien-être des individus », a déclaré Christina Meinecke.

L’équipe de l’initiative Surge a également mis en place d’importants partenariats, notamment le Partenariat en faveur d’une économie axée sur les droits de l’homme avec l’Institut Raoul Wallenberg et l’Institut sur la race, le pouvoir et l’économie politique de l’Université The New School pour faire avancer l’analyse, la recherche et l’élaboration des politiques économiques en vue de réaliser les droits de l’homme pour tous sans discrimination.

« Nos définitions de la valeur économique et nos critères traditionnels ne reflètent pas notre plus grand atout sur cette Terre, à savoir les personnes », a déclaré Darrick Hamilton, professeur et directeur de l’Institut sur la race, le pouvoir et l’économie politique de l’Université The New School.