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Un bouclier pour ceux pris entre deux feux

Collectif contre l'Impunité et la Stigmatisation des Communautés – CISC (Burkina Faso)

Le premier signe du retour de la violence au Sahel date de 2015 quand les actes de violence d’organisations djihadistes, particulièrement l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), ont augmenté au Burkina Faso. Pour répondre à cela, des groupes d’auto-défense nommés « Koglweogo » se sont formés dans plusieurs communautés rurales.

Par la suite, lors d’affrontements pour contrôler le territoire, ces groupes ont également commis des homicides illégaux et des actes de torture au nom du maintien de l’ordre. En 2016, le Comité contre la Torture des Nations Unies a exprimé son inquiétude au sujet des atteintes aux droits humains commises par ces groupes de défense.

Durant toute cette période, même lors du coup d'État de 2022 qui a révoqué le Président Roch Marc Kaboré et dissout le Parlement, Daouda Diallo a documenté et alerté publiquement sur les atrocités commises tant par les rebelles que par l’armée.

Diallo est un pharmacien et défenseur des droits de la personne qui a fondé le Collectif contre l'Impunité et la Stigmatisation des Communautés (CISC) pour documenter les violations subies par ses concitoyens. Créé en Janvier 2019, quand les groupes Koglweogo ont attaqué plusieurs villages et massacré principalement des hommes peuls, le CISC réunit aujourd’hui une trentaine d’organisations humanitaires et de la société civile.

« Le Burkina est un état failli car le pays est attaqué, menacé et impuissant face aux attaques par des groupes terroristes armés et le banditisme grandissant » a décrit Diallo au journal indépendant PassBlue. « Le Burkina Faso est (également) un pays où la justice privée est de plus en plus importante car les citoyens burkinabés ne se tournent plus vers les tribunaux pour résoudre leurs problèmes mais préfèrent s’en charger eux-mêmes. »

Protéger tous les citoyens sur tout le territoire

Organisé au niveau national, le CISC a des représentants dans toutes les régions du Burkina Faso, ainsi que des points focaux dans les provinces et différentes communes pour repérer les cas de torture et de violations des droits humains au moment où ils se produisent. Ces observateurs utilisent ensuite des moyens de communication comme WhatsApp et Signal pour envoyer les informations au CISC afin qu’il puisse mobiliser des ressources pour agir.

Lorsqu’ils reçoivent une alerte envoyée par l’un des points focaux, le CISC se mobilise pour retrouver les victimes de disparitions forcées, transmettre des informations aux familles des victimes, contacter les gouverneurs et procureurs afin d’engager des actions en justice. Grâce au soutien du Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les victimes de la torture, les services du CISC sont gratuits et accessibles pour toutes les victimes et leurs familles.

Récemment, les services offerts par le CISC – écouter, documenter, et trouver des ressources pour les victimes – ont été sollicités afin de traduire en justice les milices ayant enlevé et détenu des personnes « suspectés d’actes de terrorisme ». Le 11 Mai 2020, 12 des 25 personnes qui avaient été arrêtées et torturées par la gendarmerie sont décédées en prison.

Mais Diallo espère que la situation va changer et lui permettre de vivre une vie normale, sans se cacher des menaces de mort mais en vivant sereinement avec ses pairs et sa famille. « Je dirais simplement (à notre nouveau président) que les burkinabés attendent beaucoup de lui et qu’il n’a pas droit à l’erreur » dit Diallo. « Le président du MPSR doit agir rapidement pour faire comprendre à chaque citoyen que le rejet de l’autre n’a pas sa place dans une nation. Il doit aussi agir rapidement pour protéger les droits humains car l’arbre de la paix est arrosé par la justice. »

Du fait de son combat pour défendre les droits de l’Homme, Diallo a remporté le prix Martin Ennals 2022, l’équivalent d’un prix Nobel pour les droits humains. Suite à cette reconnaissance internationale, il a été reçu et décoré par les nouvelles autorités de son pays. Il considère avec humilité que cette reconnaissance le pousse simplement à poursuivre avec toujours plus d’engagement et de détermination sa lutte pour les droits humains.

Le Collectif contre l'Impunité et la Stigmatisation des Communautés (CISC) a reçu sa première subvention du Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les victimes de la torture en 2022.


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