Skip to main content

Mettre un terme aux discours de haine au Kosovo*

06 février 2024

Des discours haineux sur les médias sociaux. © Getty

Les discours de haine sont devenus l’un des moyens les plus répandus pour diffuser une rhétorique de division, en particulier par le biais des technologies numériques, selon la Stratégie des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine.

Dans le cadre de son suivi régulier des cas de discours de haine et d’incitation à la haine sur les médias sociaux au Kosovo, la Mission des Nations Unies au Kosovo (MINUK) s’inquiète depuis un certain temps de l’augmentation des discours haineux.

Que considère-t-on comme un discours de haine ? Selon la Stratégie, un discours de haine ou discours haineux est « tout type de communication, qu’il s’agisse d’expression orale ou écrite ou de comportement, constituant une atteinte ou utilisant un langage péjoratif ou discriminatoire à l’égard d’une personne ou d’un groupe en raison de leur identité, en d’autres termes, de l’appartenance religieuse, de l’origine ethnique, de la nationalité, de la race, de la couleur de peau, de l’ascendance, du genre ou d’autres facteurs constitutifs de l’identité ».

Afin que le Gouvernement du Kosovo soit mieux équipé pour détecter la discrimination et mettre définitivement fin aux discours de haine, la MINUK, le HCDH et le Conseil de l’Europe, en collaboration avec le bureau de la bonne gouvernance, des droits de l’homme, de l’égalité des chances et de la non-discrimination au sein du cabinet du Premier Ministre du Kosovo, ont créé un projet en deux phases permettant de former les fonctionnaires municipaux et les municipalités du Kosovo sur ces questions.

Le projet intitulé « Promotion des droits de l’homme et des principes de non-discrimination au niveau local » a jusqu’à présent permis de former et de renforcer les compétences en matière de collecte de données, de suivi et d’établissement de rapports de 97 responsables de la lutte contre la discrimination issus de 27 municipalités réparties dans les 5 régions du Kosovo, afin d’accroître les rapports destinés aux institutions centrales. Il se concentre sur le renforcement des liens hiérarchiques et des interactions entre les responsables municipaux de la lutte contre la discrimination et les institutions centrales, ce qui a favorisé la mise en place d’une architecture des droits de l’homme plus intégrée au Kosovo.

« Le renforcement du suivi et du signalement de la discrimination est essentiel et contribue à la mise en œuvre effective de la loi existante sur la protection contre la discrimination », a déclaré Jérôme Bouyjou, Représentant du Haut-Commissaire aux droits de l’homme et Chef des droits de l’homme de la MINUK.

En vue de lutter contre la discrimination, ce projet a contribué à la préparation du rapport annuel du Gouvernement du Kosovo sur la protection contre la discrimination en organisant la première session de rédaction. Il a également permis d’inscrire 44 fonctionnaires municipaux et ministériels, ainsi que des représentants de l’école de la magistrature, de l’organisme d’aide juridique gratuite et de la société civile au nouveau cours sur la non-discrimination de la plateforme d’éducation aux droits de l’homme pour les professionnels du droit (plateforme HELP). Huit organisations de la société civile locales ont reçu de petites subventions afin de les aider à organiser des activités de sensibilisation, à rédiger un document de recherche et à soutenir l’éducation aux droits de l’homme.

Je pense que [le projet] sera utile dans notre travail de protection contre la discrimination.

LINDITA KOZMACI PIRAJ, RESPONSABLE DE LA LUTTE CONTRE LA DISCRIMINATION, MUNICIPALITÉ DE DRAGASH/DRAGAŠ, AU KOSOVO

Le cours de la plateforme HELP sur la non-discrimination, qui a été lancé au début du projet, sera à nouveau disponible et celui sur les discours de haine, qui est aligné sur les lois et la jurisprudence locales pertinentes, devrait être quant à lui accessible sur la plateforme au printemps 2024.

M. Bouyjou a déclaré que « l’impact sera illustré dans le prochain rapport annuel du bureau de la bonne gouvernance sur la protection contre la discrimination, qui utilisera les 42 indicateurs de discrimination élaborés dans le cadre de cette initiative ».

Au cours de la formation, les participants ont pu partager leurs expériences sur les problèmes et les obstacles liés à la discrimination, et ont trouvé que la formation avait un impact durable.

« En tant que responsables des droits de l’homme à l’échelle locale, nous faisons tout notre possible pour protéger les droits de l’homme à notre niveau », a déclaré Nazmije Demolli Kastrati, responsable de la lutte contre la discrimination pour la municipalité de Kamenicë/Kamenica.

« Ce projet permet au Kosovo de disposer d’un mécanisme efficace pour résoudre les problèmes de discrimination. »

Habit Hajredini, directeur du bureau de la bonne gouvernance, des droits de l’homme, de l’égalité des chances et de la non-discrimination au sein du cabinet du Premier Ministre, a dirigé certaines des formations.

« Ce [projet] est très important pour nous et arrive au bon moment pour enrichir le cadre des droits de l’homme », a-t-il déclaré. « En favorisant une plus grande interaction avec le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, nous pourrons améliorer la qualité et la structure du traitement des questions relatives aux droits de l’homme. »

*Toute mention du Kosovo doit être interprétée dans le contexte de la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations Unies (1999).