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Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Deux ans après le coup d’État, le Myanmar fait face à une régression inimaginable, selon le Haut-Commissaire

27 janvier 2023

Des manifestants tiennent des affiches et des fusées éclairantes lors d’une manifestation contre le coup d’État militaire dans le centre-ville de Yangon, au Myanmar, le 3 juillet 2021. © EPA-EFE

GENÈVE (le 27 janvier 2023) – Deux ans après le coup d’État des militaires contre le Gouvernement élu démocratiquement, le pays s’est enfoncé plus profondément que jamais dans la crise et a subi une régression totale des droits de l’homme, a déclaré aujourd’hui le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Volker Türk.

« Selon presque toutes les mesures possibles, et dans tous les domaines des droits de l’homme – économiques, sociaux et culturels, mais aussi civils et politiques – le Myanmar a profondément régressé », a-t-il déclaré en évoquant la spirale de la crise depuis la tentative de coup d’État du 1er février 2021

« Malgré les obligations légales claires qu’ont les militaires de protéger les civils dans la conduite des hostilités, il y a eu un mépris constant pour les dispositions pertinentes du droit international. Loin d’être épargnés, les civils ont été les véritables cibles des attaques – victimes de barrages d’artillerie et de frappes aériennes ciblés et aveugles, d’exécutions extrajudiciaires, du recours à la torture et de l’incendie de villages entiers. »

« En cette période sombre, je tiens à reconnaître le courage de tous ceux qui ont perdu la vie dans la lutte pour la liberté et la dignité au Myanmar, ainsi que la peine et la souffrance que leurs familles et leurs proches continuent d’endurer. »

Selon des sources fiables, au moins 2 890 personnes sont mortes aux mains de l’armée et d’autres personnes travaillant avec elle, dont au moins 767 avaient été initialement placées en détention. Ces chiffres sont très certainement une sous-estimation du nombre de civils tués à la suite d’une action militaire. En outre, 1,2 million de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays et plus de 70 000 ont quitté le Myanmar, rejoignant ainsi plus d’un million d’autres personnes, dont la majeure partie de la population musulmane rohingya, qui a fui les persécutions et les attaques dont elle a été victime au cours des dernières décennies.

Par ailleurs, des informations crédibles indiquent que plus de 34 000 structures civiles, dont des maisons, des cliniques, des écoles et des lieux de culte, ont été brûlées au cours des deux dernières années. L’économie du Myanmar s’est effondrée et près de la moitié de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté.

Depuis le coup d’État, les militaires ont emprisonné les dirigeants démocratiquement élus du pays et, dans les mois qui ont suivi, ont détenu plus de 16 000 autres personnes. La plupart des détenus font l’objet de graves accusations devant des tribunaux contrôlés par les militaires, ce qui constitue une violation flagrante des droits à une procédure régulière et à un procès équitable, liée à leur refus d’accepter les actions des militaires.

« Il doit y avoir un moyen de sortir de cette situation catastrophique, dans laquelle les souffrances humaines et les violations des droits ne font qu’augmenter chaque jour », a déclaré M. Türk. « Les dirigeants régionaux, qui ont entamé un dialogue avec les dirigeants militaires par le biais de l’ASEAN, ont convenu d’un consensus en cinq points que les généraux du Myanmar ont traité avec dédain. »

« Deux des conditions essentielles qui avaient été convenues, à savoir cesser toute violence et permettre l’accès à l’aide humanitaire, n’ont pas été remplies. En réalité, l’inverse s’est produit. La violence est devenue incontrôlable et l’accès à l’aide humanitaire a été extrêmement restreint. »

Le Haut-Commissaire a souligné d’autres mesures pouvant être cruciales pour établir une base politique capable de résoudre la crise : la libération de tous les prisonniers politiques, y compris la conseillère d’État Aung San Suu Kyi et le Président U Win Myint, comme l’a demandé le Conseil de sécurité des Nations Unies ; un dialogue inclusif avec toutes les parties, impliquant à la fois le président de l’ASEAN et l’Envoyé spécial des Nations Unies ; et l’autorisation pour le HCDH d’avoir véritablement accès au pays afin de surveiller la situation de manière indépendante et impartiale.

« Le rétablissement du respect des droits de l’homme est essentiel pour mettre fin à cette crise, à cette situation où les généraux du Myanmar tentent de maintenir par la force brute un système vieux de plusieurs décennies dans lequel ils n’ont de comptes à rendre qu’à eux-mêmes », a affirmé M. Türk.

« Les auteurs des attaques quotidiennes contre les civils et des violations des droits de l’homme doivent répondre de leurs actes. L’armée doit être placée sous un contrôle civil réel et efficace. Cela sera difficile à réaliser, mais ces éléments sont essentiels pour restaurer un semblant de régime démocratique, de sécurité et de stabilité dans le pays. »

Au cours de la première année de son indépendance, le Myanmar a fait partie des premiers États Membres des Nations Unies à voter en faveur de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Malheureusement, alors que nous marquons le 75e anniversaire de l’adoption de la Déclaration, les militaires s’emploient activement à violer les valeurs, principes et droits fondamentaux qui y sont inscrits », a déclaré le Haut-Commissaire.

« Comment une armée qui prétend défendre le pays a-t-elle pu amener son propre peuple, issu de toutes les composantes de la société riche et diverse du Myanmar, à un tel désespoir ? »

« Le mois dernier, le Conseil de sécurité s’est uni pour adopter une résolution novatrice exigeant, entre autres mesures urgentes, la fin immédiate de la violence. Il est maintenant temps que le monde s’unisse pour prendre des mesures communes afin de mettre fin aux massacres, de protéger la population du Myanmar et de garantir le respect de ses droits humains universels. »

FIN

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