Déclarations Haut-Commissariat aux droits de l’homme
Journée internationale des peuples autochtones Message de Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme
07 août 2020
9 août 2020
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La COVID-19 menace de manière critique les peuples autochtones, à un moment où beaucoup luttent également contre les dommages environnementaux causés par l'homme et diverses formes d'exploitation économique.
Dans la quasi-totalité des 90 pays où ils vivent dans des lieux souvent géographiquement isolés, de nombreux peuples autochtones ne bénéficient pas d'accès adéquat aux soins de santé, à l'eau potable et à l'assainissement. Leur mode de vie communautaire peut augmenter la probabilité d'une contagion rapide, bien que partout dans le monde nous ayons vu des exemples inspirants de communautés autochtones prenant des mesures basées sur leur solide organisation interne pour limiter la propagation du virus et réduire ses impacts. Ceux qui vivent en milieu urbain subissent souvent une pauvreté multidimensionnelle, et ces injustices sont aggravées par des formes sévères de discrimination - y compris dans le contexte des soins de santé.
Dans les Amériques, plus de 70 000 autochtones ont été infectés par la COVID-19 à ce jour, dont près de 23 000 membres de 190 peuples du bassin amazonien. Plus de 1 000 décès ont été enregistrés, dont plusieurs anciens ayant une connaissance approfondie des traditions ancestrales. Parmi eux, la mort tragique au Brésil cette semaine du chef Aritana, du peuple Yawalapiti.
Dans cette vaste région couvrant le Brésil, la Bolivie, le Pérou, l'Équateur, la Colombie, le Venezuela, la Guyane, le Suriname et la Guyane française, au moins 420 peuples autochtones vivent sur des terres de plus en plus abîmées et polluées par l'exploitation minière illégale, l'exploitation forestière et l'agriculture sur brûlis. Malgré les réglementations limitant les déplacements et les activités économiques, nombre de ces activités économiques illégales se sont poursuivies ces derniers mois, parallèlement aux activités des groupes armés et aux mouvements des missionnaires religieux qui exposent également les communautés à un risque élevé d'infection.
Les peuples autochtones qui vivent volontairement isolés des sociétés modernes - ou qui en sont aux premiers stades de contact - peuvent avoir une immunité particulièrement faible envers les infections virales, créant des risques particulièrement élevés. Les communautés et les peuples qui ont été chassés de leurs terres sont également très vulnérables, en particulier ceux qui vivent dans des territoires transfrontaliers.
En juin, mon Bureau a publié une note d'orientation sur les droits humains des peuples autochtones dans le contexte de la COVID-19. Elle met en évidence les pratiques prometteuses adoptées par plusieurs pays - dont beaucoup en étroite consultation avec les peuples autochtones - et souligne des recommandations pratiques qui auraient un impact à la fois immédiat et à plus long terme sur la santé.
Dans l'ensemble, la pandémie souligne l'importance de veiller à ce que les peuples autochtones puissent exercer leurs droits à l'autogestion et à l'autodétermination. Ils doivent également être consultés et devraient pouvoir participer à l'élaboration et à la mise en œuvre des politiques publiques les concernant, par l'intermédiaire de leurs entités représentatives et autorités traditionnelles.
Il s'agit de sauver des vies et de protéger un trésor de cultures, de langues et de connaissances traditionnelles qui nous relient aux racines profondes de l'humanité.
En cette Journée internationale des peuples autochtones, mon Bureau s'engage à travailler avec les peuples autochtones, ainsi qu'avec l'OMS, les équipes des Nations Unies, les mécanismes relatifs aux droits de l'homme et les États, pour contribuer à une meilleure protection de leurs droits fondamentaux.