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Femmes

Les parlements jouent un rôle décisif pour garantir le droit des femmes à la participation dans des conditions d’égalité

23 juin 2023

Une femme souriante se tenant derrière un pupitre s’adresse à un groupe © Petra Debeljak/Getty Images

À travers le monde, les femmes de tous âges, de toutes origines et de toutes idéologies font pression pour participer au processus décisionnel, malgré les difficultés auxquelles elles se heurtent pour assurer leur participation.

« Seulement 26,5 % des parlementaires sont des femmes et 36 pays seulement ont une femme à la tête d’un État ou d’un gouvernement », a déclaré Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. « La haine et la misogynie que nous observons à l’égard des femmes dans la vie publique et politique sont sidérantes, et il est extrêmement important de faire preuve de vigilance, d’identifier les raisons de ce phénomène et d’essayer de le contrer. »

Volker Türk a récemment participé à une table ronde organisée par le HCDH et l’Union interparlementaire (UIP) sur les parlements et les droits des femmes qui s’est tenue à Genève, en Suisse. Cet événement a eu lieu dans le cadre de l’initiative « Droits humains 75 » mise en place à l’occasion du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il a réuni des parlementaires du monde entier pour discuter du rôle de ces derniers dans l’élimination des obstacles rencontrés par les femmes en matière de participation politique et d’accès à un travail décent et à l’éducation.

Cette table ronde a notamment débouché sur l’adoption par les parlementaires d’un document contenant des engagements. Parmi ces engagements significatifs et transformateurs, on peut citer l’adoption de codes de conduite prônant une tolérance zéro et de mécanismes de signalement concernant la violence fondée sur le genre dans les parlements, la garantie de l’accès à un travail décent et à la protection sociale pour toutes les femmes, et la garantie d’un système éducatif mettant fin aux stéréotypes de genre. Les parlementaires du monde entier sont encouragés à prendre part à ces engagements et à les défendre.

CEDAW member Nicole Ameline (left) and IPU Secretary General Martin Chungong (right) flank High Commissioner Volker Türk at the Roundtable at IPU Headquarters. © Pierre Albouy/OHCHR

Nicole Ameline (à gauche), membre du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, et Martin Chungong (à droite), Secrétaire général de l’Union interparlementaire, entourent le Haut-Commissaire Volker Türk lors de la table ronde organisée au siège de l’Union interparlementaire. © Pierre Albouy/HCDH

Cet événement a également été l’occasion de lancer un nouvel outil, l’édition 2023 du Manuel à l’intention des parlementaires concernant la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Ce nouveau manuel, conçu par le HCDH et l’UIP, aide les parlementaires à traduire la Convention en actions parlementaires concrètes à travers la conception de lois, l’allocation de budgets et le contrôle parlementaire des actions du gouvernement. Il encourage également les parlementaires à jouer un rôle de premier plan dans la promotion des droits des femmes.

« Les parlementaires sont des acteurs essentiels pour assurer un changement de paradigme vers la parité des genres dans tous les aspects de la vie », a déclaré Nicole Ameline, experte du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et responsable de la coordination avec l’UIP. « Le Comité et l’UIP ont travaillé en étroite collaboration pour s’assurer que les parlements, en tant qu’institutions, et les parlementaires, à titre individuel, puissent remplir leur rôle de transformation et faire progresser les droits des femmes, tant dans les lois que dans les esprits. »

Les femmes représentent 50 % de la population mondiale et la parité ne peut attendre.

Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme

L’égalité des chances

Cynthia López Castro, President of the IPU Bureau of Women Parliamentarians. © Pierre Albouy/OHCHR

Cynthia López Castro, présidente du Bureau des femmes parlementaires de l’UIP. © Pierre Albouy/HCDH

Dès l’âge de 16 ans, au Mexique, Cynthia López Castro, modératrice de la table ronde et présidente du Bureau des femmes parlementaires de l’UIP, savait qu’elle voulait faire de la politique, même si elle n’avait pas de contacts ni de membres de sa famille dans ce domaine. Elle a décidé de s’impliquer pour soutenir les jeunes et changer les choses dans son école, puis a continué à représenter les jeunes à l’université.

« Je suis très fière que toute ma carrière ait été le fruit d’efforts et de beaucoup de travail », a-t-elle déclaré.
« Pour moi, c’était une véritable passion de servir mon pays, de servir ma communauté, et je savais au plus profond de mon cœur que ma mission était de servir les autres. »

Après ses études, elle s’est fixé pour objectif de se faire élire en allant à la rencontre de ses électeurs et en se familiarisant avec leurs difficultés et leurs besoins. Elle s’est présentée pour la première fois aux élections locales à 21 ans, mais n’a pas été élue. Ce fut pour elle une expérience enrichissante qui l’a rendue encore plus déterminée. Ses efforts ont par la suite été récompensés.  Cynthia López Castro a été élue à l’âge de 28 ans en tant que membre local du Congrès.

« Nous avons besoin de plus de femmes à des postes de haut niveau, afin qu’elles apportent cette vision de l’égalité des genres et sensibilisent l’opinion sur ces questions », a-t-elle déclaré. « Je pense que le grand défi pour une femme est de lever la main, de croire en elle et de dire oui, je veux être là. »

Selon l’UIP, une organisation mondiale constituée de parlementaires nationaux, seulement 26,5 % des parlementaires sont des femmes et seulement 36 pays ont une femme à la tête de leur État ou gouvernement. Dans environ 22 pays, les femmes représentent moins de 10 % des membres du gouvernement.

Pour Mme Lopez Castro, l’un des moyens d’améliorer la situation consiste à imposer des quotas obligatoires assurant la présence de femmes au sein du Parlement. Au Mexique, il est obligatoire d’avoir un nombre égal d’hommes et de femmes parmi les parlementaires.

« Faites confiance aux femmes et donnez-leur une chance de participer en créant ces quotas », a-t-elle déclaré. « Réaliser l’égalité des genres au Parlement, c’est avoir une représentation égale, les mêmes chances et les mêmes droits. »

Elle estime également que les jeunes, en particulier les jeunes femmes, doivent être inclus dans cette représentation. En 2017, à l’âge de 30 ans, elle a participé à la rédaction d’une nouvelle constitution pour la ville de Mexico, étant ainsi l’un des principaux pionniers de l’inclusion d’un quota de jeunes dans la loi électorale de la ville. Sa victoire la plus récente a été la réforme constitutionnelle menée au Mexique en 2023, dans le cadre de laquelle elle a plaidé en faveur de l’abaissement de l’âge auquel les personnes peuvent se présenter aux élections de 21 à 18 ans.

« C’est difficile d’être une jeune femme en politique : nous sommes victimes de discrimination, car nous sommes considérées comme inexpérimentées à cause de notre âge et simplement, car nous sommes des femmes », a-t-elle déclaré. « J’espère que le fait de pouvoir commencer plus tôt à s’exprimer contribuera à lever certains obstacles, en particulier pour les jeunes femmes qui souhaitent s’impliquer. »

Les femmes dirigeantes font face à des obstacles

Selon M. Türk, la discrimination structurelle, les stéréotypes de genre et la violence fondée sur le genre constituent d’importants obstacles pour la participation des femmes.

Par exemple, la violence fondée sur le genre dans les affaires publiques et politiques vise les défenseuses des droits humains et les femmes qui font campagne ou occupent un poste public, car elles sont considérées comme remettant en cause les rôles traditionnels liés à la famille et au genre. Selon ONU-Femmes, 34,38 % des cas de violence fondée sur le genre dans les affaires publiques et politiques visent des militantes, des défenseuses des droits humains et des femmes responsables politiques.

Par ailleurs, selon Hannah Wu, Cheffe de la Section des droits humains des femmes et des questions de genre du HCDH, les femmes du monde entier sont confrontées à des niveaux sans précédent de violence politique ciblée.

« La violence en ligne et la création de fausses nouvelles ou de fausses images sont des formes courantes de cette violence, et des études estiment que 73 % des candidates politiques ont subi des violences en ligne », a-t-elle fait savoir.

Cette violence prend des formes très diverses, notamment la violence sexuelle liée aux conflits contre les femmes et les filles dans les zones de guerre, les attaques contre les femmes en politique et les défenseuses des droits humains, et les réactions négatives contre les progrès des droits des femmes et de l’égalité des genres, a-t-elle indiqué.

« L’objectif de la violence fondée sur le genre dans les affaires publiques et politiques est de décourager les femmes de s’engager dans la vie politique, de préserver les rôles et les stéréotypes traditionnels liés au genre et de maintenir la discrimination structurelle et fondée sur le genre », a-t-elle ajouté.

Mme Lopez Castro espère que ces obstacles ne dissuaderont pas les femmes de participer activement à la prise de décision, à quelque niveau que ce soit.

« Je veux participer et me battre pour cette cause, car les femmes ont été habituées à passer au second plan et cela doit changer », a-t-elle affirmé. « Il est difficile pour les femmes d’avoir une carrière en politique. Mais nous devons continuer. N’abandonnons pas. »