Déclarations Multiple Mechanisms FR
Exposé de la Haute-Commissaire sur le rôle des États dans la lutte contre les pandémies
13 juin 2022
Exposé oral concernant le rapport de la Haute-Commissaire sur le rôle central de l’État dans la lutte contre les pandémies et autres urgences sanitaires et les conséquences socioéconomiques qui en résultent pour la promotion du développement durable et la réalisation de tous les droits de l’homme
Dialogue interactif
Monsieur le Président,
Excellences,
En cette troisième année de pandémie de COVID-19, les disparités entre les pays en matière de reprise économique, associées à d’autres problèmes tels que les changements climatiques, les inégalités croissantes et les conflits qui font rage, continuent d’avoir des effets dévastateurs.
Le besoin de solidarité internationale pour assurer une distribution équitable des vaccins demeure urgent. Alors que plus de 11,8 milliards de vaccins de COVID-19 ont été administrés dans le monde, un peu moins de 18 % des personnes dans les pays à faible revenu ont reçu au moins une dose.
Plusieurs pays connaissent actuellement ou sortent tout juste d’une vague d’infections à la COVID-19 et les restrictions imposées sur les droits civils et politiques subsistent dans de nombreux autres.
De nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire sont toujours en proie à un grave surendettement, incapables de privilégier la protection des droits et les services publics en raison de l’escalade de la dette et de son remboursement.
Selon l’Organisation internationale du Travail, seulement 46,9 % de la population mondiale est effectivement couverte par au moins une prestation de protection sociale et les 53,1 % restants, soit 4,1 milliards de personnes, ne sont absolument pas protégés. Seulement 26,4 % des enfants dans le monde bénéficient de prestations de protection sociale, la grande majorité d’entre eux n’ayant pas de couverture effective.
Excellences,
Le rapport que je vous ai présenté à la 47e session, conformément à la résolution 44/2 du Conseil des droits de l’homme, répondait à une demande d’évaluation des besoins, en particulier des pays en développement, afin d’aider ces pays à promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales dans le cadre de la lutte contre les pandémies et autres urgences sanitaires et les conséquences socioéconomiques qui en résultent, et à promouvoir le développement durable et la réalisation de tous les droits de l’homme.
Parmi les principales recommandations du rapport figurent une meilleure utilisation des ressources disponibles pour réaliser les droits économiques, sociaux et culturels, le respect de l’état de droit et des droits civils et politiques, le renforcement des systèmes de santé, l’accès aux vaccins sans discrimination, la protection des personnes marginalisées et la garantie d’une couverture sanitaire et d’une protection sociale universelles.
Dans le monde entier, je salue les évolutions positives que nous commençons à observer dans certains de ces domaines. Par exemple, le Malawi, le Pérou, les Philippines, la Thaïlande et les États-Unis ont élargi leurs programmes d’aide sociale en créant des programmes de transfert en espèces ciblant les personnes qui sont généralement exclues, comme les travailleurs du secteur informel et les travailleurs contractuels ou indépendants, y compris ceux qui relèvent de l’économie à la tâche.
Certains pays ont également modifié les règles d’éligibilité aux programmes de protection sociale en vue d’étendre leur couverture. Le Brésil a élargi les critères d’éligibilité concernant les seuils de revenu minimum, afin d’inclure le nombre d’enfants et l’état de santé des membres de la famille. Pour sa part, le Lesotho a augmenté le montant versé dans le cadre de son programme d’allocations familiales, qui se caractérise par le transfert inconditionnel d’espèces aux ménages en situation vulnérable.
D’autres pays, comme l’Argentine et la Bolivie, se sont orientés vers des systèmes d’imposition plus progressifs, élargissant ainsi la marge de manœuvre budgétaire disponible pour lutter contre la pandémie.
La négociation en cours d’un instrument de l’OMS sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies fait également partie des recommandations. Les leçons de la pandémie étant encore présentes à l’esprit, j’encourage l’organe international de négociation et l’Assemblée mondiale de la Santé à veiller à ce que les titulaires de droits contribuent de manière significative à ce processus, ainsi que la société civile, les organisations locales et les autres défenseurs et défenseuses des droits humains.
Le HCDH a également renforcé sa coopération avec les États Membres, les coordonnateurs résidents et les équipes de pays des Nations Unies, les institutions nationales des droits de l’homme et la société civile afin de fournir des conseils sur les réponses socioéconomiques fondées sur les droits de l’homme. Nous avons apporté des analyses et des conseils en matière de droits de l’homme aux analyses communes de pays et aux cadres de coopération des Nations Unies, et contribué aux processus de développement nationaux.
Le HCDH a également plaidé en faveur de mesures efficaces conformes aux normes internationales en matière de droits de l’homme afin de faire progresser les objectifs de développement durable, de réduire les inégalités et d’assurer un accès non discriminatoire aux services de santé publique.
En outre, par le biais de l’initiative Surge, le HCDH a analysé les politiques et mesures économiques internationales et nationales, y compris l’impact des sanctions et du surendettement, les plans de relance et les interventions sectorielles. Du Chili à la Guinée-Bissau, en passant par le Soudan, la Tanzanie et le Timor-Leste, nous avons travaillé à l’élaboration de méthodologies et d’ensembles de données désagrégées afin d’évaluer l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les personnes qui sont laissées de côté.
Les présences du HCDH sur le terrain à travers le monde ont également aidé les États Membres, la société civile et les institutions nationales des droits de l’homme à mettre en œuvre les orientations spécifiques au pays fournies par les mécanismes des droits de l’homme, concernant un certain nombre de questions reflétées dans les recommandations du rapport.
Nous continuons également à surveiller, à signaler et à traiter les problèmes liés aux droits de l’homme qui sont apparus pendant la pandémie, notamment les états d’urgence, les restrictions à la liberté publique, les nouvelles formes de surveillance et de collecte de données, les droits des femmes et les incidents de racisme, de discrimination et de xénophobie, en accordant une attention particulière aux personnes en situation de vulnérabilité.
Monsieur le Président,
Un relèvement complet et équitable face à la pandémie de COVID-19 est encore loin d’être une réalité pour la majorité des personnes dans le monde.
Alors que nous émergeons des conséquences dévastatrices d’une situation d’urgence mondiale, l’une des leçons les plus cruciales que nous avons tirées est que nous devons placer la population au cœur de nos efforts. Engageons-nous tous à le faire.
Merci.